Mitsubishi Outlander PHEV hybride rechargeable - Essai détaillé
Ses points forts
Plaisir du tout chemin silencieux
Agrément de l'électrique sur petit trajet
Vrai 4x4
Voiture spacieuse
Charge batterie contrôlable
Système hybride très sophistiqué
Qualité de construction
Apte à tracter 1500 kg |
Ses points faibles
Aptitude limitée au franchissement
Autonomie électrique un peu juste
Réservoir d'essence trop petit
Finition pas vraiment en rapport avec le prix
GPS/ordinateur de bord lent et complexe
AFL trop bruyant |
Historique et présentation
Essai réalisé du 2 au 5 mai 2014.
672 km parcourus.
Nous en sommes en face d'un gros véhicule familial. La face avant est carrée, on est assis à bord plus haut que dans une routière standard, et au volant, si on regarde derrière soi, il y a un grand volume avant la lunette. On comprend d'emblée que l'Outlander ne sera pas la voiture idéale pour la ville, mais que pour les longs voyages par contre, voilà un engin avec lequel on aura plaisir à partir en vacances. La banquette arrière est réellement utilisable par 3 personnes, et l'espace pour les bagages ne manque pas. On signale d'ailleurs qu'il existe aussi une variante 7 places de l'Outlander, mais qu'elle n'existe pas dans cette version hybride, puisque ses batteries occupent l'espace où la banquette se replie.
Le client a en effet le choix. Diesel 7 places ou hybride essence rechargeable. C'est un choix unique sur le marché, mais l'Outlander PHEV est un véhicule unique à tous les niveaux. C'est en effet un 4x4 permanent, et de tous les autres 4x4 permanents du marché, aucun n'est hybride (le Lexus RX n'est pas un 4x4 permanent), et encore moins rechargeable. Pour Mitsubishi qui est un grand spécialiste du 4x4, et un pionnier de l'électrique avec l'i-MiEV, c'est l'enfant qui mélange les genres. Un regret pourtant, l'esthétique somme toute banale. Notre Outlander d'essai était plutôt sympathique à regarder grâce à sa peinture et ses feux rouges blancs, mais il lui manquait l'originalité d'un Pajero. En gris, l'Outlander serait totalement invisible dans le traffic.
La technologie
On n'a pas fait les choses à moitié chez Mitsubishi. Une voiture hybride associe un moteur essence avec un électrique, mais sur l'Outlander, il n'y a pas moins de 3 moteurs électriques ! Il y a d'abord un moteur électrique de 60 kW (82 ch) sur chaque train, fournissant 137 Nm de couple à l'avant, et 190 Nm à l'arrière, sans aucun arbre de transmission. C'est dire qu'il s'agit d'un vrai 4x4 électrique, quant au moteur essence, c'est un troisième moteur électrique qui transforme son énergie mécanique en électrique. C'est de l'architecture lourde, avec un gros investissement derrière, et cela témoigne assurément d'une vaste ambition. Un tel groupe propulseur ne peut être dédié à un seul modèle. On devrait le voir aussi sur le Pajero, et pourquoi pas aussi sur une auto de PSA. Le moteur essence est lui un 4 cylindres de 2 litres, il délivre la puissance modeste de 121 ch, mais son couple est plus intéressant, à 190 Nm.
Comme dans toute vraie hybride, le moteur essence vit sa propre vie. Parfois il tourne, parfois il ne tourne pas, parfois il transmet sa puissance à un générateur, parfois il l'envoie aux roues. C'est un ordinateur central qui commande tout cela, mais caractéristique unique, le conducteur a lui aussi la main. Il a en effet le contrôle du niveau de la charge de la batterie de 12 kWh. Le conducteur souhaite t-il maintenir le niveau de charge à son niveau actuel ? Il le peut, il y a un bouton pour cela. Le conducteur veut-il recharger la batterie qui est déchargée ? Il le peut aussi, il y a un bouton pour cela. Bien sûr, on évitera ce dernier possible, parce que cela aboutit à consommer beaucoup en exigeant du moteur essence un double rôle : propulser l'auto, et recharger la batterie. Nous n'avons pas essayé, mais il est possible de recharger entièrement la batterie en laissant l'auto tourner au ralenti pendant une heure.
