Nissan ne fabriquera plus de batterie pour ses électriques
Lun 13/08/2018 — Revirement.
On parle toujours de constructeurs automobile, mais il serait plus juste aujourd'hui de parler d'assembleurs. Cela a commencé avec la visserie, les pneumatiques et les vitres, et petit à petit, les phares, les systèmes d'alimentation, les câbles et relais électriques, les serrures, les alternateurs, les sièges, les boites de vitesses... Les constructeurs se fournissent de plus en plus auprès de fabricants spécialisés. En se focalisant sur des produits ciblés, et en vendant à plusieurs constructeurs, ces fabricants sont devenus les équipementiers, et plusieurs ont même acquis une grande notoriété, comme Michelin, Valeo ou Bosch.Avec l'arrivée des propulsions électriques, les constructeurs sont face à un nouveau problème. Faut-il produire les batteries en interne, ou les acheter à un tiers ? La batterie étant l'élément clé d'une voiture électrique, il parait intelligent de posséder ce savoir en interne. C'est d'ailleurs le choix que Nissan avait fait. Il y a 11 ans, Nissan annonçait son partenariat avec NEC pour produire des batteries pour véhicules électriques. Aujourd'hui, Nissan annonce qu'il va acheter ses parts à NEC, qui avait toujours été un actionnaire minoritaire, et céder le contrôle de la joint-venture Nissan/NEC à Envision, un énergiticien chinois surtout connu pour ses éoliennes. Nissan conservera 25 % des parts de la société cédée, un gage pour l'avenir, puisque pour le futur proche, Nissan continuera à équiper ses autos de ces batteries.
La décision de se séparer de cette unité de production de batteries n'a pas dû être simple à prendre, puisque la production était intégrée avec celle de la Leaf. L'électrique la plus vendue au monde est produite en Angleterre et aux Etats-Unis, Envision acquiert une unité de production dans ses 2 pays, à un jet de pierre de l'usine qui fabrique les voitures. Tout cela paraissait bien pensé, mais Nissan est pourtant parvenu à la conclusion qu'il n'y avait pas d'avantage à produire soi-même plutôt que se fournir à l'extérieur. On imagine aussi que la production de batteries ne génère pas, ou peu de valeur. L'équipementier Bosch, pourtant gros fabricant de batteries plomb-acide classiques, est lui aussi récemment parvenu à la conclusion qu'il n'y avait pas d'argent à faire dans la production de batteries lithium-ion, et qu'il ne se lancerait pas dans cette activité. Et Volkswagen, le géant allemand, en dépit d'important volumes, ne prévoit toujours pas de fabriquer lui-même ses batteries. Sans oublier que la technologie lithium-ion actuelle pourrait bientôt être supplanté par une autre... Nissan a donc probablement raison de se désengager.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Nissan ; batterie-propulsion-electrique