Ruf Greenster, quand le meilleur de l'artisanat automobile se met à l'électrique

Un moteur qui change tout

2009 sera une grande année pour la petite entreprise Ruf, c'est l'année où elle se sera doublement diversifiée. A l'origine, nous connaissions l'entreprise Ruf comme fabricant de pièces spéciales pour Porsche. Elle avait notamment conçue une boite de vitesses à 5 rapports pour la Porsche Turbo de 1981, qui de série n'avait qu'une boite 4 vitesses. Un peu plus tard, l'expertise du patron, M. Alois Ruf, l'amena à devenir constructeur. Il partait toujours d'un chassis Porsche, mais les autos utilisaient un très grand nombre de pièces uniques, pour offrir des performances nettement supérieures aux Porsche de série, qui ne sont pourtant pas des voitures lentes.

Cette activité continue, on voit d'ailleurs sur la photo ci-contre une CTR 3 en arrière-plan, c'est une auto capable d'accélerer de 0 à 200 km/h en moins de 10 s. En France, perdre son permis n'a jamais été aussi rapide ! La première diversification de Ruf est de s'aventurer hors des sportives à 2 places. Il a présenté à Genève son modèle Dakara, sur base de Porsche Cayenne. Mais pour ce qui nous intéresse à MoteurNature, c'est la sportive électrique qui a retenu toute notre attention. La Porsche électrique, nous l'avions évoqué dés que nous en avions eu l'écho, ce fut une joie de la découvrir en vrai à Genève.

La voiture ne porte pas d'écusson de la marque de Zuffenhausen, c'est une Ruf, mais le look Porsche est reconnaissable entre tous, et celle-ci a même un petit côté rétro, puisque M. Ruf a eu la bonne idée de lui donner le look des anciennes Targa. C'est le mariage heureux de la nostalgie avec la technologie de demain. Nous demandons tout de suite à connaitre les caractéristiques de son moteur, et nous ne sommes pas déçus ! Avec 270 kW (environ 370 ch) et 950 Nm de couple, il est très nettement plus puissant que ceux des roadsters Tesla ou de la Venturi Fetish. Autrement dit, électrique ou essence, la Ruf continuera à être devant toutes les autres...

On s'interroge bien sûr sur le couple énorme, comment le transmettre à la route sans massacrer la transmission ou les pneus (ou les deux), mais M. Ruf a beaucoup de pratique avec des 6 cylindres turbocompressés eux aussi avec des couples très élevés... Nous eûmes ensuite une énorme surprise, quand nous apprîmes le nom du fournisseur du moteur. Jusqu'à ce jour, les constructeurs de voitures électriques achetaient leurs moteurs à AC Propulsion, UQM ou Raser, des PME aux fonds propres limités, mais M. Ruf a convaincu le groupe Siemens de lui fabriquer quelques moteurs.

Nous n'avons pu établir quelle était la volonté d'engagement de Siemens dans le moteur électrique pour automobiles (il avait déjà fait quelques expériences avec Volkswagen), mais un ingénieur Siemens est venu travailler chez Ruf pour parfaire l'intégration à l'auto. Ceci est une nouvelle de très grande importance. Parce que si nous voulons le développement de masse de la voiture électrique, il faut que des gros la soutiennent. Et là, il n'y a pas beaucoup plus gros qu'une multinationale géante comme Siemens, avec des milliers d'ingénieurs électriciens, et des douzaines d'usines partout dans le monde.

La Ruf Greenster sera produite en toute petite série à compter de l'année prochaine. Son électronique de gestion lui permet de se recharger sur une prise 220 V/16 A classique, ou en une heure sur du 400 V. Elle peut aussi alimenter le réseau en cas de pic de consommation, et Siemens travaille à un système de gestion qui pourrait organiser cela à un niveau national... La Greenster sera probablement l'électrique la plus performante du marché. C'est une nouvelle victoire pour M. Ruf, mais nous préférons souligner qu'elle sera la porte d'entrée de Siemens dans le petit monde de la voiture électrique, et que la multinationale allemande entre par la grande porte. Tant mieux.




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