France : la voiture électrique perd une bataille
Lun 03/07/2017 — La recharge en cause ?
C'est une bonne année ! L'économie mondiale a le vent en poupe, et la France en profite. Il s'est vendu en France au premier semestre 1 135 281 voitures particulières. C'est 3 % de plus que l'année dernière, où il ne s'était vendu que 1 102 419 voitures sur la même période. Mais si on regarde la répartition par énergie, il y a une mauvaise surprise avec les voitures électriques. Côté diesel, on trouve 544 001 immatriculations dans les 6 premiers mois de 2017, contre 582 178 en 2016. C'est 9,3 % de baisse, et c'est substantiel, mais avec le discours ambiant qui lui est terriblement défavorable, on peut écrire que le diesel se maintient bien. Il se vend encore quelques 4000 voitures diesel par jour ouvré en France. C'est énorme, surtout que la voiture diesel moyenne est plus grosse, et plus chère que l'essence moyenne...Les essences justement, ont représenté 537 782 immatriculations au premier semestre 2017, contre 477 974 au premier semestre 2016. Soit 12,5 % de hausse ! La voiture diesel reste donc la préférée des français, même si de peu, et tout le monde s'accorde pour prédire que l'essence la dépassera bientôt. C'est d'ailleurs déjà arrivé certains mois. La très mauvaise surprise maintenant, est qu'il ne s'est vendu en France au premier semestre que 13 553 voitures électriques. C'est mieux que l'année dernière, où il s'était vendu 12 338 voitures, mais cela ne représente que 9,8 % de hausse. La hausse des ventes de voitures électriques est donc moindre que celle des voitures essence. Et cela signifie clairement qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans le petit monde de l'électromobilité. Si la voiture électrique doit remplacer l'essence un jour, ces chiffres montrent qu'elle n'en prend pas le chemin.
On se souviendra d'une vieille publicité pour les lessives. A la sortie du supermarché, on pose la question : « Voulez-vous remplacer votre vieux diesel qui pollue par une jolie voiture électrique qui ne pollue pas ? », le français moyen répond par la négative. On a oublié ce petit détail que le vieux diesel, il fait 1000 km d'une traite, et se ravitaille en 3 minutes, quand la voiture électrique ne sait faire que 200/300 km, et a besoin d'une nuit pour se recharger. Les automobilistes qui abandonnent le diesel se reportent vers l'essence, et s'il y en a qui se sont orientés vers l'électrique, leur nombre est si faible, qu'ils n'apparaissent pas dans les chiffres. La prime pour l'achat d'une électrique conditionnée à la destruction d'une vieille voiture diesel n'aura pas eu l'effet escompté.
Les constructeurs peuvent peut-être faire plus pour les jours où l'autonomie d'une électrique est insuffisante. Renault pourrait ainsi vendre sa Zoé avec la location d'un Espace pendant 5 semaines, avec 5000 km offerts. Mais c'est probablement au niveau de la recharge qu'il faut agir. La recharge publique lente est insupportable. Les bornes qui exigent un abonnement, une carte spécifique, une application sur son smartphone, ou n'importe quoi d'autre que les stations service ne demandent pas, sont des escroqueries... Et les automobilistes, qui ne sont pas idiots, ne s'y laissent pas prendre. Ils préfèrent rouler à l'essence... On notera pourtant que l'écologie concerne de plus en plus d'automobilistes, puisque les hybrides rechargeables sont en hausse de 28,1 % (4900 immatriculations contre 3825 l'année dernière), et que l'ensemble des hybrides (rechargeables ou pas), est lui en hausse très importante, de 34,5 % (39 360 contre 29 267).
Laurent J. Masson
Illustration, la Renault Clio. Toujours la voiture la plus vendue en France.
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