Renault : des usines en moins seulement si des voitures en plus
Jeu 21/05/2020 — La Zoé SDF ?
Renault va plutôt bien ! Il faut commencer par cela. Oui, le résultat de 2019 a été légèrement déficitaire (141 millions d'euros de perte), mais c'est parce que Thierry Bolloré, l'ancien dirigeant avait choisi de maintenir les budgets de Recherche et Développement à un niveau soutenu, quand la conjoncture s'assombrissait, mais le constructeur a déjà connu bien pire que le début de 2020. Et il allait d'ailleurs connaître bien pire avec l'arrivée du coronavirus, qui a plombé les ventes pendant plus de 2 mois. Si donc aujourd'hui cela va mal, l'écart avec la concurrence n'est pas si grande que certains voudraient le faire croire. Toute l'industrie va devoir se restructurer, et concrètement cela signifie que les modèles qui se vendent peu, comme l'Espace (illustration), seront abandonnés.La chose n'est pas dramatique en soi. Tout le monde pensait que l'Espace était formidable il y a 30 ans, mais ce n'est plus le cas plus aujourd'hui. Les goûts changent. Renault arrêterait aussi la berline Talisman, et le Scenic, on saura tout lors d'une conférence de presse programmée le 29 mai. Mais Le canard Enchainé est venu jeter un énorme pavé dans la mare dans son édition du mercredi 20 mai, avec un article Grande purge en vue chez Renault. La marque au losange envisagerait de fermer sous brève échéance 3 sites de production en France (Choisy le Roi, Dieppe, les Fonderies de Bretagne), et à moyen terme une restructuration de l'usine historique de Flins (c'est là qu'était fabriquée la Dauphine), où serait arrêté la production de voitures.
Le site de Flins est important, puisque c'était là qu'était fabriquée la Clio, le modèle que le constructeur vend le plus, mais dont la production a été délocalisé en Turquie, et qui produit aujourd'hui la Renault Zoé et la Nissan Micra. Quelque soit l'angle sous lequel on la regarde, cette nouvelle choque puisque durant toute la période du confinement, on aura souvent entendu que la France avait trop délocalisée, et qu'il allait falloir réindustrialiser le pays. Ce n'est pas en fermant des usines qu'on y parviendra... Surtout qu'au même moment, la France aurait accordé au constructeur une aide de 5 milliards d'euros pour l'aider à passer la crise. Est-ce comme cela que Renault remercie ?
La production de la Zoé pourrait probablement être transférée à Douai qui se spécialiserait dans la mobilité électrique, mais il importe de compter le nombre de voitures. Il est essentiel que le nombre de voitures fabriquées par Renault en France soit en hausse. Comme celui de Toyota. Car rappellons-le haut et fort, Toyota, le japonais (!), produira plus de voitures en France en 2021, qu'il n'en a produit qu'en 2019, puisqu'il ajoute un second modèle à son usine d'Onnaing. Renault ne peut-il faire ce que fait Toyota ?
Laurent J.Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; industrie-production