Pourquoi Honda voudrait-il sauver Nissan ?
Jeu 19/12/2024 — Petite analyse.
En avril, on avait appris que les 2 constructeurs japonais, Honda et Nissan, envisageaient un partenariat dans l'objectif de développer et de produire en commun des futurs modèles électriques. Oui. Pourquoi pas ? Aujourd'hui, d'après le quotidien Nikkei, les 2 parties songeraient à une fusion complète, et cela change tout. On commencera par dire que les 2 constructeurs ne sont pas du tout égaux. Si on regarde les capitalisations boursières, Honda est quasiment 4 fois plus gros que Nissan (encore que le cours de l'action Nissan est sujet à une forte spéculation depuis que la nouvelle est tombée). Ensuite, Honda est une entreprise profitable, il gagne de l'argent, alors que Nissan ne fait qu'en perdre depuis plusieurs années.Il faudra vraiment retenir l'arrestation de Carlos Ghosn comme la plus grande erreur de management du siècle. Pour la capitalisation boursière comme pour les ventes, ce fut un désastre financier, dont Nissan ne s'est toujours pas remis, et qui l'enfonce de plus en plus. Nissan était un leader technologique avec la GT-R en 2007, puis avec la Leaf en 2010, et puis quoi ? Il y a aujourd'hui la technologie e-Power, au demeurant fort agréable, mais qu'il est difficile de voir comme une technologie d'avenir. Et vu que la société a dû réduire son budget R&D du fait que ses ventes sont en baisse, on ne prévoit pas grand chose d'excitant dans la gamme Nissan à venir. Le constructeur aurait bien besoin d'un partenaire capable de lui apporter des technologies dernier cri.
La vraie question est alors de savoir ce que Nissan pourrait apporter à Honda. Des économies d'échelle, en partageant les plateformes Honda avec des futures Nissan ? Si la chose est possible, elle demanderait que des véhicules soient produits en commun, avec probablement des fermetures d'usines, et des milliers de suppressions d'emplois. Sans oublier le risque de cannibalisation, puisque les 2 constructeurs tirent l'essentiel de leurs profits du marché américain.
Enfin, il y a la complexité de la situation, puisque les 2 constructeurs ont déjà de multiples liens avec des tiers. Nissan est toujours en relation avec Renault, ainsi qu'avec Mitsubishi, Honda a un partenariat avec General Motors sur l'hydrogène et les batteries, il a un autre accord avec Isuzu, encore un autre avec Kawasaki, Suzuki et Yamaha pour le moteur thermique à hydrogène, et Honda a enfin un partenariat avec Sony pour lancer conjointement une grande berline électrique. Alors si sur le papier, Honda et Nissan pourraient devenir le troisième groupe auto mondial, la concrétisation paraît très, très complexe, et semée d'embûches.
La bourse voit clair. L'action Nissan est en hausse, celle de Honda est en baisse.
Laurent J. Masson
Rubrique(s) et mot(s)-clé : Nissan ; industrie-production