Profiter de tout MoteurNature

Twitter


MoteurNature
Toute l'actualité de la voiture verte depuis 2002.

22 années d'expériences pour vous informer.

L'auto en 2030 : Bruxelles veut une réduction de 30 % des émissions de CO2

Jeu 09/11/2017   —   Bien mais brouillon ?
Volkswagen Eco UpLes constructeurs auto doivent respecter des normes d'émission de CO2 en Europe. La moyenne à respecter en 2021 sera de 95 g/km de CO2. Parce que les cycles sont longs dans l'industrie auto, on débat aujourd'hui de l'objectif à atteindre pour l'année 2030. Les constructeurs avaient pris les devants. Au salon de Francfort, l'association européenne des constructeurs d'automobiles (ACEA), avait proposé une réduction de 20 %. C'était hier au tour de la commission européenne d'entrer dans la négociation, elle suggère une réduction de 30 %. Considérant le rôle essentiel de l'industrie auto pour la richesse et l'emploi en Europe, on imagine déjà que les deux parties tomberaient d'accord à 25 %. Mais le diable est dans les détails, et sur au moins deux points, Bruxelles doit préciser son projet, pour écarter tout risque de dévoiement.

Le besoin d'un chiffre précis

Le premier concerne la méthodologie de mesure des émissions de CO2. L'objectif des 95 g/km de CO2 pour 2021 avait été établi avec la norme NEDC qui n'est plus en vigueur. Elle a été remplacée par la norme WLTP au 1er septembre. Les nouveaux modèles sont donc homologués à la norme WLTP, mais les constructeurs devront toujours utiliser l'ancienne norme pour prouver leur respect de l'objectif à atteindre en 2021. La différence est substantielle. La même voiture qui voit sa consommation mesurée en NEDC, puis en WLTP, consomme officiellement 10/15 % de plus avec la nouvelle norme. Personne alors ne sait quelle sera la moyenne des émissions en 2021, selon la norme WLTP. Mais on la mesurera alors, et l'objectif d'une baisse de 30 % sera établi à partir de cette valeur encore inconnue. C'est dire qu'on ignorera l'objectif de rejet moyen de CO2 pour 2030, par exemple 75 g/km, jusqu'en 2022. La commission serait beaucoup plus claire si elle fixait dès aujourd'hui un objectif chiffré pour 2030, selon la norme WLTP.

Ces hybrides surévaluées

Un second point litigieux est autour des hybrides rechargeables, dont les valeurs de consommation et d'émissions sont terriblement surévalués. Et ils le sont toujours en WLTP. Beaucoup disent que les hybrides rechargeables sont formidables. On fait 30/40 km en mode électrique, parfait pour les jours de semaine en rechargeant toutes les nuits, tout en disposant d'un moteur essence pour pouvoir aller loin en week-end. Mais il ne faut pas oublier que certains n'ont acheté une hybride rechargeable que pour ne pas payer la TVS, et qu'ils ne branchent jamais leur auto pour la recharger. Ils font le plein une semaine sur deux, c'est plus facile. Bruxelles doit absolument remettre en question la méthodologie qui accorde tant de crédit à l'hybride rechargeable. Par exemple en modulant l'autonomie en électrique face à l'autonomie en essence...

Un objectif ambitieux

Enfin, quelques calculs pour ceux qui trouveraient que l'objectif manque d'ambition. L'illustration de cette page est une Volkswagen Eco Up. Une petite voiture, légère, efficiente, et très peu polluante puisqu'elle s'alimente au gaz naturel. C'est la voiture conventionelle la plus écologique du marché. Seules les hybrides et électriques font mieux. Ses émissions de CO2 sont de 82 g/km, selon la norme NEDC. Imaginons que selon la norme WLTP, ses émissions soient de 92 g/km (+12,5 %). Si on applique la même correction à l'objectif des 95 g/km en 2021, on obtient 107 g/km, et si on opère une réduction de 30 % comme le propose la commission, on arrive à 75 g/km, WLTP, comme moyenne d'émission pour 2030.

La commission européenne propose donc qu'en 2030, la voiture moyenne rejette 19 % de CO2 de moins, que la voiture conventionnelle de 2017 qui en rejette le moins. C'est ambitieux ! Il faudra vendre beaucoup de voitures électriques (zéro émission) pour y arriver, et la commission propose d'ailleurs un mécanisme incitatif, avec un droit à vendre plus d'essences qui rejettent beaucoup de CO2, pour les constructeurs qui feraient plus de 15 % de leurs ventes avec des modèles électriques. Reste que rien de ceci n'est encore définitif. Le projet de loi de la commission doit être approuvé par les états membres, puis par le parlement européen. Il y en a au moins pour encore une année de discussions.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_Europe ; ecologie