La voiture électrique va t-elle enfin décoller ?
Comment lancer les ventes ?
Nous voudrions bien sûr ne donner que des bonnes nouvelles. Surtout quand elles concernent un sujet qui nous tient à cœur : la voiture électrique (VE). C'est malheureusement impossible. Sur les 1 225 148 voitures neuves immatriculées en France au premier semestre 2011, seulement 955 étaient électriques. Nous avons aussi les chiffres du Royaume-Uni. 680 électriques pour 1 029 638 immatriculations. Soit une proportion encore plus faible. Ce qui a de quoi surprendre, parce que le marché anglais était théoriquement en avance. Les anglais ont fait plus d'investissements dans les bornes de recharge publique, ils donnent des primes à l'achat plus importantes qu'en France (5000 livres au lieu de 5000 euros), et c'est ce qui avait amené les constructeurs à privilégier ce marché.
Le carnet de commandes Nissan pour la Leaf avait ainsi été ouvert en septembre 2010, et les premiers clients ont été livrés en mars 2011. Quant à la Mitsubishi i-MiEV, elle est disponible en Angleterre depuis l'été 2010. Mais cela n'a pas suffit. Les chiffres des immatriculations donnent 585 Aston Martin pour le premier semestre au Royaume-Uni. Avec 680 voitures toutes marques confondues, les VE ont à peine plus de succès que les Aston Martin, cela n'est pas normal. Pire, les ventes sont en baisse. Il y a eu 465 VE immatriculées au premier trimestre, et seulement 215 au second.
Ou on dira plutôt que le marché se rapproche de la réalité, puisqu'en Angleterre comme en France, les données brutes ne traduisent pas le choix des automobilistes. Plus de 3 voitures électriques sur 4 ont été acquises par des gens qui ne les conduiront jamais. Impossible bien sûr d'avoir des chiffres exacts, mais la majorité des clients de VE sont des personnes qui font de la communication. Dans une grande entreprise ou une collectivité, un cadre dit qu'il serait bon pour l'image de marque qu'il y ait des voitures non polluantes pour le personnel, et il signe un bon de commande.
Voilà pour la distribution, et cela ne va pas mieux côté production, puisque 3 constructeurs de VE ont déposé leur bilan au premier semestre 2011. Dans 3 pays différents.
Modec au Royaume-Uni,
Think en Norvège, et
Ecocraft en Allemagne. Think a depuis été
repris par un investisseur russe, mais il est encore loin d'être dans une situation financière recommandable, et c'est 10 fois pire chez Tesla Motors. On peut aussi citer l'échec des Rencontres Internationales des Voitures Ecologiques (RIVE) à Alès début juillet. Un évènement peu important, très peu s'y étaient déplacés, les voitures électriques n'attirent pas les foules. Nous l'avions vu 3 mois plus tôt au salon Ever Monaco, le salon phare de la mobilité électrique en Europe. Il est totalement dédié à l'électrique, et il est connu pour cela. Sa fréquentation fut légèrement en baisse cette année.
Nous n'avons pas rédigé cette suite de mauvaises nouvelles pour faire peur, mais pour montrer la gravité de la situation que doivent affronter les supporters de la voiture électrique,
dont nous sommes. Parce que c'est mal parti pour s'améliorer. Après l'accident de Fukushima qui a fait réfléchir tout le monde sur la dangerosité de l'électricité nucléaire, le quotidien
Le monde a fait le 29 juin dernier sa une sur la dangerosité des batteries des VE. Voilà qui est fort, et surtout pas très vrai, parce que si un problème existe, il est essentiellement limité à un usage particulier : l'emploi de bornes de recharge rapide, à haute tension. Elles peuvent dans certains cas provoquer des échauffements. Mais la chose est rare. Sans doute qu'on l'a oublié en 2011, mais du temps où les voitures avaient des carburateurs, une fuite d'essence n'avait rien d'exceptionnel, et il y avait des incendies. Les Lamborghini Miura pour citer un exemple fameux, étaient réputées pour leur facilité à s'enflammer. La sécurité à 100 % n'existe pas.
