Le salon de Francfort, riche et festif avant d'être vert

Ce salon est par définition la vitrine des constructeurs allemands, mais il est aussi une vitrine de l'Allemagne, de sa réussite et de son dynamisme. Pendant que quelques rares personnes parlent de croissance en France, à Francfort on la voit. Avec de grands immeubles de bureaux en construction (dont le nouveau siège de la banque centrale européenne), et des affiches pour rechercher du personnel sur plusieurs vitrines. Le travail et l'argent sont là, et parce qu'il faut bien le dépenser, ce salon a dû établir un nouveau record pour le nombre de voitures à plus de 50 000 € ! On sait que les constructeurs allemands sont les spécialistes du haut de gamme, ils le montrent sans vergogne sur leur salon national.

Même quand les prix de base sont raisonnables, les modèles exposés étaient équipés de toutes les options possibles, pour porter le prix aux sommets. Le Volkswagen Combi était naguère un véhicule de routard, on ne pouvait dire cela du Multivan intérieur cuir et toutes options sur le stand VW. Mais comment ne pas reconnaitre que les allemands sont les meilleurs pour faire des voitures qui font saliver ? Sur le papier, la définition de l'Audi Q3 RS, une sorte de super GTI 4x4, semble maladroite. Mais assis dans l'auto, en admirant les losanges tracés en surpiqûre sur le cuir de ses sièges, sa finition impeccable, et son allure chic sur ses grandes jantes de 19 pouces, il est difficile de ne pas être conquis.

Même si c'est bien peu écolo, comme l'essentiel du salon d'ailleurs. Personne ne peut nier que les immatriculations de voitures électriques et hybrides sont en hausse, mais leur volume total reste encore marginal. Les constructeurs qui se lançaient en grand sur ces segments ne se faisaient alors que plus remarquer. Smart et BMW jouaient à fond la carte de l'électrique, mais la grande nouvelle de Francfort 2013 était l'entrée en fanfare de Volkswagen. Le géant allemand n'entrait pas sur ce marché avec des pas de ballerine, mais en anonçant qu'il entend être le leader mondial de la mobilité électrique en 2018.

Mais en arrivant d'emblée avec 2 modèles, l'e-up! et l'e-Golf, Volkswagen se donne les moyens de son ambition, même si l'e-Golf ne sera disponible qu'en 2014. La Ford Focus électrique était aussi à Francfort, mais avec des ambitions moindres, et il est désormais clair que le premier challenger de Renault-Nissan est Volkswagen. Alors qu'au-delà, du côté des voitures électriques plus haut de gamme (en dépit de problèmes persistants de finition), Tesla Motors était seul en piste. Sans aucune concurrence, et le gouffre qui le sépare des autres constructeurs est toujours aussi grand. Quand beaucoup croient encore que la voiture électrique doit être petite, avec de faibles performances et une autonomie réduite, Tesla est le seul à prouver qu'elle peut accélérer de 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes, rouler à 200 km/h et avoir plus de 400 km d'autonomie.

Et jeudi soir dans un bar de Francfort, où nous nous trouvions en compagnie d'allemands qui avaient passé la journée au salon, c'est quand ils se mirent à parler de Tesla et de ses superchargers (120 kW) que leur discussion fut la plus animée. Les autres constructeurs en deviennent critiquables. Tesla est leader, et on ne voit personne chercher à la rattrapper avec des autos de même niveau. Même chose ou presque du côté des voitures à hydrogène. Alors que Mercedes se voulait leader en ce domaine, la seule voiture à PAC du salon était une Hyundai. Il y a avait même plusieurs de ces autos qui servaient de navettes, pour que les journalistes puissent se rendre rapidement d'un hall à l'autre sur le parc des expositions.
Des BMW i3 faisaient la même chose, et nous eûmes ainsi l'occasion de vérifier que son habitabilité arrière était tout à fait satisfaisante. L'autonomie aussi, était acceptable, puisque sur ces parcours qui n'excédaient jamais les quelques centaines de mètres, avec toujours de franches accélérations, elle était juste en dessous des 100 km. Dans le même exercice, une Mercedes S 500 V8 biturbo demandait 20 l/100 km. La version hybride doit aussurément être nettement plus avantageuse, tout comme la Porsche Panamera, mais si le hasard nous fit croiser un taxi Panamera, c'était un diesel. On notait enfin qu'une fois de plus, un salon de l'auto était un moment festif, d'autant plus que les constructeurs voient aujourd'hui qu'ils devraient presque tous respecter les objectifs d'émission de 130 g/km de CO2 de l'Union Européenne. Alors en Allemagne au moins, l'optimisme était la norme.



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