Avec Tesla, Toyota entame une révolution, mais commence par se contredire
Nous avions appris la prise de participation de Toyota au capital de Tesla Motors avec une certaine surprise. Les collaborations entre constructeurs sont courantes de nos jours, mais elles sont rares avec Toyota. Le géant nippon a été associé à General Motors, et il l'est avec PSA Peugeot-Citroën pour la production en commun des C1/107/Aygo, mais ce sont 2 programmes isolés. Cela s'explique partiellement par des raisons culturelles. Les japonais s'associent difficilement avec des occidentaux, et même pas mieux avec d'autres asiatiques, comme les coréens ou les chinois. Le Japon est devenu riche par ses exportations, qui ont permis aux japonais de voyager partout dans le monde, mais sans que cela change quoi que ce soit à leur manière de vivre chez eux. Les japonais sont restés japonais, et ils recherchent rarement la compagnie des non-japonais.
Alors que Toyota, premier contructeur auto du monde, et première entreprise industrielle du Japon, scelle un accord avec une PME américaine, c'est déjà en soi une nouvelle qui détonne.
Sauf que si on regarde les choses de près, on voit qu'en fait, une fois de plus Toyota copie Mercedes. Pour les mêmes raisons ! La marque à l'étoile avait pris
une participation dans Tesla Motors l'année dernière. Cette participation de Mercedes lui a donné une place décisionelle au conseil d'administration de Tesla Motors, et Mercedes a ainsi approuvé l'investissement de Toyota ! Parce qu'ainsi quelque soit les aboutissements techniques de l'accord entre Toyota et Tesla Motors, le groupe Daimler en sera le premier averti... A priori pourtant, ce qui intéresse les japonais dans Tesla, est exactement la même chose que ce qui avait intéressé les allemands. Le logiciel de gestion de la batterie, comme nous l'avions écrit l'année dernière.
Le reflexe normal, pour un constructeur automobile qui souhaiterait développer une voiture électrique, est de rédiger un cahier des charges pour le pack de batteries, et de lancer un appel d'offres. Tesla n'a pas fait comme cela, il s'est débrouillé avec des pièces d'étagère.
Les batteries des roadsters Tesla existaient avant que ne sorte la voiture, ce sont des batteries d'ordinateur portable. C'est théoriquement beaucoup moins bien que des batteries qui auraient été conçues sur mesure, mais grâce à l'habileté de Tesla pour tirer le meilleur de ces milliers de petites batteries, cela marche pourtant drôlement bien ! Sans compter que ces petites batteries étant déjà en production, il y a un avantage coût, par rapport à des batteries qui nécessiteraient un budget de développement, et de mise en production. Cet avantage est-il important ? Il faut le croire, puisque le groupe Daimler a retenu Tesla pour lui fournir le pack de batteries de la première série des Smart électriques. Et Tesla est aussi très bien placé, pour fournir à Mercedes le pack de batteries de la future version électrique de la classe A.
Nous comprenons donc très bien l'intérêt de Toyota. Et son désir de disposer d'un groupe propulseur Tesla sur une de ses plateformes, pour le tester à fond.
Cette première phase de la collaboration entre Toyota et Tesla est déjà commencée, Tesla a installé son ensemble moteur et batteries dans un RAV4. Un prototype roule déjà. Ceci a été fait rapidement, mais d'autres prototypes seront fabriqués, et Toyota les testera longuement, chez lui au Japon. Jusque là, rien de surprenant. Mais le choc auquel personne ne s'attendait, est que Toyota annonce que ce véhicule, le RAV4 électrique motorisé par Tesla, sera commercialisé aux Etats-Unis en 2012. Nous attendons une nouvelle génération du RAV4 pour 2012 (nos illustrations montrent le RAV4 actuel, millésime 2010), et nous ne connaissons pas le chef de projet pour ce modèle, mais connaissant les délais dont on a besoin dans l'industrie auto, nous imaginons que cette nouvelle a dû faire l'effet d'un tremblement de terre, pour les ingénieurs qui travaillent aujourd'hui au futur RAV4.
Valider une chaine de traction intégralement nouvelle, valider son intégration à la voiture, valider la mise en production de ladite chaine de traction... En 2 ans, c'est court.
C'est aussi une grande contradiction, puisqu'après les rappels dont a souffert la réputation du constructeur, nous avions compris que Toyota allait multiplier et prolonger les tests, avant toute mise sur le marché de nouveau produit, renforcer les contrôles qualité... Ce sera difficilement possible en aussi peu de temps, avec ce RAV4 électrique... Et cette manière rapide d'agir est aussi inattendue de la part de Toyota, qui était plutôt connu pour être un constructeur lent. Très méthodique, et vérifiant tout plusieurs fois. C'était du moins comme cela, quand Toyota était sous le leadership de l'homme qui avait organisé son succès formidable aux Etats-Unis, et lancé le programme Prius, M. Hiroshi Okuda. Mais M. Okuda est à la retraite, et après la paranthèse Watanabe, le nouveau patron de Toyota, Akio Toyoda, a visiblement des méthodes bien différentes de son illustre prédecesseur. Il l'exprime d'ailleurs clairement, et justifie la collaboration avec Tesla Motors par le caractère entrepreneurial,
start-upien, de l'entreprise californienne.
On verra dans quelques années si cette stratégie était bonne, parce qu'une entreprise de plus de 100 000 employés ne peut pas être dirigée comme une qui en a moins de 1000, mais on verra surtout en 2012, un RAV4 électrique avec un groupe propulseur fabriqué par Tesla.
Toyota avait déjà construit (lui, seul) une version électrique d'une précedente génération du RAV4, avec des batteries NiMH, on l'avait vu rouler sur l'île de Jersey (ci-dessus, le concept, qui n'avait que 3 portes, alors que les modèles de série en avaient 5). La police en avait, les touristes pouvaient en louer un, mais toutes les voitures ont été rapatriées au Japon en 2005.
On ignore encore si le futur RAV4 électrique de 2012 viendra en Europe. Mais à priori, non.
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