Rouler aux déchets, pas aux chats
Lun 19/09/2005 — A Francfort, mais en marge du salon (l'entreprise n'y avait pas de stand), une PME allemande a présenté un nouveau carburant écologique fabriqué à partir de déchets ménagers.
Cette PME, Alphakat, dirigée par Christian Koch, s'est magistralement débrouillée pour faire parler d'elle, en obtenant du quotidien allemand Bild qu'il diffuse l'un des plus gros canulars de l'année : qu'il était possible de fabriquer 50 litres de gazole avec une vingtaine de cadavres de chat ! Une information de ce calibre, le rédacteur en chef de ce journal aurait dû exiger qu'elle soit vérifiée avant publication ! Ce ne fut malheureusement pas le cas, et après qu'elle fut reprise ici et là, le communiqué officiel d'Alphakat pour la démentir fut lui diffusé partout dans le monde. Mauvais coup pour la réputation de Bild, mais super coup de pub pour la PME Alphakat, qui si elle n'est pas capable de fabriquer du carburant à partir de chats (heureusement, pauvres minets !), aurait néanmoins inventé une nouvelle technique pour convertir les ordures ménagères en carburant automobile.Cela fait des années qu'on sait comment fabriquer du carburant avec des déchets, il est par exemple assez facile de fabriquer du biogaz, et le carrossier/inventeur suisse Rinspeed, avait présenté un concept-car utilisant cette technique il y a quelques années (notre illustration), mais les moyens nécessaires à une production régulière et de qualité constante sont élevés. L'entreprise de M. Koch retient alors l'attention quand elle dit parvenir à fabriquer un carburant liquide utilisable dans un moteur diesel pour seulement 23 centimes d'euro le litre.
Cette somme parait même incroyablement faible, quand on prend en compte le coût d'acheminement des déchets sur le lieu de production, le coût d'élimination des déchets ferreux (boites de conserve) et des autres matières qui ne peuvent rentrer dans le processus de transformation, le coût d'acquisition et d'entretien de la machine d'Alphakat, le coût de l'énergie pour la faire fonctionner, le coût d'évacuation des résidus... Bref, difficile de croire à la réalité de cette invention, d'autant plus que le site Internet de l'entreprise n'est pas très informatif. Mais pour les investisseurs qui ont du à temps et de l'audace, l'entreprise Alphakat recherche des partenaires financiers. (Le kat, suffixe du nom de l'entreprise tient de katalysatoren et non de katze.)
Sinon, pour revenir à l'idée qui a fait scandale, il est tout à fait possible de se servir de n'importe quel cadavre de mammifère comme combustible (nous sommes composés de carbone, d'oxygène et d'hydrogène...). Ce n'est pas commode dans une voiture, mais ce peut aller dans une chaudière. Quelque soit l'animal cependant, la densité énergétique du cadavre combustible est très mauvaise. Comme le disait le docteur Landru (rapporté par Pierre Desproges) : « on est bien peu de choses ! ».
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; carburant-energie