Bolloré et Renault vont-ils nuire à la voiture électrique ?

La Renault Zoé est plutôt une bonne voiture. Elle est mignonne et bien construite, mais cela ne suffit pas. Si l'on se réfère aux capacités initiales de production que Renault avait avancé en 2011, la Zoé est à moins de un dixième de ses objectifs. Il y a pourtant une voiture qui se vend encore plus mal, que quasiment aucun particulier n'achète, c'est la Bolloré Bluecar. La voiture d'Autolib est en effet disponible à l'achat, à tous. Mais quand on voit l'état de certaines autos du parc Autolib, des voitures d'à peine un an qui en paraissent déjà dix, avec des panneaux de carrosserie entre lesquels on peut mettre un doigt, ceci n'incite guère le particulier à investir... Une nouvelle intéressante est alors que Bolloré, qui sous-traite aujourd'hui la fabrication des Bluecar à un prestataire italien, va désormais confier cette tâche à Renault. C'est le site de Dieppe qui a été retenu pour assurer cette production, et c'est une petite surprise, car on le croyait dédié au renouveau de la marque Alpine. Il sera en fait partagé avec Alpine...

Renault et Bolloré seront donc associés autour de la voiture emblématique de l'auto-partage, et cette collaboration va bien au-delà de la simple production. Les deux groupes vont en effet créer une joint-venture (détenue à 70 % par Bolloré, et 30 % à Renault) dans le but de commercialiser des solutions complètes d'auto-partage. Pour illustrer cela, des Renault Zoé ou Twizy, seront progressivement ajoutés aux flottes existantes des réseaux Bluely (à Lyon), et Bluecub (à Bordeaux). Il faudrait là aussi voir cela comme une bonne nouvelle, mais c'est plus difficile. Le tort de cette collaboration en effet, est qu'elle va encore renforcer l'association entre voiture électrique et autopartage. Il ne faut pas que les gens pensent que la voiture électrique est celle des petits déplacements urbains typiquement liés à l'autopartage, tandis que pour la route, il faut une vraie voiture, essence ou diesel... Le pire enfin, est que Renault va conceptualiser, et étudier l'industrialisation, de ce que pourrait être une future Bluecar.

Une 3 places avec une batterie lithium metal polymère (LMP, la technologie propriétaire de Bolloré), de 20 kWh. C'est là un vrai drame, puisque Bolloré est un fabricant de paniers percés. Si Vincent Bolloré fabriquait des tuyaux, il ferait des tuyaux qui fuient. Une Bolloré Bluecar est une électrique dont la batterie s'auto-décharge en 48 heures quand elle est débranchée. C'est pour cela que l'autolib est une catastrophe écologique, avec des autos qui consomment des mégawatts-heures chaque jour, non pour déplacer des parisiens, mais simplement pour conserver les batteries à leur température de fonctionnement qui est élevée. Pendant ce temps-là, Tesla Motors a dévelopé un mode de mise en veille prolongée, pour qu'il soit possible de laisser une Model S au parking un trimestre sans endommager sa batterie, ni la vider. Le fabricant LG Chem dit que ses batteries ont la même performance, et les batteries LMP de Bolloré deviennent la risée du monde. Carlos Ghosn les fait entrer chez Renault par la grande porte. Et quand tout le monde attend la montée en puissance de l'électrique, avec des batteries de nouvelles générations pour offrir plus d'autonomie, il n'est question ici que d'une batterie d'une capacité de 20 kWh. Soit moins qu'une Zoé. Fin du progrès. Bolloré avec Renault, c'est la régression en marche.



Nos illustrations montrent Vincent Bolloré (patron du groupe qui porte son nom), à gauche, et Carlos Ghosn (CEO de l'alliance Renault-Nissan), à droite.



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