Laissé libre à lui-même avec la batterie chargée, l'Outlander PHEV démarre en mode électrique, et il y reste jusqu'à décharger entièrement sa batterie. Ou plus précisément, jusqu'à ne plus permettre qu'un fonctionnement hybride classique, façon Prius. Comme cette Toyota, la Mitsubishi est selon le besoin un hybride série, où le moteur essence recharge la batterie, ou un hybride paralléle, où la puissance de l'essence vient s'ajouter à celle de l'électrique. Ce mode hybride parallèle est activé automatiquement au-delà de 120 km/h, mais nous avons constaté qu'à 130 km/h, la batterie continuait à se décharger, rapidement même à cette allure. Cette batterie se recharge au choix, de manière lente sur une prise domestique (230V 10A) en 5 heures, mais l'auto possède aussi en standard un port Chademo pour recharger en 30 minutes. Il y a un peu plus de 1000 de ces bornes en Europe, c'est encore bien trop peu, mais cela mérite déjà qu'on s'y intéresse.
Nous tenons à souligner que le chargeur lent (recharge sur une prise domestique) entre vite en action. Nous avons en effet rechargé cette Mitsubishi sur la même prise où nous avions naguère branché une Chevrolet Volt. Quand avec la Volt, il fallait attendre presqu'une minute pour que la charge commence, avec les témoins qui clignotent, et l'auto qui bippe, la Mitsubishi s'initialise et commence à charger en 10 secondes. On y voit l'expérience de l'i-MiEV. Bon point encore pour la regénération d'énergie au freinage, qui est réglable à l'aide du levier de vitesses, ainsi que des palettes derrière le volant. A la limite, le système est un peu too much, puisqu'il propose pas moins de 6 degrés de regénération, de B0 à B5. Très franchement, il n'y en aurait que 4, uniquement commandés par le levier de vitesses, et sans palettes, ce serait bien suffisant.
Intérieur et équipement
Notre voiture d'essai avait la finition supérieure, et son équipement était très généreux, mais son prix était franchement élevé à plus de 50 000 €. Nous avons pourtant apprécié le hayon à fermeture électrique, et le freinage automatique s'il y a une voiture lente devant quand on roule avec le contrôleur de vitesse. Bravo ensuite pour l'air conditionné très puissant. Ce ne doit pas être une climatisation européenne, mais plutôt une africaine selon nous. Au rayon des défauts, l'avertisseur de franchissement de ligne est trop bruyant, tandis que le combiné GPS/ordinateur de bord cumule les défauts. Non seulement, il est peu ergonomique, mais ensuite sa puissance de calcul est insuffisante. Il est trop long pour recaculer un itinéraire.
L'habitabilité est excellente à toutes les places, et si la carrosserie haute aboutit à une forte surface frontale, elle est appréciable à bord. Enfin une voiture où un homme de 1,90 m a de la place pour la tête à l'arrière ! Comme la plupart des voitures modernes, il n'y a pas de roue de secours, et d'habitude on ne s'en plaint pas, mais c'est plus gênant ici sur un tout chemin. On regrettera aussi encore une fois les parechocs peints. Les 4x4 ne sont plus ce qu'ils étaient... Dernier point, la finition qui n'a rien d'extraordinaire au vu du tarif. On conseillera alors d'acquérir ce Mitsubishi en version de base, à moins de 40 000 € avec le bonus déduit.
Performances et tenue de route
Nous sommes dans un engin gros et lourd. On a toujours cela à l'essprit. Les spécialistes allemands font des gros SUVs qui se conduisent comme des vélos, mais ce n'est pas le cas ici. A la décharge du Mitsubishi, il est moins cher ! Avec une batterie habilement positionnée au centre du chassis, le centre de gravité reste cependant à une hauteur raisonnable, et le comportement routier est globalement sain. Le couple de l'électrique donne aussi un agréable sentiment de force tranquille et immédiate en ville, mais la puissance n'est pas extraordinaire. Une Opel Ampera est plus nerveuse. L'Outlander a heureusement pour lui une capacité unique, et nous ne sommes pas privés d'y goûter.
