L'hydrogène peut-il sauver la Formule 1 ?
Dim 18/07/2021 — Ross Brawn pose la question.
Quel est l'avenir de la Formule 1 ? On l'aime ou on ne l'aime pas, mais la Formule 1 représente le sommet de la technologie automobile, et à l'heure où la voiture de Mr Tout-le-monde s'électrifie à grande vitesse, la F1 doit s'interroger. Ross Brawn, ingénieur directeur ex-Ferrari et Mercedes, et aujourd'hui directeur technique et manager de la Formule 1, a donné son avis à la BBC.L'homme ne croit pas qu'une voiture à batterie puisse jamais remplacer les F1 actuelles à essence. En fait, c'est simple, si on voulait que les performances et l'autonomie soient les mêmes, il faudrait une batterie de plus de 6 tonnes. Oui, c'est énorme, mais une voiture de 1000 ch qui fait des pointes à plus de 300 km/h pendant 90 minutes, cela consomme beaucoup, beaucoup d'énergie. La propulsion électrique a aussi le handicap d'être très peu bruyante. Cela ne change pas grand chose pour celui qui regarde un grand prix sur son smartphone, mais pour les gens qui se déplacent pour assister aux courses, il faut du spectacle. Et déjà, il est en baisse. Les moteurs de très faible cylindrée avec des régimes de rotation très élevés, font des bruits moins excitants que les moteurs d'avant, avec plus de cylindrée, et qui tournaient moins vite.
Ce choix technique a cependant rendu cette compétition plus écologique. Les F1 actuelles avec des V6 hybrides ont un rendement thermique de 50 %, ce qui est franchement fantastique, et bien meilleur que n'importe quelle voiture routière. On pourrait faire encore mieux avec une propulsion électrique, mais devant le problème insoluble de la densité énergétique, Ross Brawn lance l'hypothèse du carburant hydrogène. Sans pile à combustible, dans un moteur à combustion interne comme aujourd'hui.
Ross Brawn ne le dit pas, mais il y aurait tout de même le souci de la densité volumique, puisque si le carburant serait très léger, peut-être 30 kg pour faire une course, le réservoir ferait plus d'un mètre-cube (avec de l'hydrogène liquide). Les ingénieurs chassis et aérodynamiciens devraient faire des heures supplémentaires. Mais parce qu'un moteur thermique à hydrogène, s'il a un excellent rendement thermique, n'est pas très bon en puissance au litre, cela exigerait des moteurs bien plus gros que ceux qu'on emploie aujourd'hui. Alors un championnat de F1 avec des V12 de 5 litres de cylindrée à l'hydrogène, qui est contre ? Cela n'aurait certes pas le côté futuriste de la Formule E, mais question spectacle et respect de l'environnement, sans aucune émission de CO2 et avec le bruit de gros moteurs, beaucoup d'amateurs aimeraient.
Laurent J. Masson
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