Chinoises électriques à prix minimum, l'Europe va t-elle sacrifier son industrie auto ?
Dim 13/04/2025 — Un risque réel d'auto-destruction.
Les voitures chinoises sont surtaxées avant d'être vendues en Europe. On peut être partisan du libre-échange, mais vu que les travailleurs chinois sont moins bien payés que les européens, qu'ils ont moins de droits sociaux (maladie et retraite), que les constructeurs sont soutenus par leur gouvernement, et que s'appuyant sur leur énorme marché intérieur, ils font des économies d'échelle auquel les européens ne peuvent prétendre, cette surtaxe ne paraît pas anormale. A la limite, elle est même insuffisante.Même surtaxées, les Dacia Spring et Leapmotor T03, sont proposées à des prix compétitifs aux automobilistes européens. On pensera aussi à la toute récente Smart #5 Brabus. Par rapport à une BMW iX2 xDrive30 seulement 5 % plus chère (en Allemagne), la voiture chinoise a le double de la puissance, et une batterie 50 % plus grosse. La BYD Atto 2 que nous avions essayé il y a quelques semaines, est très nettement plus spacieuse, plus confortable, bien mieux équipée et plus puissante qu'une Peugeot E-2008, alors qu'elle est moins chère.
La seule chose à faire si on voudrait sauver l'industrie auto européenne serait d'augmenter encore les taxes sur les électriques chinoises. C'est ce que fait Trump dans son pays. Mais en Europe, Maros Sefcovic, le commissaire européen au commerce, négocie actuellement avec Wang Wentao, le ministre chinois du commerce, d'une suppression des taxes à l'importation en Europe, pour les remplacer par un système de prix minimum. Ce qui serait inédit avant d'être insensé. Les prix minimum, on peut voir cela pour le lait ou le blé, mais on n'a jamais vu cela pour un produit industriel complexe comme une automobile.Et ce serait fou, absolument destructeur, parce que quelque soit le prix minimum, on peut mettre sa main au feu qu'à prix égal, la voiture chinoise sera mieux que l'européenne. Elle sera plus puissante, mieux équipée et elle aura une plus grosse batterie. Et en plus, cela bloquerait les constructeurs européens aux modèles les plus petits, où les marges sont les plus faibles. Le prix minimum est un suicide. Tous les politiciens préoccupés par l'industrie doivent réagir.
Laurent J. Masson
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