Le ministre subventionne la pollution
Mer 13/10/2004 — C'est un proverbe de Confucius qui dit que plutôt que donner un poisson au pauvre, mieux vaut lui apprendre à pêcher. M. Sarkozy ne le connait pas.
Le prix du pétrole est en hausse, et cette hausse se répercute à la pompe. Alors c'est plus dur pour certains, notamment les agriculteurs, dont on connait la faiblesse des marges bénéficiaires. Leur réaction a été de manifester, et ils ont été rapidement entendus puisque le ministre des Finances, M. Sarkozy, a annoncé ce matin sur France-Inter que le carburant destiné aux agriculteurs serait détaxé de quatre centimes pour les achats de juillet à fin décembre. Voilà la France : le montant des taxes sur l'énergie est variable selon l'acheteur. Agriculteur, chauffeur routier, marin ou automobiliste, c'est toujours le même gazole, mais jamais le même prix.
Alors qu'en ce qui concerne les agriculteurs, déjà au premier rang des plus gros pollueurs de France pour les quantités gigantesques de nitrates et pesticides qu'ils mettent dans le sol, il y a une autre solution que celle de leur faire un prix d'ami pour qu'ils puissent rouler plus longtemps sur leurs gros tracteurs sur lesquels on n'a jamais vu de filtres à particules (les normes ne sont pas les mêmes que sur les voitures particulières). Il existe en effet la solution bio-carburant.A l'heure où le plan bio-carburant du gouvernement est au point mort (en dépit de la visite d'une usine de diester le mois dernier par le premier ministre), et que la France va manquer à ses engagements pris au niveau européen (les biocarburants devraient représenter 2 % de la consommation en 2005, ils ne feront même pas 1 %), ce mouvement des agriculteurs aurait pu être le tremplin où faire rebondir les carburants d'origine végétale. Alors qu'on dénombre 1800 stations vendant du biodiesel dans le pays d'à-côté, en Allemagne, il serait temps que le rêve d'en voir une, une !, ouvrir en France devienne réalité.
Malheureusement, cette idée simplissime mais pourtant si géniale, de dire aux agriculteurs que s'ils veulent du carburant pas cher, ils n'ont qu'à le produire eux-mêmes, le ministre ne l'a pas eu. Et la Direction des Douanes (qui est sous l'autorité du Ministère des Finances) continue de tirer dans les pattes de la petite entreprise Valenergol qui avait osé vendre du biocarburant sans acquitter la TIPP (notre article). Dommage. Pour l'indépendance énergétique du pays, pour les agriculteurs et les zones rurales qui y trouveraient occasion à créer activités et richesses, et pour l'effet de serre qui serait soulagé de ne voir émis que le seul dioxide de carbone préalablement absorbé par les plantes durant leur croissance. C'est vraiment dommage.
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