Salon de Paris : une seule certitude et un seul gagnant
Lun 08/10/2018 — Mais tant de questions...
L'ESTACA, l'école des ingénieurs de l'automobile, et Strate, l'école de design. Ce sont habituellement des seconds couteaux. On les voit sur les salons, mais ils sont tout à l'arrière, sans aucune visibilité. En cette édition 2018 du salon de l'auto de Paris, tout était chamboulé. Ils étaient dans le hall 1, le plus recherché. Idem Hyundai et Kia. Quand ce hall était traditionnellement réservé aux ténors de l'industrie, aux marques les plus anciennes, il n'y avait pas de meilleure preuve que cette édition du salon était spéciale. Nous voyons 3 raisons à cela.La première est assurément liée à Paris. Fluidité du trafic, nombre de places de stationnement, la vie des automobilistes est beaucoup plus agréable à Berlin ou Rome. Par ses paroles et ses actes, la mairie de Paris est ouvertement autophobe. S'il y a des gens qui l'ignorent, les constructeurs qui sont tous internationaux, l'ont constaté. Il y a ensuite les problèmes liés à la France. Il parait presque incongru de parler de sécurité à l'intérieur d'un salon de l'auto, mais pourtant... On sait que s'il y avait eu un stand Ford au salon, il aurait reçu la visite d'une manifestation de la CGT (comme il y en avait eu une à Blanquefort, le mois dernier)...
Et après le malus à plus de 10 000 € qui a plombé le marché de la grosse cylindrée, puis la limitation de vitesse à 80 km/h, il est clair que l'hexagone n'a plus rien d'un paradis de l'automobile. On peut même mesurer la place de la France dans le monde en regardant les ventes de Rolls Royce ou Bentley : moins de 1 % de leurs ventes ont lieu en France...
Mais à côté de cela, la raison principale derrière le blues de l'industrie est dans les multiples interrogations qu'elle a au dessus de la tête. La voiture électrique ? Tout le monde veut-il des voitures électriques ? La voiture électrique va t-elle remplacer celle à essence ? C'est ce que beaucoup disent, mais en France, sur les 9 premiers mois de l'année, Renault a vendu 9 fois plus de Clio que de Zoé. Et cela en dépit d'un bonus très substantiel de 6000 €, pour celui qui choisit l'électrique. Le diesel est-il mort ? Les français ont tout de même acquis plus de 660 000 voitures particlières diesel, les 3 premiers trimestre de 2018. Il remue encore bien le mourant...
Il y a aussi l'arrivée prochaine de la voiture à conduite autonome, et peut-être même des changements sociétaux (?), avec moins de voitures personnelles, et plus de véhicules partagés. Tout cela fait beaucoup de points d'interrogation, et il n'y a en face qu'une seule certitude. Bien visible. Sur le stand Renault, les modèles les plus en vue sont le Captur et le Kadjar. Chez Citroën, les C3 Aircross et C5 Aircross. Les grosses nouveautés du salon étaient le BMW X5 et le Mercedes GLE, le Seat Tarraco. Côté électrique, on découvrait l'Audi e-tron et la Mercedes EQC.
C'est en effet la seule certitude pour un constructeur auto en 2018. Les modèles qui se vendent bien, ceux qui sont les plus profitables, sont les SUVs. Soit des gros véhicules, plus lourds et moins aérodynamiques que les berlines, et qui étaient traditionnellement motorisés par des moteurs diesel. Nous sommes donc face à un conflit. D'un côté on veut réduire les émissions de CO2, d'un autre les consommateurs veulent des autos plus spacieuses... Les allemands ont présenté leurs solutions, ce sont l'Audi e-tron et la Mercedes EQC, des autos à plus de 80 000 €, et les seuls à présenter des SUVs zéro émission à peu près abordables et à grande autonomie sont les coréens. La Hyundai Kona et le Kia Niro. Ils ont tous deux une batterie de 64 kWh pour garantir de pouvoir rouler plus de 400 km, avec un rapport prix/autonomie qui éclipse tout ce que fait la concurrence. Ce sont les leaders, et ils donnent l'exemple à suivre.
Laurent J. Masson
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