Stellantis a t-il honte de ses marques ?
Ven 16/02/2024 — Intégration, donc dilution ?
Si Stellantis était un fabricant de lessives, il y aurait peu de gens pour s'intéresser aux volumes de ventes par marque. Mais les voitures sont autre chose. A la mi-janvier, le groupe Renault avait publié un communiqué de presse pour détailler les ventes de 2023, celles de Renault, de Dacia et d'Alpine. Toyota de même, détaille ses ventes, celles de Lexus, de Daihatsu... Mais hier, lors de la présentation des résultats 2023 de Stellantis, il fut donné beaucoup de chiffres, mais combien de Citroën ont été vendues l'année dernière, on l'ignore. On n'est plus au temps de PSA, où étaient publiés les résultats par marque. Combien de Chrysler ont été vendues dans le monde, l'année dernière, on l'ignore tout autant.C'est la suite, hélas prévisible, de l'intégration des différentes marques du groupe en une entité unique. On avait vu le 1er mars dernier, la nomination d'un directeur de Stellantis pour la France. Une personne seule pour chapeauter le développement commercial des marques Abarth, Alfa Romeo, Citroën, DS Automobiles, Fiat, Fiat Professional, Jeep, Opel et Peugeot sur le marché français. Si une marque réalise un plus gros bénéfice par voiture vendue qu'une autre marque, il peut choisir de la développer plus, au détriment de l'autre.
Et avant la phase commerciale, au niveau conception et développement, l'intégration est encore plus poussée. Stellantis a dévoilé il y a quelques jours l'Abarth 600e avec un moteur électrique inédit de 240 ch. Tout le monde ignorait qu'il y avait des ingénieurs motoristes électriques chez Abarth. Ce moteur est le fruit du travail des ingénieurs d'une autre marque du groupe... Et la nouvelle Lancia Ypsilon qui met en avant son caractère italien, sera en fait fabriquée en Espagne, dans une usine qui n'avait jamais fabriquée de Lancia...
Alors oui, Stellantis a présenté d'excellents résultats financiers, mais les historiens de l'automobile, comme des millions de passionnés, regrettent amèrement que les marques ne soient désormais plus considérés individuellement. En espérant qu'elles ne valent pas un jour pas plus que des marques de lessive.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Stellantis ; industrie-production