Tesla pourra t-il sauver les constructeurs allemands ?
Ven 01/06/2018 — L'électrique en première ligne.
Le danger est bien réel. Les Etats-Unis étaient traditionnellement des amis de l'Europe, mais Donald Trump a validé hier une forte hausse des droits de douane sur l'acier et l'aluminium européen. Il menace de faire de même avec les voitures. Car les faits sont là. Les européens vendent plus de voitures aux Etats-Unis, que les américains n'en vendent en Europe. Mais à qui la faute ? GM a totalement abandonné l'Europe. Il s'est débarassé de Daewoo, puis d'Opel, après y avoir arrêté la distribution de Chevrolet. Le minivan Chrysler a longtemps été disponible en Europe, mais il ne l'est plus, et Dodge aussi a fait long feu. Cadillac est théoriquement disponible en Europe, mais il n'y a qu'un seul concessionnaire pour toute la France... Il reste Jeep. Il reste la Ford Mustang. Il y aurait aussi depuis peu le Ford Edge, mais manque de chance, il est fabriqué au Canada, alors il ne compte pas. La voiture fabriquée aux Etats-Unis la plus vendue en Europe est alors selon nous (il nous manque quelques chiffres pour être certains) le Mercedes GLE (anciennement la classe M). Il y a aussi la BMW Z4, mais aucun modèle dont on puisse dire qu'il est de grande diffusion, quand Audi, BMW et Mercedes vendent chaque année des centaines de milliers de voitures aux Etats-Unis (c'est leur second marché d'exportation après la Chine). En fait, la seule voiture américaine qui pourrait bien se vendre en Europe, est... La Tesla Model 3.La Tesla pas trop chère, sauf qu'elle ne sera pas disponible en Europe avant 2019, alors que la menace du président Trump d'augmenter les taxes sur les voitures européennes, pourrait prendre effet d'ici quelques semaines... Les conséquences seraient dramatiques, et tout particulièrement pour la voiture électrique. Les constructeurs allemands en effet, comme Jaguar avec l'I-Pace, ont établi des plans d'affaires pour leurs futures modèles électriques (l'Audi e-tron, la Porsche Mission E, la Volkswagen I.D.), en comptabilisant un nombre important de ventes aux Etats-Unis, notamment en Californie.
Si Trump ajoute 25 % de taxe aux voitures importées d'Europe, c'est toute la rentabilité des programmes des futures voitures électriques européennes qui est remise en question. Ceci est grave ! L'administration américaine pourra répondre qu'ils n'ont qu'à produire aux Etats-Unis, mais ce sont des processus industriels qui exigent plusieurs années de préparation. Alors, dans la future négociation tendue qui s'annonce, il faut espérer que les protagonistes auront la sagesse d'écarter les voitures électriques du débat. Surtout qu'à ce jour avec Tesla, ce sont les américains qui vendent bien en Europe. Et aucun doute qu'il y aurait de ce côté-ci de l'Atlantique des clients pour la Chevrolet Bolt, puisque l'Opel Ampera-E a été grillée, alors que les constructeurs européens ne vendent encore que quelques poignées d'électriques aux Etats-Unis.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Tesla ; commerce-distribution ; voiture-electrique