IBIS : Stellantis révolutionne t-il la batterie ?
Ven 21/07/2023 — Le retour du génie français ?
S'il y a eu énormément de progrès dans les technologies de la voiture électrique, ces dernières années, il n'y a pas eu de technologie de rupture. On a considérablement augmenté la densité énergétique des batteries, et les machines électriques sont de plus en plus compactes. Ce sont de très grands progrès, mais ce sont des améliorations de techniques existantes. Stellantis, avec Saft (groupe TotalEnergies) et le CNRS, ont peut-être trouvé quelque chose de réellement innovant, cela s'appelle IBIS, pour Intelligent Battery Integrated System (Système intégré de batterie intelligente).Quand on branche une voiture électrique sur une borne lente, comme un boitier mural à son domicile, le courant du réseau, alternatif, ne peut être dirigé tel quel dans la batterie, puisque celle-ci ne peut contenir que du courant continu. Il faut donc recourir à un appareil qui convertit le courant alternatif en courant continu. Et pour que l'auto avance, il faut un autre appareil pour faire l'opération inverse, puisque toutes les voitures électriques modernes ont un moteur qui fonctionne au courant alternatif.
L'avantage d'IBIS est de permettre la suppression de ces appareils, le chargeur et l'onduleur, qui remplissent les fonctions de conversion du courant électrique. Encore que suppression n'est pas le bon terme, il faut plutôt écrire qu'il les remplacent. Le principal avantage étant un gain de place, puisqu'un chargeur par exemple, est un appareil d'un volume équivalent à une caisse de 6 bouteilles de vin. Ce qui le remplace est une "carte de de conversion électronique", mais Stellantis se garde bien d'en dire plus sur les caractéristiques de cet élément. Ce qu'il dit est qu'il y a une carte de conversion par module. Dans les illustrations, on voit une batterie constituée de 24 modules, cela fait donc 24 cartes, et cela permet à chaque module d'échanger directement, sans aucun appareil intermédiaire, avec une borne de recharge en courant alternatif, ou le moteur de propulsion de la voiture.
Stellantis dit que ce système IBIS rend les batteries plus efficaces, plus fiables, et moins coûteuses. L'efficacité et la fiabilité étant cependant des points à prouver selon nous. On pense aussi que lorsqu'il y avait un problème avec le chargeur, on changeait le chargeur, et que s'il y avait un problème avec la batterie, on batterie. Avec IBIS, qu'il y ait un problème avec la batterie ou sa carte de conversion, il faudra changer tout l'ensemble. Le constructeur dit aussi qu'il ne sera possible que de charger un seul module, et c'est bien, sauf que dans la pratique, il y a très, très peu de garages qui savent changer un module seul d'une batterie. Reste le rendement, un domaine dans lequel Toyota avait nettement fait progresser la technique avec ses hybrides qui font des conversions AC/DC et DC/AC plusieurs fois chaque minute. L'idée ici est qu'en étant plus près de l'accumulateur, et avec moins d'inertie, ce serait plus efficient.Ce système IBIS est néanmoins une innovation, et on se réjouit qu'un groupe de chercheurs français en soit à l'origine. Les chinois ne sont pas seuls ! Et s'il permet d'accroître le rendement comme Stellantis le dit, c'est fabuleux. Un démonstrateur stationnaire est déjà en test depuis un an, la technologie pourrait arriver sur les voitures de série à la fin de la décennie.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Stellantis ; batterie-propulsion-electrique