Chevrolet Volt hybride rechargeable - Essai détaillé
Historique et présentation
Cette voiture est un évènement à plus d'un titre. D'abord, parce qu'elle est la première voiture hybride rechargeable de grande série, mais aussi parce qu'elle symbolise le retour gagnant de General Motors, et même le réveil de l'Amérique. GM face à Toyota qui avait massivement investi dans la voiture hybride, et qui apparaissait comme le leader des technologies de demain. GM semblait en retard. La Chevrolet Volt, apparu sous forme de concept en janvier 2007, était l'occasion de redresser la situation. Ce qui fut fait, mais la simplicité n'était pas en chemin, puisque GM fit faillite entre temps, et qu'il ne survécut que grâce à de l'argent public. Mais ce passé est maintenant lointain, et la Volt est aujourd'hui un formidable vecteur d'image pour GM. Si ces résultats commerciaux sont encore modestes, ils sont croissants.
Comme la Prius à ses débuts, la Chevrolet Volt est une voiture sans aucune concurrence, par ses caractéristiques comme par ses prestations. On voudrait même dire que la Volt (et sa sœur, l'Opel Ampera) est la seule vraie voiture hybride du marché. On définit une hybride comme fonctionnant avec 2 énergies, mais il faut alors que le véhicule puisse être ravitaillé avec l'une ou l'autre, sinon les dés sont pipés. La Volt possède un moteur électrique de 111 kW (150 ch) avec un couple de 370 Nm, alimenté par un batterie lithium-ion de 198 kg, dont la capacité est de 16 kWh. Le moteur essence est un 4 cylindres 1400 de 86 ch, avec 130 Nm de couple, il a derrière lui un réservoir de 35 l. Le point à noter est que le moteur électrique est nettement plus puissant que le bloc essence. Parce que c'est l'électrique qui a la charge de propulser l'auto. L'essence n'a ici qu'un rôle secondaire : recharger la batterie.
Cette batterie a la forme d'un
T. Un grand T dont la barre supérieure est contre le train arrière, tandis que la barre centrale forme la base de la console centrale, dans tout l'habitacle, et l'auto est ainsi une 4 places. Est-ce gênant ? Probablement pas pour la majorité des gens, puisque ce n'est pas si souvent qu'on a plus de 3 passagers. Plus ennuyeux par contre, la console centrale est si haute, qu'il faut être un petit enfant pour aller de la place arrière droite à l'arrière gauche. Il faut se servir des 4 portes. Niveau coffre, la volume disponible n'est que moyen pour une auto de 4,49 m sur 1,79 m. On est ensuite très surpris de constater que l'espace pour les bagages est complètement ouvert, comme sur une Corvette, avec juste un bout de tissu rikiki pour cacher les bagages. Quand on sait qu'il y a un beau cache-bagages qui se soulève ou se replie, dans le break Cruze qui est moitié moins cher...
Car si la Volt a un défaut, il est bien là : dans son tarif. La haute technologie se paie, et notre voiture d'essai avec le pack stationnement et la navigation coûtait 45 800 €. Il faut déduire les 5000 € du bonus de l'état, mais le prix de base de 43500 € est élevé. On connait cependant Chevrolet pour accorder des conditions de vente avantageuses pour tous ses autres modèles, et on appréciera aussi que la Volt ne fasse que 3 chevaux fiscaux. La carte grise ne sera pas chère.
La technologie
La Volt est avant tout une voiture électrique. Il est vrai qu'elle possède un moteur essence, avec un réservoir d'essence, mais à la conduite il n'y a aucune des caractéristiques d'une voiture essence. On roule en silence et il n'y a pas de changement de rapport. Quand la batterie est déchargée, l'essence démarre, mais on comprend tout de suite que son fonctionnement n'a rien à voir avec la position de l'accélérateur. Il peut tourner à plein régime alors que le conducteur lève le pied, et vice-versa. Parfois pourtant, le moteur essence peut transmettre directement sa puissance aux roues. Ce peut-être le cas sur autoroute, où la demande de puissance est élevée alors que la batterie est déchargée. Il est alors plus efficient d'envoyer directement la puissance aux roues, plutôt que la convertir en énergie électrique, et que le moteur électrique la reconvertisse en force mécanique. Mais dans tous les autres cas, la Volt mérite pleinement l'appellation
d'hybride série.
Et cette technologie change la vie. Une hybride classique, comme la Prius, se conduit exactement comme une voiture normale, alors qu'en offrant un choix d'énergies pour ravitailler, la Volt impose de nouvelles habitudes. Bien sûr, il est possible de ne rouler qu'à l'essence, mais ce n'est pas le but. On peut aussi essayer de ne rouler qu'à l'électricité, mais l'autonomie est alors très limité, et c'est bien le fait que les 2 soient possibles qui fait la force de la Volt. Les interrogations sur la longévité de la batterie seront écartées par une garantie de 8 ans, et au volant, nous avons noté que le moteur essence démarrait après que nous ayons consommé 9,9 kWh d'électricité. La batterie dont la capacité est de 16 kWh ne se décharge jamais complètement, au bénéfice de la fiabilité.
