L'échec prévisible de la Rolls Royce électrique, début et fin de l'expérience 102EX

Nous l'avions découverte avec amusement plutôt qu'avec enthousiasme. Quand tous les autres constructeurs expliquent que le problème des voitures électriques tient dans la faible densité massique des batteries, on ne pouvait qu'être rêveur face à la conversion à l'électrique d'une auto qui en essence, fait déjà plus de 2 tonnes et demie. La voiture était pourtant très impressionnante, mais comme toutes les Rolls Royce en fait. Le constructeur expliquait qu'il s'agissait d'une voiture expérimentale, une auto dont il ignorait encore le devenir, sinon qu'elle allait être présentée à quelques clients, pour apprendre, découvrir, ce qu'ils en pensaient. On sait aujourd'hui (Automotive News) que les premières réactions n'ont pas été très positives, et la 102EX ne sera jamais commercialisée.

Il semblerait en effet que le constructeur ait oublié la première motivation d'acheter une Rolls Royce, qui est tout simplement d'avoir ce qu'il y a de mieux. La Rolls Royce électrique est moins performante que la Rolls Royce Phantom à essence. Ses accélérations sont moins bonnes, même si grâce à la propulsion électrique, elles sont assurément plus douces. Sa vitesse de pointe est nettement inférieure (160 contre 240 km/h), encore que seuls les allemands sont autorisés à le constater, et enfin son autonomie est réduite de 75 %. C'est donc moins bien, et c'est insupportable. On n'achète pas une Rolls Royce pour avoir quelque chose moins bien.

Pour autant, les ingénieurs Rolls Royce n'ont pas lésiné sur les moyens. La propulsion est assurée par 2 moteurs électriques UQM, un pour chaque roue arrière, délivrant une puissance totale de 290 kW, avec 800 Nm de couple. La batterie, 640 kg de cellules Dow Kokam assemblées par Axeon, est un sommet du genre. 71 kWh, elle occupe presque tout le capot avant, envoyant son électricité aux moteurs situés juste à côté de l'essieu arrière, là où était le réservoir d'essence. Le chargeur est encore plus étonnant, puisqu'il y en a plusieurs en fait. Le chargeur de base est prévu pour une prise standard, mais pour le cas où un courant triphasé serait disponible, il y a 2 autres chargeurs identiques prêts à servir.

Plus formidable encore, un dispositif sous le capot avant permet de recharger sans fil. Il faudra cependant faire modifier le sol de son garage pour le rendre compatible. Au vu du soin avec lequel cette conversion à l'électrique a été réalisé, il y a peu de doutes que cette Rolls Royce 102EX soit l'une des plus formidables voitures électriques jamais construites. Mais comment éviter de la comparer avec la Phantom à essence dont l'autonomie est plus que triple ? Alors qu'on fait le plein de son réservoir de 100 litres en 3 minutes, quand il faut des heures à la voiture électrique. Bien sûr, l'électricité coûte moins cher, mais cela ne doit pas signifier grand chose à celui qui a les moyens d'acquérir une Rolls Royce neuve.

De même que la voiture électrique promet d'être très substantiellement plus chère que la Phantom à essence, qui vaut déjà une petite fortune. On ne peut nier que de toute la production mondiale, les Rolls Royce sont parmi les voitures qui rejettent le plus de CO2, mais si la propulsion électrique est sans émission, elle n'est pas nécessairement la meilleure solution pour remédier à ce problème. Pourquoi ne pas plutôt associer la vente d'une Rolls Royce à un programme de compensation de CO2 ? Ou à un investissement dans les énergies renouvelables ? Tout est possible, sauf réduire les prestations de l'auto. Car personne n'achète de Rolls Royce pour se priver.



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