Des réponses gratuites aux gilets jaunes
Lun 07/01/2019 — Parce qu'il faut agir.
Dans son dernier ouvrage, Sérotonine, Michel Houellebecq écrit que l'administration a pour objectif de réduire vos possibilités de vie au maximum quand elle ne parvient pas tout simplement à les détruire. Y a t-il un seul automobiliste en France qui n'ait jamais pensé cela ? A une époque où les manifestations de gilets jaunes sont hebdomadaires, l'heure n'est plus à la réflexion, mais à l'action. Et quand ce sont les taxes sur les carburants automobiles qui ont tout déclenché, le gouvernement n'a pas d'autre choix que de faire une politique pro-automobilistes. La bonne nouvelle est qu'il y a plein de choses à faire sans augmenter la dette du pays, ni même le déficit.Donner plus de temps pour corriger les défauts du contrôle technique
Depuis la réforme de l'année dernière, pour une voiture sur laquelle un défaut grave est constaté au contrôle technique, le délai de réparation pendant laquelle la voiture doit obligatoirement être réparée, sous peine d'être interdite de circulation, est de 24 heures. S'il y avait un peu d'humanité chez ceux qui nous gouvernent, ils auraient donné un délai de 7 jours.
Arrêter ce gaspillage insensé de détruire des voitures qui marchent
Prime à la casse, prime à la conversion... On sait tous qu'une voiture est un produit qui s'use, et qui doit être renouvelé après un certain âge, ou un certain niveau d'usure. Mais les dispositifs d'incitation à l'acquisition d'une voiture neuve ont totalement déformé le marché, et alors que pour éviter le gaspillage, il ne faudrait mettre à la casse que des voitures au bout du rouleau, on détruit tous les mois en France, des milliers de voitures qui sont encore en état de fonctionnement. Cette situation est la plus préjudiciable pour les plus pauvres, les travailleurs à mi-temps ou qui ont un emploi précaire, et qui de ce fait ne peuvent accéder au crédit pour acquérir une voiture neuve. L'offre de vieilles occasions étant artificiellement réduite, leur prix augmente.
Arrêter les malus sur les voitures bon marché
Le bonus-malus sur les voitures neuves était une idée fantastique. Celui qui achète une grosse voiture très énergivore est taxé, celui achète un modèle très efficient est récompensé. Mais le système a été complètement dénaturé, puisqu'aujourd'hui, l'acquéreur d'une Renault Twingo 1.0 SCe Life à 11 400 € doit payer un malus. ESt-ce que ce sont les gens qui roulent en Twingo qui détruisent la planète ?
Arrêter les bonus sur les voitures chères
C'est le corollaire de la mesure précedente. Aider les ménages modestes à acquérir une voiture zéro émission est une bonne idée, mais il n'y a pas de raison pour étendre cette facilité aux ménages aisés. Pour motiver les constructeurs à développer des modèles électriques abordables, il serait juste de limiter le bonus aux autos de moins de 30 000 €. A défaut, on continuera à financer les marges des constructeurs, qui profitent bien du bonus français. Il suffit de voir que toutes les électriques sont moins chères dans les pays voisins de la France, où il n'y a pas de bonus.
Faciliter les échanges intra-communautaires
Le traité de Rome qui instituait la libre circulation des personnes et des marchandises à l'intérieur des pays signataires a plus de 60 ans, mais il reste bien plus compliqué de faire immatriculer en France une voiture venant d'Allemagne, que de Bretagne. On ne comprend pas pourquoi. Quels sont les éléments pour établir que les voitures sont en plus mauvais état dans les pays voisins qu'en France ?
Les 5 mesures précitées feraient plaisir à beaucoup de gilets jaunes, et elles sont à coût nul pour l'état. Elles pourraient être concrétisées en quelques jours, si on le voulait, et... Si Michel Houellebecq avait tort. C'est la première idée qu'il faut retenir. Alors que des millions de français expriment leur colère, on pourrait faire plein de petites choses, simplifications administratives et autres, qui amélioreraient le quotidien sans mettre à mal les finances publiques. Y pense t-on ?
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_France