Intérieur et équipement
La présentation intérieure est originale et plaisante en noir et blanc. Ce sont les seules couleurs disponibles pour l'habitacle en France. C'est très américain, chic aussi, et l'équipement est plutôt généreux avec un frein de stationnement électrique ainsi que des sièges chauffants. La console centrale attire l'attention par sa couleur et son aspect lisse. Si nous avons apprécié la première, nous sommes plus circonspects sur le second point. Côté look, aucun doute sur le fait que ce soit formidable, mais à l'utilisation, cela ne vaut pas le
clic précis d'un clignotant de Mercedes. Les commandes de la Volt marchent à l'effleurement, et c'est hyper sensible. On allume la radio en voulant régler la clim juste à côté.
Un autre défaut ennuyeux, qui n'est cette fois pas propre à la Volt, mais qui est ici particulièrement gênant, est le choix de l'écran unique. On peut y afficher le diagramme de fonctionnement du système hybride, mais le même écran sert aussi aux réglages de la clim et de la radio. On ne peut donc pas le conserver en permanence à l'écran, surtout qu'il sert aussi pour la navigation, dont le graphisme est moyen. Enfin, il est choquant de trouver un lecteur de CD sur une voiture aussi moderne. Quand des jeunes abandonnent leurs lecteurs MP3, et écoutent leur musique sur leurs smartphones, le lecteur de CD appartient désormais au passé.
Le tableau de bord est assez déconcertant. Il n'y a aucun compteur circulaire comme on en a l'habitude. Le bloc d'instrumentation est petit, avec la vitesse en gros au centre, et tout le reste sont des informations de l'ordinateur de bord. L'autonomie restante, avec le visuel d'une pile ou d'une pompe à essence, est mise en avant, mais nous ne pensons pas que ce soit une très bonne idée. Avec les pleins d'essence et d'électricité, la Volt affiche qu'elle peut parcourir 64 km sur sa batterie et 554 km en tout avec l'essence. Il n'y a pas de quoi être fier. On trouve sur le marché de nombreuses berlines diesel qui indiquent une autonomie de plus de 1000 km après un plein.
Il n'est ensuite pas très malin que si l'auto affiche en permanence l'autonomie restante, et la consommation moyenne, nous n'avons pas trouvé comment afficher la quantité d'énergie stockée dans la batterie à un moment donné. Nous aurions aussi apprécié une commande du régulateur de vitesse plus nette. Chose étonnante en effet pour une américaine, mais le contrôleur de vitesse n'est pas agréable à actionner. Il faut regarder si le témoin apparait au tableau de bord, parce que la commande n'informe pas de son efficacité. Mais cela dit, la Volt est une auto où on se sent bien. Les places avants sont très confortables, et celles de l'arrière aussi dés qu'on s'est habitué à leur position très reculée. Assis à l'arrière en effet, ce n'est pas le toit qu'un grand a au-dessus de la tête, mais la lunette arrière.
Performances et tenue de route
Beaucoup de gens en Europe ont des préjugés défavorables envers les voitures américaines. Mal finies, très gourmandes, les américaines auraient aussi le défaut de ne pas tenir la route. Mais les temps ont changé ! Cette Chevrolet nous a même surpris, tant elle est épatante. Les suspensions sont fermes, mais jamais inconfortables, et la filtration des irrégularités de la chaussée, comme des bruits de roulement, est réellement haut de gamme. Pour en profiter, la puissance est plus copieuse que nous l'avions imaginé. Avec 150 ch et 370 Nm de couple, nous n'attendions pas de miracles. Ce sont les valeurs d'un 2 litres diesel, et les performances mesurées sont effectivement identiques (d'après les chiffres constructeur). Mais les sensations ressenties au volant sont nettement plus impressionnantes. La courbe de couple avantageuse d'un moteur électrique n'est pas une légende. A la sortie des villes, en reprise de 50 à 90 km/h, il faut de la grosse cylindrée pour pousser plus fort qu'une Volt.
On peut même obtenir plus de puissance en changeant le mode de fonctionnement du système. 4 modes sont en effet possibles.
Normal,
Sport,
Montagne et
Maintenir qui correspond à la charge de la batterie. Ce dernier réglage permet de faire démarrer le moteur essence, pour conserver la batterie bien chargée, mais nous n'avons pu l'actionner aussi souvent que nous l'aurions souhaité. Sur autoroute, avec la batterie déchargée, le moteur essence était en fonctionnement, il s'est coupé quand nous avons dû nous arrêter au péage. Il fut impossible de le redémarrer avec l'auto à l'arrêt, et nous n'avons pu le redémarrer en accélérant doucement. Il a cependant redémarré tout seul en prenant de la vitesse.
