Hybrides, les McLaren P1 et LaFerrari sont elles vertes ?
De toutes les technologies qui permettent à une automobile de réduire sa consommation, la technologie hybride est sans doute la plus prestigieuse. C'est aussi la plus emblématique après le succès de la Prius. Mais voici quelque chose de nouveau : les 2 voitures qui se disent les plus performantes du monde sont désormais hybrides. Ce sont la McLaren P1 et la Ferrari LaFerrari, que nous sommes censé désigner sans citer la marque, pour juste dire la
LaFerrari (
ce qui est n'importe quoi !). L'idée à priori est que si on a une 458, on dira être le propriétaire d'une Ferrari, alors que si on est le propriétaire de l'auto sur cette page, on a LA Ferrari. Après cette question sémantique, on se posera la question réellement importante, celle du caractère écologique de ces 2 formidables autos.
Ecrivons de suite que ces autos n'ont pas grand chose de commun avec une Toyota Prius, et même pas l'architecture hybride. Chacune n'a qu'un seul moteur électrique, et minimiser la consommation énergétique n'a pas été ici la première priorité. On en est même assez loin.
McLaren P1
De l'avis général, le principal intérêt d'un moteur électrique dans une chaine de traction est de permettre de récupérer l'énergie perdue lors des freinages. Mais cela, la McLaren P1 ne le permet pas. Parce que cela corrompt l'expérience de freinage. Nous sommes navrés de l'apprendre aux femmes et aux hommes qui conduisent une Prius quotidiennement :
vous êtes corrompus ! C'est en effet toujours difficile pour les ingénieurs d'associer les 2 systèmes de freinage dans une auto hybride ou électrique. Il y a d'une part le freinage traditionnel, fourni par les disques de freins, et d'autre part la force de freinage fournie par le moteur électrique. McLaren a décidé de résoudre ce délicat problème en le supprimant. La force freinage de la McLaren F1 provient uniquement de ses disques carbone-céramique. Mais McLaren d'ajouter aussitôt que son système est d'une efficacité sans équivalent, et que la progressivité de la commande est parfaite.
On voudrait alors espérer que le moteur essence de la McLaren se coupe souvent, ou au moins à chaque lever de pied (de l'accélérateur) à petite vitesse (par exemple en dessous de
90 km/h), mais non, le V8 ne se coupe jamais. Il tourne toujours, ce qui se passe au lever de pied (de l'accélérateur), est que sa puissance est déviée de la transmission et sert à recharger les batteries. Là encore, c'est la sensation de conduite qui prime. Si le conducteur lève le pied, le régime moteur va baisser, et il importe que le conducteur puisse anticiper cette baisse de régime, et la réaction immédiate de l'auto quand il réenfoncera son pied sur l'accélérateur. Si le moteur devait redémarrer, la réaction serait trop lente. Parce que l'hybride, c'est bien gentil, mais le nom
P1 de cette McLaren signifie qu'elle vise la première position. Elle se veut la voiture la plus rapide du marché. Peut-être pas en accélération ou vitesse de pointe, mais sur un tour de n'importe quel circuit du monde.
Pour ce faire, les ingénieurs McLaren n'ont fait aucune concession sur quelque sujet que ce soit, et certainement pas à l'écologie. La P1 propose 4 modes de fonctionnement.
Normal,
Sport,
Track et
Race. Ce dernier mode est totalement impraticable sur route. Ce n'est pas comme ces autos, où il y a une touche qui ne sert qu'à modifier la progressivité de l'accélérateur. Ici, il faut 40 secondes pour passer de
Normal à
Race. La garde au sol se réduit de 50 mm, les suspensions sont durcies de 300 %, l'aileron arrière se lève pour augmenter l'appui... La McLaren fonctionne néanmoins comme il est attendu d'une voiture hybride dans les accélérations. Là, le moteur électrique (179 ch) vient ajouter sa puissance à celle du moteur essence (737 ch). Mais en usage automatique, il ne donne pas toute sa puissance. Son action principale est d'assouplir les changements de rapports, en évitant les ruptures de couple. Le V8 3,8 litres en effet, est fortement suralimenté pour délivrer 737 ch. Il y a 2 gros turbos avec une pression de 2,4 bar. Même avec une boite à double embrayage très rapide, et des rapports serrés puisqu'il y en a 7, un changement de vitesse provoque une rupture dans la transmission du couple, et c'est là que le moteur électrique aidera le plus, puisque son couple immédiat viendra lisser le changement de rapport, avant qu'arrive le couple du moteur essence.
