Pourquoi des constructeurs veulent lancer l'échange de batterie
Mar 12/12/2023 — Pas dans l'intérêt des consommateurs.
C'est le constructeur chinois Nio qui en est devenu le plus ardent promoteur : l'échange de batterie. Au lieu de recharger sa batterie en la branchant sur une borne de recharge, on va dans une station, où par un mécanisme automatisé, en quelques minutes, la batterie de l'auto est démontée, et une nouvelle unité chargée à bloc vient la remplacer. MoteurNature a déjà évoqué le sujet, en expliquant tout le mal que l'on pensait du système, et alors qu'il continue à se développer, avec même un grand groupe européen, Stellantis, qui s'y intéresse, il faut aller plus loin, et expliquer les buts recherchés. Le premier est bien sûr de gagner de l'argent, et la méthode est de ferrer, d'enchaîner le client. On repensera d'abord à la pratique classique. L'automobiliste achète une voiture neuve. Il va une fois par an chez le concessionnaire pour faire l'entretien le temps que l'auto est sous garantie, et après, c'est fini. La voiture sera entretenue chez un indépendant moins cher. Sauf problème, on peut donc compter sur les doigts le nombre d'interactions entre le constructeur et son client. L'objectif de Nio est de multiplier les interactions entre l'automobiliste et le constructeur, en gagnant de l'argent à chaque fois.Renault avait essayé le système de la location de batterie, aux débuts de la Zoé. Le constructeur automobile était devenu rentier (!), cela n'a heureusement pas duré. Le système d'échange de batterie est encore plus pervers, puisque d'une part, on paye pour un service assimilable à une location de batterie (il faut payer tous les mois), avec un supplément puisqu'il s'y ajoute l'électricité (sur lequel Nio prend évidemment une marge). C'est un bon business pour Nio, mais moins pour l'automobiliste qui ferait des économies en achetant une auto avec sa batterie, et en rechargeant à son domicile. Surtout qu'à la fin, il se retrouvera avec une auto difficile à vendre, puisque le second propriétaire devra continuer à payer pour le système d'échange de batterie, ou se retrouver avec une auto dont l'âge et le kilométrage seront différents de ceux de la batterie, qui seront eux inconnus.
Nous ne pouvons donc que déconseiller l'achat d'une auto d'occasion ayant pris part à un système d'échange de batterie, comme on déconseille ce système à ceux qui achètent une voiture neuve.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Nio ; borne-recharge-electrique