Les chinoises Leapmotor seront exportées par Stellantis
Jeu 26/10/2023 — Une stratégie inhabituelle, choquante ?
Stellantis et la Chine, c'est une histoire complexe. Les marques Citroën et Peugeot avaient eu naguère de bons résultats en Chine, mais le groupe n'a pas su suivre l'évolution du pays. Et alors que la Chine est devenu le premier marché automobile du monde, les différentes marques de Stellantis n'y font quasiment plus que de la figuration. On attendait un changement, et on l'attendra encore, car si Stellantis annonce aujourd'hui un partenariat ambitieux avec un constructeur chinois, le marché local n'est pas l'objectif de l'association. Comme une rumeur l'avait avancé, le partenariat est avec Leapmotor, le constructeur de la petite T03. Stellantis va acquérir environ 20 % de son capital, en échange d'un investissement de 1,5 milliards d'euros. Ce qui valorise le constructeur chinois à quelques 7,5 milliards d'euros, une somme assez insensée pour un constructeur qui n'a vendu que 111 000 voitures l'année dernière... Mais Stellantis va surtout obtenir 51 % de Leapmotor International, une nouvelle société qui aura les droits exclusifs de fabriquer, d'exporter et de vendre les produits Leapmotor en dehors de la Chine (les 49 % restants de Leapmotor International revenant au constructeur chinois).C'est donc une stratégie assez bizarre, bancale même, parce que Stellantis veut gagner de l'argent en vendant des véhicules qui ne seront pas à proprement parler les siens, puisque conçus par un constructeur détenu à 80 % par des investisseurs chinois. Comme si Stellantis n'était plus qu'un distributeur au lieu d'être constructeur. Et Stellantis va t-il concurrencer ses propres marques, avec ces voitures chinoises ? Si on regarde au-delà du court terme, cette collaboration entre Stellantis et Leapmotor n'est pas rassurante pour l'industrie européenne.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Stellantis ; commerce-distribution