Mobilité écologique : Biden sans ambition
Ven 06/08/2021 — La grande déception.
La Norvège est-elle une dictature ? Ce pays a en effet frappé les esprits, puisqu'il a décidé qu'en 2025, seules les voitures neuves zéro émission, donc électriques ou à hydrogène, pourraient être immatriculées. C'est une mesure forte, et c'est aussi une mesure arbitraire, puisqu'on sait faire de l'essence synthétique, du biométhane, des biocarburants de troisième génération, et que donc la propulsion électrique n'est pas une alternative unique pour réduire les émissions de CO2 en provenance des voitures particulières. Pays de la liberté, les Etats-Unis ne pouvaient suivre pareil exemple, et ils ne l'ont donc pas suivi.Ils en sont même très loin. Le président Biden vient en effet de signer une déclaration d'intention, pour fixer l'objectif qu'une voiture sur deux ait une capacité zéro émission à l'horizon 2030. Il faut être précis, il s'agit donc qu'en 2030, une voiture neuve sur deux soit une électrique, sur batterie ou pile à combustible, ou une hybride rechargeable. C'est donc un objectif qu'on qualifiera de modeste, et qui donnera une grande place au marché, comme c'est la règle en Amérique. Les 3 grands groupes américains, Ford, General Motors et Stellantis (ce dernier étant américano-européen) ont déjà annoncé qu'ils soutenaient cet objectif, d'autant plus facilement qu'ils se sont déjà engagé vers des objectifs autrement plus ambitieux, dans la vieille Europe.
Là où Biden a déçu, c'est plutôt dans la faiblesse des valeurs CAFE pour dans 5 ans. Les valeurs CAFE (Corporate Fuel Economy Average) sont plus importantes, puisqu'elles ont un caractère obligatoire. Les constructeurs doivent les respecter, sinon ils devront s'acquitter de lourdes amendes. Mais tout ce que Biden propose, est une moyenne de 4,52 l/100 km (52 MPG), et de 106 g/km d'émission de CO2 pour 2026.
C'est dire qu'en réalisant, ne serait-ce qu'un dixième de leurs ventes, avec des hybrides rechargeables et des électriques (qui compteront à 0, et feront baisser la moyenne), il y aura assez de marge pour que des millions d'américains puissent continuer à acheter des gros et gourmands pick-ups de 3 tonnes. On attendait plus d'un président qui avait mis en avant son volontarisme écologique, lors de sa campagne.
Laurent J. Masson
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