RE2020 : comment le gouvernement va plomber la construction et le biogaz
Mer 25/11/2020 — Menaces sur l'industrie auto ?
Barbara Pompili a présenté hier la nouvelle RE2020, ou la Réglementation Environnementale qui s'appliquera au batîment, les nouvelles constructions, à compter de l'été prochain. L'objectif est ambitieux, il vise une réduction de 30 % des besoins énergétiques des habitations. A priori, c'est bien, tout le monde est pour la maison passive, même s'il est clair que cela complexifie la construction, et renchérit son coût. Surtout que dans les détails, il y a de quoi avoir peur. Le projet de la ministre met en avant les matériaux bio-sourcés pour la construction, comme le bois qui va devenir central, et les énergies renouvelables pour le chauffage, comme par exemple la biomasse. Ceci est bien, mais on s'effraie d'un seuil maximal d'émission de CO2 à 4 kg par an et par m². Parce que cela implique l'interdiction de fait du chauffage au gaz, alors qu'il était encouragé par la règlementation précedente.Et c'est très grave, parce que si la ministre a plusieurs fois évoqué les pompes à chaleur, leur efficacité dépend du terrain, elle est très variable. Pour les zones où une pompe à chaleur peut difficilement donner de bons résultats, il est maladroit de s'interdire la possibilité d'un chauffage à gaz, surtout pour une grande maison. Et plus grave encore, ce sont les propres mots de Mme Pompili : “ on ne fait pas la différence entre le gaz naturel et le biométhane ”. Là, c'est franchement triste, parce que la France possède un beau potentiel de dévelppement du biogaz, et que le gouvernement va le brider en en interdisant l'usage dans les habitations particulières neuves. A défaut du gaz, on mettra des radiateurs électriques, mais la RE2020 fixe aussi un seuil maximal de consommation d'énergie primaire non renouvelable, et un seuil non dépassable de consommation d'électricité non renouvelable. La ministre n'a pas encore précisé, s'il sera possible de passer outre en signant avec un fournisseur d'électricité certifiée renouvelable, mais une chose est sûre, il va devenir vraiment très compliqué (et cher !) de se faire construire une maison en France.
On espère que de telles règlementations ne viendront jamais à l'automobile, où il faut conserver un choix d'énergies, sans nier les différences entre carburants pétroliers, et ceux d'origine agricole ou synthétique, ni en imposant une consommation maximale à ne pas dépasser.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; ecologie