Voitures autonomes : la France va t-elle saisir sa chance ?
Ven 06/04/2018 — Après la nullité de l'Arizona.
La France va se doter d'ici l'année prochaine d'un cadre législatif, qui devrait autoriser la circulation des véhicules autonomes, sur une large part du territoire. Le détail de ce plan sera dévoilé sous une dizaine de jours. On sait déjà qu'il sera nettement plus permissif que les exceptions actuelles, limitées à des tronçons bien définis, et très limités du réseau routier. Tout cela reste néanmoins critiquable, puisque cela appartiendra encore au domaine de l'exception. On a vu les dégâts en Arizona. Fin 2016, le gouverneur de l'Arizona, Doug Ducey, invitait avec enthousiasme Uber à faire de l'Arizona, l'état champion de la conduite autonome. Après un accident mortel il y a 2 semaines, le gouverneur a suspendu l'autorisation d'Uber. On imagine que si la même politique était appliquée en France, qu'une voiture du groupe PSA Peugeot-Citroën renverse et tue un piéton, et hop, PSA perdrait le droit de faire rouler des véhicules autonomes dans l'hexagone. Ce n'est pas la bonne méthode...L'erreur est simple à voir. Face à la complexité de l'homologation d'une voiture, il est stupéfiant que l'agrément exceptionnel qui autorise la circulation sur la voie publique d'une voiture autonome soit délivré de gré à gré. Sans aucun test technique. En Californie ou ailleurs, il y a des formulaires à remplir, mais aucune autre formalité. Quand on pense aux normes sur les systèmes de freinage, sur les klaxons (!), à la résistance passive pour laquelle on réalise des crash-tests, on ne peut que penser que si la technologie de la conduite autonome doit avoir un avenir, il va falloir inventer un test qui établira sa sûreté.
Il y a là une opportunité pour la France : concevoir une méthodologie de test qui reçoive l'approbation de tous les autres pays du monde. Quand un jeune passe son permis de conduire, il y a un test normalisé avec un inspecteur à la fin de l'enseignement. Qu'attend t-on pour faire passer un test de même rigueur aux voitures autonomes ? Le plan français ne viserait que la création d'un cadre juridique exceptionnel pour les voitures autonomes, il faudrait plutôt chercher à les faire rentrer dans le droit commun.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; conduite-autonome