CO2 et électriques : Carlos Tavares parle franchement
Mar 05/03/2019 — Et fait peur.
Entre le discours des politiques et celui des gilets jaunes, tout le monde aura vu qu'il y a un décalage. Dans Le Figaro, Carlos Tavares, le dirigeant du groupe PSA (Peugeot-Citroën-DS-Opel-Vauxhall), explique dans une excellente interview qu'il existe aussi un décalage entre les politiques et les constructeurs auto. Et il est bien placé pour le savoir, puisqu'il a été à la tête de l'ACEA (l'association des constructeurs européens d'automobile), qui est la voix officielle de l'industrie européenne. L'Europe a ainsi décidé de réduire de 40 % les émissions de CO2 d'ici 2030, contre l'avis de l'ACEA. Alors certes, à priori, c'est très bien, mais concrètement, M.Tavares nous dit que cela implique que 40 % de la marge de l'industrie va être transférée en Asie. C'est le choc de l'électrification, qui impose de recourir à l'achat d'énormes quantités de batteries.Les fabricants asiatiques ont bien vu cette épée de Damoclès qui est au-dessus de la tête des constructeurs européens, et ils en tirent profit. M.Tavares salue avec bienveillance le projet européen d'une sorte d'Airbus des batteries, mais il rappelle que Bosch, premier équipementier mondial, et qui avait étudié le sujet, était arrivé à la conclusion que la production de batteries n'était pas une activité rentable. M.Tavares a aussi fait travaillé ses équipes sur la question, et sa conclusion est que le budget initial est colossal. Et il ne croit guère au projet de l'Airbus des batteries dans les limites actuelles du droit européen vis-à-vis des aides d'état. Dans tous les cas, c'est presque trop tard. Pour tous les nouveaux modèles électriques qui entreront en production dans les 5 ans à venir, c'est maintenant qu'il faut signer les contrats avec les fournisseurs.
Enfin, toujours à propos de l'électrification, si M.Tavares ne témoigne d'aucune nostalgie envers le diesel, il indique clairement qu'il y aura des conséquences pour l'emploi, et pour les états (dont les finances sont déjà très mal en point) qui gagnent aujourd'hui des milliards grâce aux taxes sur les carburants pétroliers.
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Peugeot ; industrie-production ; ecologie