Comment sauver Fiat, après l'échec de Marchionne ?
Lun 30/07/2018 — Le point sur l'avenir.
Après le décès inattendu de Sergio Marchionne, la question du sauvetage de la première marque italienne revient d'actualité. La part de marché de Fiat en Europe n'est plus que de 5 %. En Allemagne, au premier semestre, Fiat, avec l'aide d'Alfa Romeo et de Jeep, ont vendu ensemble moins que Hyundai seul. Et l'image de la marque est au plus bas. Le patron défunt n'avait jamais caché son peu d'intérêt pour cette marque, et il avait d'ailleurs dit clairement que la première marque du groupe était Jeep, suivie d'Alfa Romeo. Fiat, la marque historique, emblématique de l'industrie italienne, née en 1999, était toujours resté à un second plan (idem Chrysler aux Etats-Unis).Fiat a pourtant été un leader technologique. Il fut le premier à commercialiser une voiture diesel à injection directe en 1988, et plus proche de nous, le système Multiair pour améliorer la distribution fut une bonne solution. Le lancement d'un moteur bicylindre fut également très audacieux, et on ne peut manquer d'évoquer le remarquable concept EcoBasic (illustration du haut). Mais en 2018, il n'y a rien d'excitant sous aucun capot Fiat. Et autour du capot non plus, car toute la gamme est vieillissante. Après l'abandon du haut de gamme que représentait la Croma, la locomotive de Fiat est comme il y a un demi-siècle, la petite 500... Qui date de 2007.
Suivant l'exemple de Mini, la gamme a été étendue avec une 500L (monospace) et une 500X (SUV), mais la qualité des chassis et des groupes propulseurs sont très loins de ceux de Mini. A quand un modèle-phare comme le Qashqaï chez Nissan, ou le Captur chez Renault ? Il y a certes la Tipo, qui est plutôt une bonne auto, mais dont M.Marchionne avait laissé entendre qu'elle pourrait ne pas être renouvelée, faute d'une rentabilité satisfaisante... Mais qui est à blâmer si la présentation de l'auto limite ses tarifs ?
Le plus grave aux yeux de MoteurNature est que Fiat soit terriblement en retard du côté de l'électrification. On se souvient d'une petite série de Panda de première génération à propulsion électrique (illustration), suivie la décennie suivante par une 600 électrique. Une 500 électrique serait programmée pour 2020, mais quand tous les autres constructeurs ont des plans industriels bien définis, et ont noué des accords avec des fabricants de batterie, le devenir de Fiat est encore bien trop flou. Le groupe FCA pourrait-il céder la marque Fiat à un généraliste comme PSA, qui dispose de plateformes que Fiat pourrait réutiliser, ou à un chinois ? A défaut de l'arrivée rapide d'un nouveau manager qui croit en Fiat, ce serait la meilleure solution pour redonner de la vie à cette vieille marque.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Fiat ; industrie-production