La France et le transport propre
Jeu 01/09/2005 — L'Agence de l'innovation industrielle (AII) a été officiellement lancée à Reims par le président de la République. Dirigée par Jean-Louis Beffa, elle va vite toucher à l'automobile.
Confronté à la dictature permanente de la bourse, qui interdit tout relâchement des marges bénéficiaires, nos grandes entreprises ont toujours du mal à dégager des fonds pour investir dans des programmes dont la rentabilité est lointaine. C'est là qu'en sachant voir loin, l'AII sera utile, en finançant des projets qui exigent un gros effort de R&D. Mais on s'interroge tout de même sur la finalité de l'agence quand le premier projet qui serait retenu, est celui du développement d'un moteur de recherche multimédia sur Internet ! Si cela a un lien avec l'industrie, nous ne le voyons pas. Heureusement, il y a d'autres secteurs prioritaires, et le président Chirac lui-même a indiqué que l'énergie et les transports non polluants et sécurisés en étaient.Le premier ministre déjà, dans sa conférence de presse du mardi 16 août 2005 sur la hausse du prix du pétrole et la politique énergétique (texte intégral), avait montré qu'il était très au fait des questions pétrolières. Il y avait notamment annoncé le renforcement du crédit d'impôt accordé à ceux qui achetaient des voitures propres (pour les gens qui achèteront une Prius en 2006). Et mardi, c'était le président qui, par sa visite du site d'une future usine de production d'éthanol, puis par son discours (texte intégral), avait souligné l'importance de la question du transport.
Le président avait ensuite surpris avec l'annonce de la création d'un Haut conseil de la science et de la technologie, d'une Agence de l'évaluation de la recherche, et d'une Ecole d'économie. A t-on vraiment besoin de tout cela en sus de l'AII ? (Il va y avoir des places à prendre.) Mais le président a finalement déçu quand il a évoqué les biocarburants. « Et je demande au Gouvernement de lancer dès à présent les investissements nécessaires pour permettre à notre pays d'atteindre l'objectif ambitieux qu'il s'est fixé à l'horizon 2010 : une multiplication par sept de la part des biocarburants dans la consommation totale. ».
Les faits sont les suivants : la part des biocarburants dans la somme des carburants automobiles consommés en France est d'un peu plus de 0,7 % (sous forme d'additif aux carburants pétroliers). La France s'est cependant engagée à faire passer cette proportion à 5,75 % en 2010 par un accord européen de 2001. Et tout ce que le président a proposé était alors de faire pour que la France respecte sa parole passée, ce qu'elle n'a pas fait jusqu'à présent, puisque le pays devrait déjà être à 2 % de biocarburant...
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