De plus en plus de SUVs, et si c'était la faute aux jeunes ?
Jeu 16/01/2020 — Posons le problème.
Le bilan 2019 est plutôt positif. Les ventes de voitures neuves sont en hausse dans l'hexagone, et la hausse la plus forte a été sur le segment des voitures électriques. L'écologiste se réjouit. Mais il y a à côté une donnée qui fait réfléchir : la hausse des SUVs. Ils ne représentaient guère qu'un dixième du marché il y a 10 ans, ils sont montés à un quart, puis un tiers, et ils représentaient 38 % des immatriculations en 2019 ! Ils sont plus gros, plus lourds, moins aérodynamiques, et donc ils consomment un peu plus, mais ils se vendent de mieux en mieux. L'écologiste s'inquiète.Comment cela se fait-il, on regardera avec attention les chiffres suivants. A MoteurNature, nous aimons beaucoup la Peugeot 508. Elle a une ligne sportive, élégante, c'est une superbe berline. Peugeot en a vendu 15 477 l'année dernière. Mais dans le même temps, la marque au lion a vendu 28 669 exemplaires de son grand SUV 5008. Chez Seat, la marque espagnole a vendu en France en 2019, 7539 Ibiza, la citadine, et 12 571 Arona, le SUV citadin. Chez BMW, le modèle le plus vendu en France est le SUV X1, avec 12 191 immatriculations, loin devant la série 1, qui n'a trouvé que 8192 clients. Le peuple s'est exprimé !
On peut l'écrire clairement pour dédouaner les constructeurs, ce sont les gens qui, chez le concessionnaire, préfèrent acheter un SUV plutôt que la berline correspondante. Les constructeurs ne font que répondre à cette demande, comme vient de le faire tout récemment Aston Martin (illustration). Mais pourquoi ? L'explication la plus plausible de cette situation se trouve selon nous dans l'âge des acheteurs. D'après les derniers chiffres AAA-Data, l'âge moyen des personnes qui achètent une voiture neuve en France est de 55 ans. On comprendra que ce sont des personnes qui ne sont plus très souples, qui peuvent avoir mal au dos, et qui apprécient grandement une auto un peu haute, dans laquelle il n'est pas nécessaire de se plier en deux pour s'installer à bord. Et parce qu'on ne peut pas reprocher aux vieux d'être vieux, on cherchera à comprendre pourquoi il n'y a pas plus de jeunes qui achètent des voitures neuves.
Pauvreté ? Difficultés d'accès au crédit ? Il faut trouver une solution, parce que si on regarde bien le problème, il est aussi grave que celui des retraites. Les données sont là bien connues. Il y a de plus en plus de personnes âgées, et l'espérance de vie en hausse fait qu'elles vivent de plus en plus longtemps. Si on fait les comptes, il n'y a pas d'autre solution que d'augmenter la durée de cotisation de ceux qui travaillent, ou de diminuer les pensions des retraités. Le problème ici est de même type, sauf qu'il est inversé, puisque ce sont les anciens qui paient, pour que les jeunes profitent.
Un "vieux" qui s'achète une voiture neuve. Il paie la TVA qui va à l'état. Il paie son certificat d'immatriculation qui finance sa région. Il achète de l'essence... Pendant ce temps là, les jeunes prennent les transports publics qui sont tous déficitaires, et subventionnés par les collectivités locales, voire par l'état lui même pour la dette monstrueuse de la SNCF. Et cela ne va pas s'améliorer, puisqu'à Paris, une certaine candidate à la mairie a proposé de rendre le métro gratuit pour les moins de 18 ans... Qui va payer ? Pour l'avenir des finances publiques et des transports publics, il faudrait vraiment que les jeunes achètent plus de voitures neuves. Des berlines zéro émission, bien sûr.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie ; commerce-distribution