Nouvelle alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, OK pour la forme
Mer 13/03/2019 — Mais sur le fond ?
Tout va très bien, madame la marquise. Voilà le message qu'ont voulu faire passer les dirigeants de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi lors de leur première conférence de presse publique, qui marque la fin définitive de l'ère Carlos Ghosn dans l'alliance franco-japonaise, et le début de... Quelque chose d'autre. La grande nouveauté est l'abandon de la société holding hollandaise RNBV. C'était la grande idée de Carlos Ghosn qui, soucieux de ne pas froisser les japonais en leur donnant le sentiment qu'ils allaient se faire manger par les français, avait commencé à réunir les parties dans une structure indépendante, qui ne serait ni japonaise, ni française. A la place, on va trouver désormais un conseil opérationnel de l'alliance. Mais rien encore n'est dit quand à la forme juridique de cette nouvelle entité, à supposer qu'elle en ait une. On évoque simplement aujourd'hui que les 4 membres principaux seront les directeurs généraux de chaque constructeur, donc Thierry Bolloré pour Renault, Hiroto Saikawa pour Nissan et Osamu Masuko pour Mitsubishi, sous la présidence de Jean-Dominique Sénard, qui cumulera ce poste avec la présidence de Renault.Ce conseil de l'alliance devrait se réunir chaque mois, en alternance à Paris puis Tokyo, avec l'objectif de poursuivre les relations gagnant-gagnant entre les constructeurs. Jean-Dominique Sénard a ensuite expliqué qu'il ne visait pas le poste de président de Nissan, à la différence de Carlos Ghosn qui présidait en même temps Renault et Nissan, mais la chose était en fait acquise de longue date, puisque M.Ghosn avait déjà déclaré plusieurs fois que celui qui lui succèderait à la tête de Nissan devrait être un japonais (c'est même pour cela qu'Andy Palmer, l'ex N°2 avait démissionné). Et rien, absolument rien, ne change quand à l'actionnariat.
On dira donc de cette première conférence de presse qu'elle fut un superbe exercice de communication en ce sens que tous les participants n'ont envoyé que des signaux positifs... Puisqu'ils ont soigneusement évité toutes les questions qui fâchent. On voit par exemple que Hiroto Saikawa se maintient directeur général de Nissan, alors que Carlos Ghosn avait prévu de le renvoyer devant ses résultats insuffisants. Et quand les japonais se plaignaient depuis des années du déséquilibre entre les participations croisées de Renault et Nissan (le français détient 43 % du japonais qui ne détient que 15 % du français et sans droits de vote), il est bizarre que tout d'un coup, ils ne s'en plaignent plus... M.Sénard aura prouvé ce jour qu'il était un fin diplomate, il n'a pas fini de se servir de ce talent.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; industrie-production