Le climat et ses docteurs sont malades
Jeu 01/12/2005 — La Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques a lieu en ce moment à Montreal. Elle est la suite directe des accords de Kyoto de 1997.
Forcément très technique, et tout aussi politisé, ce cycle de conférences marque la première rencontre des 157 signataires des accords de Kyoto, en donnant pour la première fois la parole à ceux qui ne l'ont pas souvent, comme la Zambie, le Zimbabwe ou l'Iran. Mais la Conférence a débutée par la présentation de nouvelles études scientifiques toutes plus catastrophiques les unes que les autres. On retiendra notamment : une étude du NOAA qui prévoit une réduction des pluies de 30 % dans toute l'Afrique du Nord sub-saharienne, un rapport du Centre Hadley pour la Prédiction du Climat et de la Recherche qui établit que la force des courants marins à l'intérieur de l'océan artique s'est fortement accru à cause des activités humaines, les travaux du Centre National Océanographique anglais qui prouvent que les courants du Gulf Stream faiblissent et que cela aboutira à refroidir toute l'Europe, et moult autres études, largement et méticuleusement documentées pour expliquer que les ouragans, les tornades et autres tsunamis vont croître et se multiplier. Côté politique, l'enthousiasme n'est pas non plus de mise, puisqu'un rapport officiel de l'Agence Européenne de l'Environnement prévoit que l'Europe ne parviendra pas aux objectifs fixés, et que nous serions 5,5 % au-dessus. Les coupables sont multiples, mais on peut citer en premier l'essor du transport aérien, du fait des compagnies low-cost, en même temps qu'on se lamentera que de la production d'électricité dans l'Union Europeénne, la part obtenue avec des énergies renouvelables, à la base déjà très faible, n'ait augmentée que de 0,5 % depuis 1990.Peut-on se réconforter par le constat que ce n'est pas mieux ailleurs ? La Chine, l'Inde et les Etats-Unis ne sont pas concernés par le protocole de Kyoto, auxquels ils n'ont pas adhéré (et si cela avait été le cas, ils échoueraient à leurs objectifs de bien plus de 5,5 %, en dépit des chiffres faussement flatteurs avancés par les Etats-unis), mais ils sont néanmoins présents à Montreal de par leur participation à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, l'agrément dont le protocole de Kyoto a été une extrapolation. Il y a tout de même une raison de se réjouir, elle est que le marché des émissions de carbone soit désormais bien parti. Si les entreprises des pays qui ont ratifié Kyoto ont désormais un intérêt économique à faire preuve de vertu écologique, les entreprises d'autres pays qui voudront étendre leurs activités aux pays ratificateurs devront faire de même simplement pour être concurrentielles. Mais en dépit de ce succès, et de la bonne volonté évidente de nombreux hauts fonctionnaires internationaux, malades de leur impuissance, il est difficile de faire preuve d'optimisme, tant la minorité qui fait blocage, les malades de leur puissance, est remuante. Sans doute que les ouragans n'ont pas soufflé assez fort en 2005. Mais on sait qu'ils souffleront plus fort l'année prochaine...
Rubrique(s) et mot(s)-clé : hors-constructeur ; politique-transport_monde ; ecologie