Nicolas Hulot met les français face au désespoir, et il a raison
Mer 29/08/2018 — Besoin d'action.
C'est Voltaire qui a le mieux décrit la théorie du despote éclairé. Où le gouvernant régne avec autorité sans partage, mais tout en étant apprécié, parce que ses décisions sont sages, et bonnes pour l'intérêt général. Nicolas Hulot rêvait probablement que face aux urgences environnementales, Emmanuel Macron allait devenir un despote éclairé, avec l'ex-ministre dans le rôle de son éminence grise. Mais les choses ne furent pas ainsi. On en était même très loin, et M.Hulot arrête de jouer (l'annonce de sa démission en direct sur France Inter).Nombreux s'étaient réjoui de la nomination de Nicolas Hulot, il y a 15 mois. Un homme qui n'était pas un politicien, qui est pédagogue, qui connait bien les dossiers, et qui plus que tout, connait le monde. Peu d'hommes en effet peuvent se vanter d'avoir vu autant de choses et de pays que M.Hulot. Parce que les voyages enrichissent l'esprit, et qu'il avait vu les problèmes de ses yeux, il était assurément compétent, mais son originalité avait le tort de le mettre à part. Durant tout son temps au gouvernement, M.Hulot aura été isolé. Quand un arbitrage doit être rendu, il y a normalement les partisans du pour et ceux du contre, mais là, c'était toujours Nicolas Hulot contre tous les autres. On aborde là le problème terrible de l'indifférence, voire de l'incompréhension devant les problèmes écologiques. Quel ministre, quel député, est clairement contre le nucléaire, ou les pesticides chimiques ?
Pour aller plus loin, et c'est ce que Nicolas Hulot avait constaté, cet aveuglement est aussi populaire. Il suffit de voir le volume des critiques contre les éoliennes. Une démission est un abandon, mais dans une lutte où le combattant a les 2 mains liées dans le dos, à quoi sert de monter sur le ring ? Le départ de Nicolas Hulot fera probablement empirer les choses, puisque son remplaçant n'aura pas sa notoriété. Il devra reculer encore plus (ou elle, puisque pour garantir la continuité de l'action, on verrait bien Michèle Pappalardo ministre). Les leaders écologiques, ou pseudo-écolos, puisque lorsqu'ils ouvrent la bouche, c'est 9 fois sur 10 pour parler d'autres choses que d'écologie, n'y pourront rien. C'est tant mieux. L'histoire nous l'aura maintes fois montré, il n'y a jamais de révolution en période d'abondance. M.Hulot espère que son départ entrainera une prise de conscience, on peut parier sans risque qu'elle n'aura pas lieu. Si l'agriculture, si la production d'énergie, si nos moyens de transport, doivent changer du tout au tout, ces changements ne surviendront que lorsque nous serons au bord de l'abîme. Et pas une seule minute avant.
Il y a tout de même une petite lueur d'espoir, en la forme que Nicolas Hulot était la caution écologique du gouvernement. S'il n'est plus là, les prochaines élections imposeront de faire un acte fort, pour ne pas être rejeté de tous les sympathisants de l'écologie.
Laurent J. Masson
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Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie