Renault-Nissan-Mitsubishi : une inter-dépendance un peu plus poussée mais sans plus
Jeu 28/05/2020 — Situation toujours complexe.
Remettre sur pied l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi n'est certainement pas chose aisée, surtout quand du côté japonais, il y avait des francs tireurs qui n'hésitaient pas à tirer dans les pattes de leurs camarades. D'une certaine manière, la crise du Covid_19 aura là été salutaire, puisqu'en mettant toute l'industrie à genoux, tout le monde se rend compte que c'est plus facile de se remettre debout en s'appuyant les uns sur les autres. Dans une conférence de presse commune, les 3 constructeurs ont alors adopté le principe du leader-follower.Son application est double. D'abord sur le plan du produit. Renault sait bien faire des petites autos comme la Clio, elle se vend beaucoup mieux que la Nissan Micra. Renault sera donc le leader de l'alliance pour les petites voitures. Sur un autre plan, Nissan sait bien faire des gros SUVs. Nissan sera donc le leader de l'alliance pour ce type de véhicules. Les produits, ce sont les voitures, mais aussi les technologies. Mitsubishi a développé une très bonne chaine de traction hybride rechargeable, elle sera déployé par les autres marques de l'alliance. Tout ceci parait très bien, on prend donc le meilleur de chacun, et on le partage avec les autres.
La règle du leader-follower s'applique aussi géographiquement. Renault est fort en Europe, mais inexistant au Japon. Nissan est fort au Japon et aux Etats-Unis, etc... Chaque marque se concentrera sur le marché où il est le plus fort, et il servira là de référence pour les autres membres de l'alliance. Encore qu'on attend de voir comment cela va se concrétiser sur le terrain... Le point le plus critiquable maintenant dans cette nouvelle règle du leader-follower, est qu'elle va peut-être creuser encore plus les forces et faiblesses de chacun. Renault va se spécialiser dans les petites voitures, OK, et Nissan dans les grands modèles, très bien, sauf que ce sont les plus grands modèles qui font les plus grosses marges. Idem côté marché, avec les Etats-Unis qui sont plus rentables que l'Europe. Nissan va donc continuer à faire plus de bénéfices que Renault...
Enfin, au niveau production, on apprend avec dépit qu'à l'horizon 2025, Renault, Nissan et Mitsubishi vont produire en commun « près de 50% » de leurs modèles. Chez Seat ou Skoda, ce sont 100 % des gammes qui utilisent une technologie Volkswagen. L'alliance va donc rester... Largement désunie, et peu intégrée.
Laurent J.Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; industrie-production