Ces différents mode de fonctionnement gagneraient à adopter une commande par boutons, avec un bouton pour chaque mode. Ce serait plus facile que
la double commande actuelle, et ce serait aussi comme la Prius en fait, mais en mieux, puisqu'avec un mode supplémentaire. On pourrait d'ailleurs en ajouter un cinquième, qui serait un mode
Economie. Encore une fois comme la Prius, mais précisons alors clairement qu'en dépit de dimensions analogues et de nombreux traits communs, la Volt n'est pas comparable à la Prius. La voiture américaine la surclasse sur tous les plans.
La Chevrolet est très nettement plus puissante, et sa tenue de route comment son confort sont substantiellement supérieurs. La Volt est bien meilleure routière, et avec sa propulsion électrique plus puissante, elle est aussi plus efficace pour regénérer de l'énergie.
Consommation, efficacité énergétique
La question que tout le monde se pose est évidemment l'autonomie sur la batterie. Nous avons 3 réponses. 56,4 ; 58,8 et 64,3 km. Nous avons en effet rechargé la batterie complètement 3 fois. Mais notre rythme fut souvent rapide, et on peut estimer que 70 km sont possibles en roulant calmement. La Volt possède en effet un système de regénération d'énergie absolument formidable. Avec un puissant moteur électrique, on peut recupérer beaucoup, et la batterie est dimensionnée pour stocker. Cela n'a rien à voir avec une Prius. On est ici sur le registre des voitures électriques.
Dans une descente longue de 4 km, en roulant doucement, nous avons vu l'indicateur d'autonomie prendre 5 km. C'était tellement bon que je suis remonté en haut, que j'ai accéléré fort pour aborder la descente plus vite, et en refaisant cette descente de 4 km à 100 km/h, l'indicateur d'autonomie a cette fois pris 7 km.
La seconde question concerne la consommation de la Volt une fois que sa batterie est déchargée, et là aussi les réponses sont multiples. Sur autoroute, avec le régulateur de vitesse à 132 km/h, la Volt consomme 7,3 l/100 km. Mais sur un parcours strictement urbain, sans dépasser les 50 km/h, elle s'est contenté de 4,9 l/100 km.
Au final, après un essai de 807 km, notre consommation totale fut de 34,1 litres. Mais nous n'avons pas fait la moyenne. Ce ne serait pas la bonne manière de compter. Il faudrait en effet ajouter la consommation électrique. Mais d'abord nous n'avons pas rechargé aussi souvent que nous l'aurions souhaité, et ensuite nous avons rechargé en plusieurs endroits. Impossible donc de connaitre le nombre de kWh. L'ordinateur de bord indiquait cependant 9,9 kWh pour 64,3 km, puis 17,7 kWh pour 102,9 km. Mais l'idée à retenir est que pour une personne qui ne fait que 50 km par jour, du lundi au samedi, mais 100 km le dimanche, cette personne ne consommera que 3 litres d'essence par semaine. Il suffit pour cela de se brancher tous les soirs.
L'opération se fait sur une prise classique, et prend 4 ou 6 heures, selon la qualité de la connection (10 ou 16A). Un petit défaut est que le cordon se range dans le plancher du coffre. S'il est plein, il faudra retirer des choses pour le sortir. Mais on peut tout simplement choisir de le laisser au garage.
Conclusion
Il est difficle de classer la Chevrolet Volt. Une BMW 320d Automatique est proposée exactement au même prix, alors qu'elle est plus habitable, mieux finie, et plus sobre sur autoroute. Mais la Volt prodigue un agrément d'utilisation nettement supérieur (silence, douceur), et la faculté de rouler 60 km sans consommer la moindre goutte de carburant. Une Prius aussi est plus sobre sur autoroute, mais la Volt est une bien meilleure routière. Quant à comparer cette Chevrolet a une pure électrique comme la Nissan Leaf, le choix est vite fait puisqu'il est impossible de faire un long voyage avec la Leaf, alors que rien n'est plus facile avec la Volt.
Réussite des ingénieurs américains en effet, toute la technologie de la Volt est parfaitement transparente pour l'utilisateur. Le toucher de la pédale de freins est normal, et l'assistance de direction électrique a un excellent feeling.
Le moteur essence s'entend, mais il n'est jamais trop bruyant, comme il peut l'être dans une Prius ou une Insight. Nous voyons donc 2 attraits à la Volt. Le premier est d'être la meilleure technologie du marché. Pour les gens qui vont se ruer pour acheter un Iphone 5, la Volt en est l'équivalent automobile. Rien qu'avec cela, la Volt justifie pleinement son prix, et on excuse quelques détails baclés de finition.
La Volt est ensuite la voiture la plus économique qui soit pour tout trajet de 50/60 km, tout en conservant la faculté de faire des longs voyages. Pour le conducteur qui fait beaucoup de petits déplacements et quelques rares longs trajets, elle est tout simplement imbattable, en plus de prodiguer un grand agrément d'utilisation au quotidien.
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