Mais on est surpris d'apprendre que le moteur électrique ne donne pas toute sa puissance lors d'un changement de rapport, ni d'ailleurs à aucun moment de manière automatique. La puissance maximale du moteur électrique n'est en fait disponible que lorsque l'accélérateur est enfoncé à fond (ou presqu'à fond), et à la demande expresse du conducteur, en pressant le bouton
BOOST sur le volant. La McLaren P1 est ainsi une vraie voiture hybride, elle ne donne le meilleur d'elle-même qu'en conjuguant ces 2 moteurs et ses 2 énergies, pour lequel l'auto doit faire 2 pleins.
McLaren propose plusieurs moyens pour recharger en électricité. Un petit chargeur portable se range dans le coffre, c'est la recherche du moindre poids qui explique que les ingénieurs l'aient conçu amovible. La recharge s'effectue en 2 heures. Un second chargeur, plus lourd et plus volumineux, est disponible pour le garage (ou le stand), il recharge en 10 minutes, mais si le conducteur le souhaite, il peut aussi se servir du V8. Voiture à l'arrêt, le V8 peut tourner en fonction générateur, et sa puissance rechargera la batterie en quelques minutes. Mais cela use de l'essence...
On signalera enfin un mode électrique, par lequel le conducteur dispose d'une autonomie de 10 km sur la batterie, et passé cette courte distance, le moteur essence démarre automatiquement, mais le V8 ne tourne alors que pour recharger la batterie, et il se coupe ceci fait. C'est au conducteur d'annuler le mode électrique, pour que la P1 retrouve son fonctionnement hybride normal.
LaFerrari
La LaFerrari est bien différente de la McLaren, et d'abord parce qu'elle ne possède pas de mode électrique. Comme la P1, son moteur essence tourne à tous les instants, et le conducteur ne peut l'arrêter qu'en arrêtant l'auto. On notera aussi que son moteur électrique est uniquement dévoué à la propulsion de l'auto. Il y a un alternateur normal pour les accessoires. Les ingénieurs italiens expliquent qu'il serait possible, et facile, de doter l'auto d'un mode électrique par lequel elle pourrait parcourir une poignée de kilomètres en mode électrique, mais qui en a envie ? Certainement pas les clients. Grosse différence avec la voiture anglaise en effet, l'italienne a un moteur atmosphérique, et c'est un 12 cylindres. 6,3 litres de cylindrée et puissance maximale atteinte au régime de folie pour un aussi gros moteur de 9000 tr/mn. Qui dit mieux ? Ferrari lui-même puisque le rupteur est 250 tr/mn plus tard. Le gros V12 peut prendre 9250 tr/mn !!!
Pour les amateurs de course automobile, on signalera que l'homme avec une chemise blanche derrière l'auto, sur les 2 clichés ci-dessus, est l'ancien pilote René Arnoux.
La mécanique exceptionelle de la LaFerrari (
cela sonne mal d'écrire cela, mais c'est encore pire de supprimer l'article et de personnifier l'auto) requiert une huile spéciale à 50 € le litre, mais pour le bruit, pardon la mélodie, que génère un V12 aussi affûté, on comprendra bien que le client ne veut pas se priver une seule seconde de ce plaisir. On a donc toujours le V12 (800 ch) dans les oreilles, et il est toujours assisté par le moteur électrique (163 ch, baptisé HY-KERS), qui donnera toute sa puissance par la seule commande de l'accélérateur, du moins tant que la batterie est chargée.
Pour arriver à cela, la LaFerrari est considérablement supérieure à la McLaren, puisqu'elle est capable de récupérer l'énergie perdue au freinage. Elle fonctionne donc on l'attend d'une voiture hybride ou électrique traditionelle, et même mieux. Beaucoup mieux. Ce que sait faire cette auto, aucune autre auto au n'en est capable. Ferrari est leader mondial. La LaFerrari est en effet capable de récupérer l'énergie perdue au freinage, même lorsque l'ABS est en fonction, idem le contrôle électronique de traction et de trajectoire. A supposer que dans une courbe rapide, le système de contrôle électronique ordonne de réduire le couple transmis à une roue, ce couple sera converti en énergie et envoyé vers la batterie. C'est unique, Toyota ne sait pas le faire.
Pour cela, et en dépit de l'absence d'un mode électrique qui permettra à la McLaren de mieux figurer dans les tests officiels, nous considérons que la LaFerrari une meilleure hybride que la voiture anglaise. Mais quant à écrire que l'une ou l'autre auto est une voiture verte...
|
Le moteur électrique assiste le moteur essence |
Récupération d'énergie au freinage |
Récupération d'énergie liée au contrôle de trajectoire |
Coupure du moteur essence dans les décélérations |
Faculté de rouler moteur essence coupé |
Recharge de la batterie sur le secteur |
LaFerrari |
Automatique |
OUI |
OUI |
NON |
NON |
NON |
McLaren P1 |
Automatique et sur demande |
NON |
NON |
NON |
OUI |
OUI |
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