Hydrogène : la France se lance officiellement
Sam 02/06/2018 — Un vrai départ.
N'en déplaise à Elon Musk, son plus virulent critique, l'hydrogène est un fabuleux vecteur d'énergie. Quelques universitaires le savent bien, et si quelques industriels le savent aussi, ils attendaient un engagement de l'état avant d'investir dans de nouveaux projets. C'est cet engagement tant attendu, qui a été donné le 1er juin par Nicolas Hulot. Très réaliste, il se base sur l'existant.Ce qui existe déjà en effet, est que des industriels, comme des PME, ont un besoin quotidien d'hydrogène pour leurs activités. La plupart utilise aujourd'hui de l'hydrogène produit par vapo-réformage du gaz naturel, ce qui n'est pas très vert, mais le coût des moyens de production écologiques a fortement baissé. La première partie du plan de déploiement de l'hydrogène consistera alors à accompagner, et développer la production d'hydrogène de manière renouvelable. Le document du gouvernement précise qu'il est déjà possible de fabriquer de l'hydrogène par électrolyse pour seulement 4 € le kg. Ce tarif pourrait même baisser à 2/3 € le kg d'ici 10 ans, et on ne peut alors douter que l'hydrogène aura un rôle majeur. Et pour être sûr qu'il soit vert, le gouvernement mettra en place un système de traçabilité, pour bien distinguer l'hydrogène produit de manière renouvelable, de celui qui ne l'est pas.
On oppose presque toujours l'hydrogène aux batteries, parce que les deux permettent (indirectement pour le gaz) de stocker de l'électricité, mais si les batteries sont avantageuses pour les petites quantités, l'hydrogène prend vite l'avantage dès lors que les quantités augmentent. Si on prend la batterie de 100 kWh de la plus puissante des Tesla, une pile à combustible avec un réservoir d'hydrogène ne coûte pas plus cher. Avec l'atout de pouvoir ravitailler en quelques minutes... Et l'hydrogène est encore plus avantageux quand les quantités sont encore plus importantes, par exemple pour des poids lourds, ou des autobus. Le plan national prévoit donc d'aider au développement d'une gamme de véhicules utilitaires, légers et lourds, pour la route ou le rail, voire les bateaux. Au sujet du rail, on pense évidemment aux petites lignes qui ne sont pas électrifiées, et qui utilisent des motrices diesel.
Le plan du gouvernement inclut d'aider au développement de l'usage de l'hydrogène pour stocker les énergies renouvelables par nature intermittentes, solaire et éolien, mais si tout cela est positif, et va clairement dans le bon sens, il est difficile de ne pas montrer une certaine déception devant la modestie des moyens engagés. Le budget total n'est en effet que de 100 millions d'euros. C'est peu pour des technologies d'avenir aussi prometteuses, mais Nicolas Hulot a heureusement laissé entendre qu'il ne s'agissait que d'un début. On attend aussi dans le courant de l'été, la rédaction d'une cadre règlementaire pour développer les stations service qui distribueront de l'hydrogène. Il y a donc encore à faire, mais c'est parti !
Laurent J. Masson
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