La stratégie de Nissan pour redevenir japonais
Jeu 25/04/2019 — Une partie pourrissement.
Pour la seconde fois de cette année fiscale, Nissan annonce que son chiffres d'affaires, et son bénéfice, seront tous les deux en dessous des prévisions. Ce n'est pas encore une catastrophe, puisque Nissan reste une entreprise profitable. Mais il reste que cette mauvaise performance fait suite à de multiples départs de cadres dirigeants, et qu'il y a alors peut-être de quoi s'inquiéter. Jose Munoz est parti chez Hyundai au début de l'année, Daniele Schillaci part dans quelques semaines. On croyait que c'étaient les membres de l'équipe Carlos Ghosn qui partaient les uns après les autres, le départ de M.Schillaci prouve que la vague des départs s'étend au-delà... On prendra aussi en considération les résultats commerciaux européens. 155 038 voitures vendues au premier trimestre 2018, mais seulement 113 402 au premier trimestre 2019. Soit 26,9 % en baisse !On sait que juste avant son arrestation, Carlos Ghosn avait le projet de changer des choses chez Nissan, dont il avait bien vu les résultats se dégrader, on ne lui en a pas laissé le temps. Avec un sens malsain du spectacle, puisqu'il a été arrêté à l'aéroport sous les yeux des caméras, alors qu'on aurait pu tout aussi bien l'arrêter à son bureau. Le spectre d'un complot était apparent, il est aujourd'hui confirmé quand on a trouvé des courriers attestant qu'il y avait des échanges entre Nissan et le gouvernement japonais pour bloquer toute fusion entre Renault et Nissan. Et l'homme qui était derrière tout cela chez Nissan était Hari Nada, le même qui construisait un dossier contre Carlos Ghosn.
On voit une stratégie en 3 actes. D'abord le complot contre Carlos Ghosn. Qu'il est d'autant plus facile d'alimenter que les moeurs japonaises sont bien différentes de celles des pays arabes. On sait qu'en Arabie Saoudite, les droits de distribution de Nissan appartiennent à un membre de la famille royale, et que si on veut faire du business dans le pays, il faut trouver un arrangement avec cette personne (source). Carlos Ghosn étant libanais, il sait comment négocier un arrangement avec des arabes, mais évidemment, cela laisse des traces comptables... Quand Carlos Ghosn est accusé de détournements de fonds, il pourrait s'agir de fonds destinés à rémunérer ce type d'intermédiaires... Le second acte était une chasse aux sorcières, et si cet article ne cite que 2 personnes, il y a bien plus de fidèles de Carlos Ghosn qui ont quitté Nissan durant ces derniers mois... Le troisième acte enfin, serait celui du pourrissement.
Pendant plusieurs années, Nissan aura contribué massivement aux résultats de Renault, son actionnaire, ce ne sera pas le cas cette année. Nissan va devenir un boulet pour Renault... A MoteurNature, on sait que Nissan sait faire de très bonnes autos, et nous aimons beaucoup la Leaf, mais alors que les problèmes s'aggravent, on ne sait quels seront les hommes, ni les moyens, pour les solutionner. On imagine alors que beaucoup d'actionnaires souhaiteraient le retour de Carlos Ghosn aux commandes, tout simplement parce qu'avec lui, la société était plus performante.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Nissan ; industrie-production