Marché boursier : Elon Musk a joué, et a perdu
Lun 27/08/2018 — C'était couru d'avance.
Au début du mois, le patron de Tesla, Elon Musk, avait choqué tout le monde en annonçant qu'il voulait quitter la bourse. Après réflexion, et comme nous l'avions écrit il y a 3 semaines, Elon Musk s'est rendu compte que la chose ne serait pas possible, et il renonce à son projet. Le plus incroyable dans cette affaire est que certains ont pu y croire !Dans son blog public, Elon Musk nous apprend que certains de ses soutiens sont des investisseurs qui par leurs statuts, n'ont même le droit de mettre de l'argent dans une société non côtée, sinon des petites sommes. Les autres, selon Elon Musk, ont exprimé l'idée de : s'il vous plait, ne faites pas cela, mais en français clair sans modération, c'était plus vraisemblablement : êtes-vous devenu fou ? N'y pensez même pas !
Une action s'achète et se vend en un clic, et on sait toujours où on est, puisque les sociétés côtées ont des obligations strictes et précises de rendre leurs résultats publics. Alors que des parts de sociétés non côtées sont des chèques en blanc qu'il est quasi impossible de vendre... On voudrait donc enterrer le projet, mais le mal est fait, et il n'est pas impossible qu'il laisse des séquelles.
Le titre Tesla a perdu 20 % de sa valeur. Plusieurs investisseurs sont légitimement mécontents, et ils ont porté plainte auprès du gendarme américain de la bourse, la SEC. La procédure était en effet inédite, puisque c'est par un tweet qu'Elon Musk avait annoncé son souhait de quitter la bourse. L'agitation avait été telle que le course de l'action avait été suspendu. A la cause de tout, l'annonce que Tesla avait les fonds pour racheter toutes les actions à 420 $. Cela était-il bien vrai ? Ou s'agissait-il d'une manoeuvre pour manipuler le cours de l'action ? La SEC enquête... Ses jugements peuvent être graves pour une société normale, ils pourraient être dramatiques pour une société qui accumule les pertes comme Tesla.
Mais le plus grave est le mal fait à la crédibilité du constructeur, comme de son dirigeant. Ne sachant plus comment gérer la situation, le directeur de la communication a démissionné ce week-end. M.Musk se fait de plus en plus remarquer pour ses actes et paroles erratiques (projet d'un organe de notation des journalistes ; tweet où il traitait un sauveteur des enfants thailandais bloqués dans une grotte de pédophile ; annonce qu'il doit prendre des somnifères), ceci déteint sur la crédibilité de l'entreprise. Tesla est officiellement la société sur laquelle il y a le plus de spéculation à Wall Street. Mais comment pourrait-il en être autrement ?
Laurent J. Masson
Illustration, Elon Musk le 15 août dernier, lors de son interview avec Marques Brownlee.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Tesla ; industrie-production