Le Mondial de l'auto 2004, l'hydrogène et la traction électrique à l'honneur
Sous le signe de la performanceLes voitures écologiques, tout le monde est pour, mais au moment de l'achat, les performances, l'autonomie ont vite fait de rediriger l'acheteur écolo vers des choix plus conventionnels. Ce ne sont pas les vendeurs de l'unique voiture électrique encore disponible en 2004, la Renault Kangoo, qui diront le contraire. Mais pour changer cela, BMW présentait au salon le Concept H2R (ci-contre). Animé par un moteur thermique à 12 cylindres en V fonctionnant à l'hydrogène, ce roadster parcourt le km départ arrêté en 26.5 secondes, et dépasse les 300 km/h en pointe. Le tout sans aucune émission de dioxide de carbone. Mais au risque d'étonner, notre avis est que le plus surprenant dans ce prototype est qu'il ait été dévoilé à Paris.
Parce qu'au salon de Francfort, on voit à chaque édition des BMW à hydrogène, mais qu'il y en ait une à Paris, voilà une première qui témoigne de la volonté de BMW d'accélérer le rythme. C'est le signe que l'age de l'hydrogène a commencé, et parions déjà qu'une monoplace à hydrogène qui roule à 300 km/h, si cela semble novateur aujourd'hui, cela ne le sera pas longtemps...
Idem une voiture de sport électrique. C'est le constructeur français Venturi (photo ci-contre) qui s'engage sur cette voie. On ne savait plus trop que penser de ce petit constructeur, qui avait présenté un nouveau modèle en grande pompe au salon de Genève en mars 2002, mais qui ne faisait plus parler de lui depuis lors. Le projet de faire renaître la marque était-il abandonné ? On est plutôt heureux d'avoir appris que non, mais franchement heureux d'avoir appris que la voiture avait adopté un moteur électrique, ce qui était totalement inattendu.
Avec 180 kW aux roues arrières, la voiture dépasserait les 170 km/h en pointe, avec une accélération de 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes. Chiffres néanmoins à vérifier, car pour l'heure, cette voiture n'en est qu'au début de son développement, et elle n'a encore jamais été chronométrée. Mais l'autonomie annoncée, 350 km, semble pourtant réaliste, car le pack de 350 kg de batteries Li-Ion stocke pas moins de 58 kWh. Seul hic, le tarif fixé à 540 000 € (un demi-million). Voilà le prix, d'une auto unique, faite à la main, avec l'accélération d'une Ferrari, mais sans le bruit, ni la pollution, ni le souci de devoir passer des vitesses (la Venturi ne possède qu'un réducteur). Y a t-il des clients pour un tel produit, on peut au moins féliciter Venturi pour prendre le risque de poser la question.
Des clients, Toyota par contre n'en manque pas, et les carnets de commande de la Prius sont tellement outrageusement pleins, que la constructeur n'a aucune raison de chercher à développer une version de série du concept
Prius GT (photo ci-dessus). Comme la Venturi et la BMW H2R, l'auto n'est exposée que dans le but de faire savoir qu'écologie et performances ne sont pas incompatibles. Rien de plus. D'ailleurs l'auto exposée est une conduite à droite, et c'est pour cacher cela que ses vitres sont parfaitement opaques. Mais autre concept mariant l'écologie et la performance, le prototype Avensis D-4D 180 Clean Power (photo ci-dessus) bouscule lui aussi pas mal de préjugés. 180 ch et 400 Nm de couple sont des valeurs qu'il aurait été insensé d'espérer d'un 4 cylindres diesel de 2 litres il y a 10 ans, ce seront pourtant (approximativement) celles du D-4D nouvelle génération que Toyota mettra sur le marché en 2005.
Pour ce faire, le constructeur japonais met en place une nouvelle unité de production en Pologne, avec une capacité prévue de 150 000 moteurs/an. C'est la technique des injecteurs piézoélectriques qui permet de tirer tant de puissance d'une si petite cylindrée. Et par rapport aux injecteurs à électrovanne aujourd'hui le plus souvent employés, les injecteurs piézo permettent d'envoyer dans les cylindres une plus grande quantité de carburant en un temps plus court. Dans une rampe commune à la pression de 1800 bars, et avec le système de dépollution D-CAT de Toyota, qui agit aussi bien sur les oxydes d'azote (NOx) que sur les matières particulaires, ce moteur promet de passer haut la main les nouvelles
normes anti-pollution de 2005, en étant 50 % inférieur à la limite autorisée pour ce qui est des NOx, et 80 % en dessous pour les particules.
Toujours dans la course aux performances, Giugiaro exposait le concept-car
Volta déjà vu à Genève, mais la voiture a été considérablement modifiée depuis le salon suisse. On ne croit pas pourtant que la décision de la sortir en série ait été prise, mais le développement se poursuit... Autre auto dont le développement se poursuit, la Dassault/Heuliez Cleanova. Mais surprise, alors que la Cleanova 1 était à
Genève une auto originale, la Cleanova 2 présentée à Paris est... un Renault Kangoo. Un Kangoo sur lequel on a greffé le train roulant qu'Heuliez et Dassault ont développé. La rentabilité du projet aurait été impossible autrement (sauf à pouvoir investir une somme considérable, et ne pas en attendre de retour avant plusieurs années, à l'exemple de ce qu'a fait Toyota en 1997).
