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Aramco invente une technologie qui stocke le CO2 dans l'auto

Ven 15/03/2019   —   Au lieu de le rejeter à l'échappement.
Démonstrateur technologique d'Aramco pour capturer les émissions de CO2 dans un véhicule roulantOn se rend à un salon de l'auto pour voir les nouveaux modèles, mais c'est parfois aussi l'occasion de découvrir de nouvelles technologies, et c'est ainsi qu'à Genève, nous avons découvert un système que nous n'avions même pas imaginé qu'il fut seulement possible. C'est un dispositif qui vient s'ajouter à l'échappement d'une voiture essence ou diesel. On connait déjà les catalyseurs, qui transforment les éléments les plus toxiques des gaz d'échappement en gaz non toxiques, et les filtres à particules, qui stockent temporairement les particules jusqu'à ce qu'un processus de regénération périodique vienne les détruire, mais ce dispositif est techniquement plus simple, puisqu'il ne vise qu'à faire du stockage.

L'idée est toute bête. Il s'agit d'aspirer le CO2 contenu dans les gaz d'échappement, et de le stocker dans un réservoir de gaz comprimé, qu'on videra ensuite à la station, en même temps qu'on fera son plein d'essence ou de gazole. Oui, c'est possible de faire cela. Cela marche, mais cela appelle immédiatement 2 remarques. La première est que l'efficacité du système est très loin des 100 %. On pensera plutôt que cela permettrait à une grosse voiture d'avoir les rejets de CO2 d'une petite auto. Ensuite, la quantité de CO2 à stocker est importante. Même en comprimant, il faudrait une grosse bonbonne, voire plusieurs. Les développeurs du système en sont bien conscients. Si la maquette exposée à Genève est celle d'une voiture, ils travaillent plutôt à des applications sur des poids lourds.
Démonstrateur technologique d'Aramco pour capturer les émissions de CO2 dans un véhicule roulantLe plus grand problème est cependant aux stations service, qu'il faudrait équiper d'infrastructures de stockage de CO2. Quant à quoi faire de ce CO2 ensuite, les promoteurs de ce projet rappellent qu'il est un gaz industriel, et qu'il peut servir comme matière première pour fabriquer divers produits plastiques. Mais la question à laquelle on n'a pas su nous répondre sur le stand concerne l'équation financière. Il existe un marché du CO2 dans l'Union Européenne. L'automobiliste pourrait-il vendre son CO2, et acheter ensuite son essence avec une ristourne ? A la manière d'une bouteille consignée ? Tout ceci est à étudier, mais on imagine quand même qu'il faudrait un budget assez colossal pour doter le réseau de stations d'essence d'infrastructures de stockage de gaz comprimé...

Pour aller plus loin, nous nous sommes interrogés sur les promoteurs de cette technologie, et le nom de la société nous a tout de suite éclairé. Aramco. Oui, Aramco. Le nom complet est Saudi Aramco. Peut-être la société la plus profitable du monde, et une société qui est prête à investir des milliards pour que la majorité des automobilistes continuent à rouler en voiture à essence. Aramco présentait aussi à Genève un prototype de moteur à pistons opposés (un vieux serpent de mer chez les motoristes), et un intéressant système d'alimentation TJI (Turbulent Jet Ignition), qui diminue la consommation par une meilleure combustion.

C'est la guerre technologique. Les automobilistes peuvent déjà choisir de rouler en électrique, mais les saoudiens feront tout ce qui est dans leurs moyens (!!!) pour que la majorité continue de rouler à l'essence.


Laurent J. Masson



Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; essence-diesel ; technologie