Hydrogène : un éco-système français complet
Lun 02/10/2023 — Production, distribution, exploitation.
L'hydrogène en France, on connaît depuis longtemps. La société française L'air liquide est un leader mondial des gaz industriels, et elle a des décennies de pratique dans la production et la distribution de l'hydrogène. La société était déjà leader à la fin des années 1990, où jusqu'aux débuts des années 2000, on a cru que la pile à combustible était l'avenir de l'automobile. C'était avant que les progrès fulgurants des batteries ne viennent tout remettre en cause. Et aujourd'hui, maintenant qu'on a compris les qualités et les défauts des 2 technologies concurrentes, pile à hydrogène et batterie, l'hydrogène revient, plus discrètement, mais sûrement. Il y a aussi là un intérêt stratégique. Parce que si on regarde la filière batterie dans son intégralité, et dans le détail, soit depuis l'extraction des ressources minières, puis dans leur traitement pour obtenir des matières utilisables par l'industrie, et jusqu'à la fabrication des cellules, on voit que toute la chaîne est majoritairement sous le contrôle direct de sociétés chinoises. Et donc indirectement de l'état chinois. Alors que l'hydrogène, on peut tout faire en France.Il y a d'abord la production classique d'hydrogène, par le vaporéformage du gaz naturel, mais L'air liquide sait aussi très bien faire de l'hydrogène de manière renouvelable. Il a d'ailleurs annoncé en septembre un investissement de 400 millions d'euros pour construire le plus gros électrolyseur du monde, en Normandie (Normand’Hy), qui évitera l'émission de 250 000 tonnes de CO2 par an. A côté de cela, une start-up (mais qui l'est de moins en moins) s'est aussi lancé sur ce créneau, c'est Lhyfe, qui transforme déjà de l'électricité provenant d'éoliennes en hydrogène. A la fin de cette année, Lhyfe devrait produire 4 tonnes d'hydrogène vert par jour. L'objectif est de passer à 22 tonnes l'année prochaine, et 80 tonnes en 2026, notamment grâce au projet HOPE, pour produire de l'hydrogène, non sur terre, mais sur une éolienne en mer.
Cet hydrogène doit être distribué dans de multiples stations pour alimenter des véhicules, et l'une des plus grandes du monde est à Paris, où circulent quotidiennement la centaine de taxis à hydrogène de la société Hype.
Pour aller plus loin, L'air liquide a ouvert au début de l'été une station à Fos-sur-Mer. Une grosse station, pensé pour le transport lourd, elle peut débiter une tonne d'hydrogène par jour, compressé à 700 bars. Une seconde station, plus importante, capable de distribuer 2 tonnes d'hydrogène par jour, sera construite pas très loin, à Salon de Provence.
Atawey, autre société française dédiée à la distribution d'hydrogène, gère un réseau qui compte déjà 25 stations, et il y a plusieurs projets d'en ouvrir d'autres.
Ensuite, il faut les véhicules, et ils ont besoin en premier lieu d'une pile à combustible. Mais la France possède un fabricant, Symbio, une grosse PME dont l'avenir est assuré, puisque son capital est détenu à parts égales par 3 géants : Forvia, Michelin en Stellantis.
Il faut aussi des réservoirs d'hydrogène, et là aussi tout va bien, puisque l'équipementier Plastic Omnium vient d'annoncer la construction à Lachelle (Oise), d'une usine qui pourra en produire 80 000 par an. C'est plus particulièrement destiné au transport lourd, mais la société sait aussi en faire pour des automobiles, comme le montre l'illustration ci-dessous. Ce réservoir a été conçu pour avoir la même forme qu'un pack batterie, il abrite dans un caisson, 5 longues bonbonnes.
La dernière pièce du puzzle est un constructeur automobile, et justement, il y en a deux, et tous deux font des véhicules à hydrogène. Renault propose un gros fourgon, le Master Van H2-Tech.
Et Stellantis propose un fourgon compact, disponible chez 3 marques, Citroën, Opel et Peugeot, ci-dessous, le Jumpy de la marque aux chevrons.
On disait il y a longtemps qu'en France, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées. On peut dire aujourd'hui, qu'en France, on a de l'hydrogène, et tout ce qui touche à l'hydrogène. C'est une superbe opportunité.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Renault ; hydrogene-economie