Trump, une chance pour la mondialisation de la voiture électrique
Ven 08/11/2024 — La seule ?
Avec 295 grands électeurs contre 226 à sa rivale, c'est une très large victoire, incontestable, pour Donald Trump, et qui ne sera pas sans conséquences pour les automobilistes. La première, attendue par beaucoup même si elle est un mauvais signal, sera une baisse du prix du pétrole. En Alaska ou dans le golfe du Mexique, il n'y aura plus aucune restriction pour forer et pomper. Ce sera surtout une bonne nouvelle pour l'Ukraine, puisque cela devrait diminuer les recettes de la Russie, dont le pétrole et le gaz sont les seuls produits qu'elle vend à l'étranger, et grâce auxquels ce pays finance sa guerre. Pour la voiture électrique, ce ne devrait pas changer grand chose, surtout en Europe où les carburants sont lourdement taxés, comme les voitures essence. On attend plutôt Trump sur un plan... De stratégie industrielle.Pour un américain, comme un européen, la voiture électrique a en effet un défaut, c'est d'être le plus souvent chinoise, au moins partiellement. Le premier fabricant mondial de batteries est chinois, c'est CATL, le second, BYD, aussi. Au premier semestre de cette année, ce sont au moins deux tiers des voitures électriques qui avaient des cellules de batteries chinoises. Et il n'y a pas que la fabrication des cellules, les chinois contrôlent toute la chaine d'approvisionnement. Plus de trois quarts du raffinage mondial du lithium est entre leurs mains. Ils dominent aussi les traitements du cobalt et du nickel, sans oublier les terres rares dont ont besoin les plus puissants moteurs électriques.
C'est là que Trump peut agir : pour briser la domination chinoise sur la mobilité électrique, et mettre une part de ce gâteau entre des mains américaines. Trump aura pour cela un conseiller qui est probablement l'homme le plus qualifié en ce domaine : Elon Musk. En clair, nous attendons du président des Etats-Unis qu'il fasse pour son pays ce que Bruxelles est incapable de faire pour l'Europe. A t-on déjà vu un contrôleur des impôts négocier avec des contribuables pour déterminer avec eux le taux de fiscalité qui leur sera applicable ? C'est ce qu'a fait l'union européenne pendant plusieurs mois avec les constructeurs automobile chinois. Et quand on croyait que l'égalité devant l'impôt était un principe du droit, le constructeur MG n'est pas taxé au même taux que BYD. Du grand n'importe quoi, et pendant ce temps-là, Volkswagen et plusieurs équipementiers licencient des milliers de personnes. Où est la stratégie européenne pour l'industrie auto ?
Aux Etats-Unis par contre, on peut faire confiance à Trump pour soutenir l'industrie américaine, et pour qu'il dise aux chinois que les taxes seront du montant qu'il a décidé, et que s'ils ne sont pas contents, c'est pareil. La plus grande usine Tesla est aujourd'hui en Chine, mais si Trump et Elon Musk travaillent ensemble, ils pourraient aboutir à ce qu'une usine Tesla américaine, soit encore plus grande et, peut-être avec des robots, avec un coût de production inférieur à l'usine chinoise. Peuvent-ils y parvenir ? Ce serait bien pour l'Amérique, et ce serait bien aussi pour la mobilité électrique, alors on l'espère.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; industrie-production