Le marché de la voiture électrique n'est pas homogène. D'un côté, il y a les Renault, Nissan, BMW, Ford et Volkswagen, toutes avec une autonomie inférieure à 200 km, et d'un autre, il y a Tesla, dont la Model S 85 (ci-contre) peut parcourir 500 km entre 2 recharges. Le mouton noir, ou le premier de la classe. Dans tous les cas, la Tesla Model S énerve beaucoup de monde, notamment chez les constructeurs allemands, réputés pour leur excellence technologique. Parce qu'il est ennuyeux pour une marque premium allemande de constater les performances routières désormais bien documentées de la Tesla Model S, et son indéniable succès commercial, sans rien avoir d'approchant, même de loin (!), dans sa gamme.
Il faut réagir, et des ingénieurs s'y activent. On en a eu un premier écho début janvier, avec le magazine allemand Auto Bild qui faisait sa une avec le projet d'une Audi électrique qui aurait 700 km d'autonomie (ci-dessous). L'article donnait malheureusement bien peu de détails sur ce projet encore très loin d'être à maturité, mais 700 km est un chiffre qui fait rêver. On y lisait simplement que cette auto serait dérivée d'une future Q8, et qu'elle aurait une monocoque en aluminium, comme l'A8. Un peu après, nous entendions une nouvelle confirmation que la R8 e-tron aurait reçu son visa pour la production, et que son autonomie aurait été doublée, passant de 200 à 400 km.
Cette R8 électrique sera bâtie sur la même plateforme que la toute récente Lamborghini Huracan (ci-dessus), on en reparlera prochainement, et Porsche enfin, dont on se souvient du prototype Boxster E il y a 3 ans (ci-contre), a le mois dernier réitéré son projet d'une sportive électrique par la voix de son dirigeant dans le cadre d'une interview à Auto Motor und Sport, mais à la condition qu'elle possède une autonomie d'au moins 300 km, et même plutôt 400 km. Il apparait donc que si Volkswagen lance en ce moment des électriques conventionnelles, la e-up! et la e-Golf (ci-dessous), le groupe voit déjà plus loin, et qu'il a déjà dans ses cartons une technologie batterie bien supérieure à celle de ses premières voitures de série.
Et tout le monde de s'interroger : qu'elle est-elle ? S'agit-il de petites batteries d'ordinateurs comme Tesla s'en est fait le spécialiste ? Il semblerait que non. Volkswagen voit en effet plus loin, et comme Toyota, il travaille sur les batteries lithium-air. C'est là qu'il a trouvé quelque chose. Seul. C'est une technologie Volkswagen, et non acquise chez un tiers. Le lithium-air fait parler de lui depuis quelques années déjà, c'est une technologie de rupture. Cela dans le sens où, par rapport au lithium-ion, les caractéristiques courantes, densité énergétique et volumique, sont plus que doublées. Certains disent même triplées... L'autonomie évoluerait dans les mêmes proportions. On ne sait où en est Volkswagen précisément, à priori il ne faut pas compter voir cela sur une auto de série avant au moins 3 ans, mais le premier constructeur à parvenir à maitriser le lithium-air aura un avantage énorme sur ses concurrents, qui seront du jour au lendemain relégués aux seconds rôles.
Ce leader pourrait-il être Volkswagen ? On ne peut encore l'affirmer, mais ce que tout le monde peut voir est que Volkswagen a du budget, que ses moyens en R&D sont énormes, idem ses outils de production. Quant au savoir-faire, pour organiser la production en grande série d'une technologie nouvelle, Volkswagen n'a de leçons à recevoir de personne. Alors sera t-il le leader du lithium-air ? Rien ne permet encore de l'affirmer, mais c'est parce qu'on ignore où en sont les autres. Alors que Volkswagen a mis les bouchées doubles, et que les fuites se multiplient pour prouver l'état d'avancement de ses recherches.