Après l'échec logique de la Lightyear 0, la 2 sous de meilleurs auspices
Lun 30/01/2023 — Mais la partie n'est pas gagnée.
L'idée d'une voiture solaire fait évidemment réver. Une voiture sur laquelle on n'aurait jamais besoin de faire le plein, ou de recharger. Une voiture qui marcherait toute seule, en s'auto-alimentant, c'est tout simplement fabuleux. Mais il est à craindre que cela n'existe jamais. Du moins pas avec une auto respectant les normes de sécurité. Ce qui existe, est la voiture électrique, normale avec une batterie, sur laquelle on ajoute des cellules photovoltaïques sur la carrosserie, afin d'en augmenter un peu l'autonomie. C'était le pari de la Lightyear 0 (initialement nommée Lightyear One, ci-dessus), le fruit d'ingénieurs hollandais. Une voiture électrique de moyenne gamme, moteur de 130 kW et batterie d'une capacité de 60 kWh.
Le pari de la Lightyear 0 était de combiner une masse très bien contenue, avec un aérodynamisme record grâce à une carrosserie à longue queue (comme les autos des 24 Heures du Mans), largement recouverte de panneaux solaires. Les ingénieurs qui ont conçu cette auto ont de l'expérience, ils ont plusieurs fois gagné le World Solar Challenge. Mais concevoir une voiture de compétition est très différent d'une voiture de série, homologuée pour la route. De plus, Lightyear n'est pas une société industrielle, il n'a aucun outil de production. Il a alors pris les services de la société finlandaise Valmet, mais le budget n'a pas suivi.
Cela parce que le prix de vente était complètement insensé à 250 000 €. C'est plus cher qu'une Tesla Model S Plaid, qui est un summum de performances, ou qu'une Mercedes-Maybach S 680 V12, un summum du luxe. Alors qu'une Renault Megane E-Tech est plus performante et mieux construite qu'une Lightyear 0, pour moins d'un cinquième du prix. On rajoute 20 000 € pour une installation solaire complète dans son jardin, avec des panneaux parfaitement orientés, et cela produira 10 fois plus d'électricité que l'auto. Pour un tiers du prix... Alors comme on peut facilement le comprendre, les clients ne se sont pas bousculés, et l'aventure n'a même pas duré un mois. Moins d'une dizaine de voiture Lightyear 0 auraient été fabriquées. Et les détails n'ont pas été rendus publics, mais Lightyear a demandé un report de paiement à certains fournisseurs...
Heureusement, quand on y croit, on a toujours l'avenir devant soi, et Lightyear annonce un nouveau modèle, la Lightyear 2 (ci-dessus, le prototype), une autre auto électrique avec autonomie prolongée par des panneaux solaires, qui serait proposé au tarif très concurrentiel de 40 000 €. Soit moins qu'une Volkswagen ID.3. On ignore encore où ce futur modèle sera fabriqué. Ce sera peut-être encore chez Valmet, mais les ouvriers finlandais demandent de bons salaires, et si la Lightyear 0 était légère, c'est parce qu'elle avait une carrosserie en plastique renforcé de fibre de carbone. La Lightyear 2 sera nécessairement plus lourde, et sans usine, le futur constructeur n'aura pas de contrôle direct sur ses coûts de production.
Arval y croit, la filiale de BNP-Paribas a annoncé son intention d'acquérir 10 000 Lightyear 2 dès qu'elle sera disponible, ce serait fin 2025. La présentation complète de l'auto serait pour cet été, mais ce sera l'équation industrielle qui sera la plus difficile à résoudre. Une production sous-traitée à des chinois n'est probablement pas une hypothèse à exclure. Pour ceux qui y croient, il est possible de s'inscrire sur une liste d'attente. L'autonomie serait de 800 km, dont quelques 70 km (au plus chaud de l'été, avec l'auto idéalement garée à Perpignan) proviendraient de l'énergie solaire offerte par les cellules de la carrosserie.Rubrique(s) et mot(s)-clé : autres-marques-artisans ; voiture-solaire-photovoltaique