Dieselgate : Renault et Volkswagen mis en examen, mais c'est trop tard
Jeu 10/06/2021 — La lenteur annule tout.
La justice est d'une efficacité très inégale en France. C'est de la politique hors des sujets de ce site, mais tous les français ont pu constater que certains dossiers avancent très rapidement, alors que d'autres traînent, dorment dans des placards pendant des mois, voire des années. Le dossier du dieselgate appartient plutôt à cette seconde catégorie. On rappelle que les débuts de l'affaire remontent à septembre 2015, que l'ouverture de l'information judiciaire en France, était en janvier 2017, et ce n'est donc qu'aujourd'hui, en juin 2021, que Renault, puis Volkswagen (et Fiat pourrait suivre), sont mis en examen (ce qui ne présume en rien de leur culpabilité). La procédure judicaire durera encore un certain temps, mais on peut déjà écrire que plus durera, plus elle s'enlisera. Elle deviendra aussi de plus en plus inutile. On rappelle en effet que concernant le constructeur allemand, les autos qui avaient un logiciel truqueur datent de 2009 à 2015. Nombre d'entre elles sont déjà parties à la casse. De celles qui sont toujours en circulation, combien sont-elles toujours aux mains du même propriétaire ? Parce que si la voiture a été revendue, le premier propriétaire ne pourra plus prétendre à une indemnisation pour un bien qu'il n'a plus, et le suivant pourra difficilement prétendre à quoi que ce soit, considérant que le caractère délictueux du logiciel de gestion moteur n'était pas un vice caché, et qu'il n'empêchait pas la marche du véhicule.Ensuite, et c'est maintenant confirmé, il est établi concernant Renault, que ce constructeur n'a pas utilisé de logiciel détectant spécifiquement le passage au test d'homologation, pour mettre en veilleuse le système antipollution (ce qu'avait fait Volkswagen). C'est dire que quelque soit la culpabilité de Renault (qui reste à déterminer, si elle existe), elle est moindre que celle de Volkswagen (qui elle, est bien réelle). Alors la machine judiciaire est lancée, mais quand les normes ont changé, quand ce qui était possible hier ne l'est plus aujourd'hui, et que toute l'industrie a adopté de nouvelles technologies, plus efficaces et plus robustes, on souhaite passer à autre chose le plus vite possible. Les constructeurs ont d'autres problèmes à règler, le système judiciaire aussi.
Laurent J. Masson
Illustration : Renault Laguna de 2012 (archives).Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; normes-antipollution