Pour autant, on ne peut se voiler la face. Il y a toujours des gens pour faire des prévisions sur la comète, et affirmer que l'électrique aura 10 % du marché en 2020, mais il n'y a rien de solide pour appuyer cette thèse. Il y a tout de même quelques bonnes nouvelles. Le Citroën Berlingo électrique converti par Venturi a passé le cap des 500 exemplaires produits. La production de la petite voiture électrique Mia a démarré à Cerizay. Mais dans ces 2 cas, ces véhicules s'adressent à une clientèle professionnelle. Nous estimons alors qu'il faut prendre le taureau par les cornes, si on veut lancer la voiture électrique auprès des particuliers. Nous proposons les idées suivantes.
Mettre le feu aux bornes de recharge publique, et interdire leur constructionLa folie de quelques technocrates les fait vouloir couvrir la France de bornes de recharge. Ce qui coûterait des milliards et ne servirait à rien. Il n'est plus possible d'évoquer la voiture électrique sans évoquer la question des bornes de recharge, et cette question fait du tort (!) à la voiture électrique. Les gens attendent de voir des milliers de bornes partout, et comme ils n'en voient pas, ils croient que la voiture électrique est pour plus tard. Alors que tous les français ont l'électricité chez eux.
Interdire l'achat d'une voiture électrique à celui qui ne possède pas de garageLa dernière Renault Megane DCI 130 possède un réservoir de 60 litres, qui lui donne une autonomie théorique de 1360 km. Il est fou de penser qu'une voiture électrique pourra jamais la concurrencer. Une automobile électrique est faite pour les petites distances, et rien n'est plus pratique qu'elle dans cet exercice puisque l'auto se recharge au domicile. La France peut copier la législation japonaise qui interdit l'achat d'une voiture à ceux qui ne possèdent pas de garage. Des millions de français ont un garage. Ils pourraient faire leur plein chez eux, en toute tranquilité, avec une recharge lente en profitant du tarif nuit. C'est ainsi que l'électrique est le plus écologique, alors que le réseau exigerait de nouvelles centrales, si on voulait pouvoir faire des recharges rapides en journée.
Supprimer les aides à l'achat d'une voiture électrique incomplèteLes français sont habitué à acheter leurs voitures en une fois, à être propriétaires de toute la voiture, et à ne plus rien devoir payer après l'avoir achetée. Vendre des voitures avec un contrat de location pour la batterie est une idée qui n'a aucun soutien de quelque association de consommateur. Surtout quand la technologie d'aujourd'hui, permet de faire des batteries qui ont la même durée de vie que l'auto. Et comment calculer la valeur de revente d'une auto qui exige le paiement ad vitam aeternam d'un loyer ?
Arrêter d'associer la voiture électrique avec l'autopartage ou le covoiturageLes voitures à boite automatique ont longtemps souffert de l'image d'être des voitures pour ceux qui ne savent pas conduire. Maintenant, on a l'impression que la voiture électrique est l'auto de celui qui n'a pas de voiture. Alors que le succès de l'industrie automobile repose sur la vente de produits individualisés (choix de la couleur, des options...) à des clients particuliers, pour leur usage privé. Le succès de l'autopartage ne fera pas le succès de la voiture électrique. Au contraire, il lui fera peut-être du tort. L'automobiliste moyen, propriétaire de sa voiture, et qui souvent en est fier, n'apprécierait pas que l'idée de sa voiture puisse être associée à l'idée de voiture de service public.
Ces idées sont à contre-courant, mais je les donne parce que je suis convaincu qu'il faut agir. Le roadster Tesla, la Mitsubishi i-MiEV et ses soeurs Citroën C-Zéro et Peugeot Ion, la Nissan Leaf, la Think aussi, est disponible en France. Renault va y ajouter à l'automne ses Kangoo et Fluence qu'il vendra sans leurs batteries. Mais en dépit de cette offre désormais bien réelle, je ne vois pas les ventes décoller à court terme.
Laurent J. Masson
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