PSA quitte l'Iran et se plie à la volonté de Trump
Mar 05/06/2018 — Les chinois fêtent cela au Champagne.
La France s'est engagée dans l'Union Européenne, elle doit donc respecter les lois européennes. Mais parce que les citoyens français n'ont pas voté pour Donald Trump, on comprend mal pourquoi une société française devrait se soucier de la loi américaine. On sait que le président américain a annoncé il y a peu qu'il revenait sur la parole de son pays, qu'il se retirait de l'accord international avec l'Iran, et mettait en place un régime de sanctions économiques contre ce pays. Il est alors interdit à une société américaine de faire la moindre affaire avec l'Iran, et quant aux entreprises étrangères, elles doivent choisir entre les Etats-Unis et l'Iran.Le groupe PSA avait réalisé il y a peu des investissements substantiels en Iran, et alors qu'il ne vend pas de voitures aux Etats-Unis, il semblait logique de penser qu'il allait préférer l'Iran. Mais non, le groupe français PSA a annoncé officiellement qu'il allait quitter le marché iranien, pour se mettre en conformité avec la loi américaine. Cette décision est une énorme surprise, parce que le groupe avait beaucoup investi pour son retour en Iran. Signature d'une joint-venture entre Peugeot et Iran Khodro pour produire des voitures localement, signature d'une autre joint-venture entre Citroën et Saipa dans le même but, ouverture d'une concession DS à Téhéran... Les activités du groupe PSA en Iran sont aujourd'hui en phase de montée en puissance, la Citroën C3 y a été lancée le mois dernier, et les perspectives étaient énormes. Le groupe français prévoyait sans aucune exagération de vendre trois quarts de million de véhicules en Iran en 2020.
Mais tout cela tombe à l'eau, comme les centaines de millions d'euros d'investissement. Sans compter que le groupe est désormais grillé. Il était déjà parti en 2012, ce qui n'avait pas été apprécié. En partant une seconde fois, il plombe toutes ses chances de revenir quand Trump ne sera plus en poste. Et tout cela pour obtenir le droit de vendre des autos aux Etats-Unis, où PSA est absent depuis 25 ans. Alors certes, le projet de retourner aux Etats-Unis est bien réel, il a même déjà débuté sous la forme d'une application de covoiturage pour les smartphones, mais il faudra encore des années (!) avant que PSA ne revende des voitures en Amérique, et plus encore pour qu'il y fasse des bénéfices.
Les gagnants dans cette affaire sont les constructeurs chinois qui en se moquant des sanctions américaines vont accaparer tout le marché iranien, et les perdants sont tout le reste du monde. Parce que les iraniens voyant que le retrait de l'Amérique de l'accord international provoque le retrait des autres parties, ils ne se sentiront plus contraints à rien, ce qui ne peut inciter personne à l'optimisme.
Laurent J. Masson
ADDENDUM - Il est possible (?) qu'il y ait eu des pressions de la part de GM. On rappelle en effet que si GM a vendu Opel à PSA l'année dernière, les 2 constructeurs restent liés. Opel fabrique ainsi la Buick Regal, qui est une version rebadgée de l'Opel Insignia pour le marché américain.
Illustration, une Peugeot 207i, telle que produite aujourd'hui en série régulière par Iran Khodro. Elle est motorisée par un 1600 essence (le fameux TU) de 105 ch, associé à une boite mécanique à 5 rapports. Peu chère et très fiable, c'est un modèle très prisé des iraniens.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Peugeot ; industrie-production