Ce projet semble aujourd'hui sur des rails, avec le soutien affiché de Louis Schweitzer (président de Renault), qui est venu 2 fois sur le stand Heuliez, une fois seul, et la seconde fois pour y rencontrer le Président pendant sa visite officielle. Sur la photo ci-dessus, on voit de gauche à droite, Louis Schweitzer, Patrick Devedjian, Ministre délégué à l'Industrie, le Président Chirac, Gilles de Robien, Ministre des Transports, et de dos, devant le Kangoo qui a le capot levé, Serge Dassault. Avec tout ce beau monde pour introniser le lancement de l'auto, le projet part sous les meilleurs auspices, et on prévoit déjà la mise en service de quelques véhicules dans une administration l'année prochaine. Cela se fera dans le cadre officiel d'un projet de recherche financé par l'état, mais quant à la production en série, et la commercialisation de l'auto au grand public, ce ne sera pas avant un délai d'au moins 2 ans.
Chez les autres constructeurs aussi hélas, il faut attendre. Certes, on peut voir au salon la Citroën C3 Stop & Start. C'est un pis-aller qui ne satisfait pas grand monde, mais elle a tout de même le mérite d'exister. Alors que plus personne n'achète de C3 qui ne soit pas Stop & Start !
Il est en effet essentiel que cette auto soit une réussite commerciale, pour convaincre les trop frileux financiers européens que les investissements dans les nouvelles technologies de l'automobile sont rentables. Parce que par rapport aux prototypes à PAC réalisés par les japonais (qui ont eu le tact de ne pas les exposer à ce salon de Paris, sauf Nissan), le concept
Peugeot Quark (2 photos plus haut) a bien pâle figure. Surtout quand même les russes, avec des moyens financiers pourtant limités, sont malgré tout capables de sortir déjà la deuxième génération de leur voiture à pile à combustible (photo ci-dessus.)
Comme prévu, il y avait 3 véhicules à PAC dans le hall 1, le quad de Peugeot, un Nissan FCV et un Opel Hydrogen 3 (
celui qui a traversé l'Europe). Mercedes n'exposait bien sûr pas sa
F-Cell, puisque basée sur l'ancienne classe A, alors que la nouvelle était l'une des vedettes du salon, mais le constructeur se distinguait néanmoins par sa promotion des biocarburants. Il est en effet important que les constructeurs fassent la promotion de ces carburants, puisque les politiques ont montré leur incapacité dans cette tâche... Et dans le cas particulier de la France, il en va malheureusement de même de l'hydrogène. Alors que pendant ce temps, le constructeur coréen Kia présente son premier prototype de voiture à PAC, le Sportage FCV (photo ci-dessus), avec le soutien sans faille de son gouvernement comme des banquiers de son pays, qui ont tous compris l'intérêt à développer des voitures non polluantes, mais néanmoins performantes (Kia avance 400 km d'autonomie avec une vitesse de pointe de 140 km/h), et dont le carburant peut se fabriquer de manière renouvelable.
Pour être honnête, précisons quand même que ce Kia Sportage FCV emprunte beaucoup au
Hyundai Tucson FCV présenté il y a 6 mois, et que la PAC n'est pas coréenne, elle provient de chez
UTC, avec qui Kia possède cependant un accord de transfert partiel de technologie. L'autre coréen, Hyundai, qui est la maison-mère de Kia attirait aussi l'attention avec une version Eco de sa Getz. C'est un concept-car, basé sur la Getz diesel, il s'en distingue essentiellement par un moteur amélioré, notamment le système d'injection, et une carrosserie légère puisque réalisée en aluminium. Il est donné pour une consommation moyenne normalisée de 3 L/100 km. Et n'oublions pas que Hyundai commercialisera bientôt une version hybride de cette même Getz...
Pour conclure, il était difficile de ne pas être inquiet à la sortie du salon de Paris. Car si les constructeurs français, et d'une manière globale le pays tout entier, est à la traine dans les techniques liées à l'hydrogène dans les transports, les systèmes hybrides et les énergies renouvelables, les constructeurs français, et même européens ne sont plus à l'abri dans les domaines où ils ont assis une bonne part de leur réputation. Que Hyundai sorte un diesel qui ne consommerait que 3 l/100 km, ou Toyota une Avensis diesel de 180 ch (ce serait plutôt une Lexus qui aurait la primeur de cette puissance), la situation va devenir difficile, et il n'y a que BMW qui a une stratégie cohérente, avec des performances techniques qui vont faire l'admiration. La voiture bicarburation essence/hydrogène sera dans quelques concessions peut-être dés l'année prochaine, et ce ne sera pas la seule surprise.
Addendum 28/09/2004
En marge des stands des constructeurs, on trouvait au salon, pour la première fois, un stand Bolloré. Ce grand groupe français avait déjà retenu l'attention de
MoteurNature en juin, il est au salon pour confirmer la poursuite de son investissement dans la batterie de nouvelle génération qu'il a développé, la
Batscap (batterie super capacité), et il indique qu'un véhicule électrique démonstrateur de la Batscap sera présenté au prochain salon de Genève. Avec plus de 200 km d'autonomie, une vitesse de pointe supérieure à 120 km/h, mais pourtant moins de 150 kg de batteries, ce véhicule pourrait venir révolutionner le segment des voitures à vocation urbaine. Son développement est confié à Philippe Guédon (l'emblématique ancien patron de Matra Automobile), à qui on peut faire confiance pour développer une auto originale.
Au hasard des stands, on découvrait aussi exposé la transmission du nouveau
Ford Escape hybride (non vendu en Europe). Se présentant sous la forme d'un package tout intégré, comprenant une boite de vitesses automatique, un moteur électrique de traction, et un second moteur électrique pour faire office de générateur, cet ensemble est incroyablement compact ! Beaucoup plus que celui d'une Toyota Prius. Comme quoi on peut toujours faire mieux...
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