Le tout-terrain, c'est cool. Les écologistes disent toujours du mal des 4x4, et c'est vrai qu'il n'y a rien de plus idiot que de voir un 4x4 sur les Champs Elysées, mais rouler au milieu d'une forêt, faire un safari, font partie des grands plaisirs de l'existence. C'est bien sûr encore plus formidable à pied, mais on ne se déplace alors que lentement, et sur de courtes distances. Quant aux 4x4, avant cet Outlander, ils avaient tous un défaut. Le bruit de leur diesel. Et parfois aussi l'odeur. Alors certes, l'Outlander n'est pas un franchisseur. Nous ne sommes que dans un tout chemin, mais nous avons parcouru à son bord 20 km dans la forêt, dans un silence parfait, bien assis, en mangeant des Chamonix orange et en buvant du Yop, ce fut un moment formidable.
Nous conseillons l'expérience à tous. C'est thérapeutique. Un moment de blues ? Une virée silencieuse en forêt vous guérira. Le Mitsubishi Outlander PHEV est le seul véhicule au monde à permettre cela, et ce sera la meilleure raison pour justifier son achat. A côté de cela, la propulsion électrique est toujours aussi agréable en ville, et l'auto est toujours confortable. Les mouvements de caisse sont un peu trop prononcé dans les courbes, et si le véhicule pourrait être mieux un peu mieux insonorisé à haute vitesse, il est remarquablement silencieux jusqu'à 90/100 km/h. Avec ou sans le moteur essence en action. La plupart du temps, on ne l'entend pas démarrer, et ce n'est qu'à 130 km/h qu'il se rappelle aux occupants. Mais c'est vrai que ce moteur est monté de manière originale, puisqu'il n'y a pas de boite de vitesses. La puissance du moteur essence est transmise directement aux roues avants, avec une démultiplication qui est proche de celle d'un cinquième rapport sur une voiture courante. Autrement dit, on ne l'entend qu'à régime élevé, c'est-à-dire à vitesse élevée. Bravo enfin pour le freinage, dont le feeling est régulier. On ne sent pas la dualité freinage hydraulique/freinage regénératif.
Consommation, efficacité énergétique
Il est toujours délicat de mesurer la consommation d'une hybride rechargeable, puisque tout dépend de la fréquence à laquelle on recharge. Nous avons alors cherché à obtenir des valeurs mini maxi. La valeur minimale étant facile à trouver, puisqu'elle est de zéro. En roulant tranquillement en ville et sur des petites routes, nous avons parcouru 39 km sur la seule batterie. En roulant à un rythme plus soutenu, et avec la climatisation, cela tombe vite à 30 km, mais c'est probablement. Et sur un chemin, à 10/15 km/h, on doit pouvoir faire plus de 50 km. La batterie complètement déchargée, nous sommes allés sur l'autoroute, et là, nous avons mesuré une consommation de 9,1 l/100 km. Cela correspondra à la consommation maximale, telle qu'on peut l'expérimenter en France, aux allures légales. Un diesel aurait été un peu plus sobre, mais un essence boite automatique aurait demandé bien plus.
La mission est donc remplie. Ce Mitsubishi offre une autonomie électrique suffisante pour le quotidien de la majorité, tandis que sur les longs trajets, sa consommation est basse eu égard à ses prestations. On aurait pourtant aimé plus d'autonomie. Avec son réservoir de 45 litres, on peut à peine faire 500 km d'autoroute. C'est clairement insuffisant pour un véhicule dont tout indique par ailleurs qu'il est taillé pour les grands voyages. Nous aurions certes également apprécié une batterie de plus grande capacité, mais c'est la petitesse du réservoir d'essence qui est le plus gros défaut.
Conclusion
Ce Mitsubishi est aussi convaincant par sa construction. Pour réduire le poids, on voit de plus en plus d'autos avec des pièces de carrosserie en plastique, mais il suffit de manier l'une des grandes portières de l'Outlander pour comprendre qu'il n'est pas de ce genre. Voilà un véhicule solide, et son architecture hybride est un modèle pour les autres constructeurs. Quand en plus, il offre des prestations uniques, c'est valable. On souhaite alors que Mitsubishi poursuive dans cette voie, en sortant un vrai franchisseur électrique. Ce sera sans doute le prochain Pajero, et en l'attendant, cet Outlander offre un package déjà bien tentant, entre le quotidien tout électrifié et la ballade dominicale silencieuse pour s'oxygéner les poumons.
Laurent J. Masson
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