L'avenir du moteur diesel, faits et prévisions
Suite au scandale des diesels de Volkswagen, où le constructeur allemand a reconnu avoir triché aux tests officiels de mesure des émissions toxiques de ses autos, l'invention de Rudolf Diesel est vilipendé partout dans le monde. Le trouble a pourtant cessé. La production des voitures avec le logiciel tricheur est arrêtée, et les nouveaux modèles sont aux nouvelles normes. Mais il en faudrait plus que cela pour faire taire les nombreux adversaires du diesel. Ce scandale les a nourri pour plusieurs années. On voit cependant que la première chose qui ne va pas, est la méthodologie des tests de mesure. Comment est-il possible que Volkswagen ait pu tromper ces tests, sur plusieurs modèles, de plusieurs marques, pendant plusieurs années, et dans plusieurs pays ? Surtout quand il suffit de
mettre l'auto sur un banc pour constater une anomalie.
Une nouvelle méthode devait entrer en vigueur en 2017, gageons que le scandale Volkswagen permettra d'accélèrer sa mise en place, même si on sait que l'appareil législatif européen est lent. Un grand pas en avant aura alors été accompli, et ce n'est qu'après qu'on pourra réfléchir au devenir du diesel. Mais certains n'hésitent pas à brûler cette étape, en partant du fait que les gens achètent de moins en moins de voitures diesel.
Les automobilistes n'ont pas désavoué le diesel
En France, les voitures diesel ont représenté 58 % des voitures neuves en septembre 2015, alors qu'elles étaient à 72 % en 2012. Le marché a changé, l'offre également. Il y a quelques années, des autos comme les Citroën C1, Nissan Micra, Peugeot 108, Renault Twingo, Smart Fortwo, Toyota Aygo proposaient le choix entre essence et diesel. Aujourd'hui, ces autos n'existent plus qu'en motorisation essence. Et les nouveaux petits modèles, Opel Karl, Seat Mii, Skoda Citigo, Volkswagen up! n'offrent pas plus de choix. Mais ceci ne permet pas d'affirmer la victoire du moteur essence, ni même un désaveu du diesel. On assiste plutôt à la réaffectation d'une technologie à l'usage où elle est la plus pertinente. Avec un taux de compression du mélange air-carburant très élevé, le moteur diesel a toujours été plus gros et plus lourd qu'un essence de même puissance. La situation actuelle est l'amplification de ce phénomène, du fait des normes antipollution plus strictes, qui exigent des dispositifs de traitement post-combustion plus volumineux, et plus chers.
Il y aura de moins en moins de petites voitures à moteur diesel, et c'est bien. Sur une petite auto qui ne fait que 500 km par mois, entre le domicile, le travail et le supermarché, le moteur diesel n'a jamais été le plus approprié. Mais sur tous les modèles appelés à faire de la route, Peugeot 508, Renault Espace ou Nissan Qashqai, le diesel continue à dominer très largement. Pas seulement en France, mais dans toute l'Europe. On notera pourtant que Volkswagen a arrêté ses V10 et V12 TDI (nos illustrations), mais il a annoncé un diesel sur le nouveau Bentley Bentayga. Sera t-il maintenu ? Le vrai changement émanant des automobilistes, est au niveau des compactes. Sur les Citroën C4, Peugeot 308 et Renault Megane, entre 2014 et 2015, la part des ventes réalisée avec des moteurs essence est en hausse de plus de 15 %. Mais ce mouvement n'est pas général, puisque chez Ford, sur la Focus, les derniers chiffres montrent une légère hausse du diesel. Il est difficile (coûteux, en fait) d'avoir des chiffres par modèle, mais il semblerait que les acheteurs de voitures essence soient sensibles à la nouveauté. Les ventes font un bond quand un constructeur sort un nouveau moteur essence, mais cela retombe un peu ensuite. Tout pourrait cependant changer, puisque le gouvernement projette de modifier sa politique fiscale vis-à-vis du diesel.
Le gouvernement peut-il réduire la place du diesel ?
Ce n'est encore qu'un projet, le
gouvernement a proposé de réduire largement l'écart de taxe entre l'essence et le gazole. Mais ce ne serait pas concrétisé avant l'année prochaine, et la hausse serait étalée sur 5 ans. Ce qui donnerait à un autre gouvernement la possibilité d'y revenir. On se gardera donc de voir la chose comme si elle était faite.
MoteurNature appelle depuis plus de 10 ans à une imposition unique sur tous les hydrocabures fossiles (essence, fioul domestique, gazole, GPL, etc...), par exemple rapportée à l'énergie (genre, 5 centimes le kWh), on en est encore loin. Sans oublier que la fiscalité a de multiples facettes.
Les professionnels peuvent récupérer la TVA sur le gazole, ils ne le peuvent sur l'essence, pourquoi ? Le prix des cartes grises est lui aussi une belle escroquerie. Le travail d'édition du document est le même pour tous les véhicules, mais le coût d'une carte grise varie, et c'est moins cher avec une voiture diesel. Le bonus-malus, enfin. Dès qu'une auto est un peu grosse ou haut de gamme, Audi Q3, BMW X4, Mazda CX-5, Toyota RAV4, la version essence est affublée d'un malus de 2200 €. La nouvelle Jaguar XE ? Une belle auto, mais 3000 € de malus sur la version essence ! Comment blâmer ceux qui achètent diesel ? Le gouvernement a beaucoup à faire s'il entend arrêter de favoriser les voitures roulant au gazole... D'autant plus que les qualités intrinsèques du diesel sont intactes.
Le pourquoi du succès du diesel
Car si on va au fond des choses, et qu'on se demande pourquoi tant de gens achètent des voitures diesel, la réponse n'a pas changé depuis les années 1970.
Parce que cela consomme moins. Sur une voiture moyenne d'aujourd'hui comme la Citroën C4, le diesel use 1,5 litres de moins aux 100 km. Cela ne parait peut-être pas essentiel avec le pétrole à 50 $ le barril, mais cela redeviendra très important quand le barril remontera au-delà des 100 $. L'économie est de 150 litres sur 10 000 km. Et si 10 millions d'automobilistes roulent 10 000 km par an avec un diesel, cela fait une économie de 1 milliard et demi de litres de carburant. Ce qui aura évité l'émission d'environ 37 500 tonnes de CO2. Avec quelques 18 millions d'automobilistes qui roulent en diesel en France, le gain est encore plus important que ces chiffres.
Alors quand des gens qui se disent écologistes voient le diesel comme une calamité, et souhaitent sa disparition,
MoteurNature remercie les automobilistes qui ont fait le choix du diesel. Même si le prix à payer est énorme avec des émissions toxiques plus élevées. Le choix entre la lutte contre les changements climatiques, ou en faveur d'un air moins pollué est horrible. Il y a heureusement 2 échappatoires. Un institut norvégien a récemment testé différents véhicules répondant à la dernière norme antipollution Euro 6. Il a eu la surprise de constater qu'un autobus rejetait 3 fois moins d'oxydes d'azote (les fameux NOx) que la moyenne des voitures particulières testées (plus d'infos sur
notre forum). Il serait bien sûr difficile de loger un moteur d'autobus dans une auto, mais cet exemple montre que si le diesel actuel est déjà considérablement plus propre que naguère, il peut encore progresser. Il y a enfin l'option des technologies de remplacement.
Les technologies pour remplacer le diesel
Pour certaines personnes, la
voiture électrique peut d'ores et déjà remplacer le diesel. Zéro émission, douce et silencieuse, la voiture électrique a beaucoup de qualités, mais avec une autonomie encore faible, et un temps de recharge qui empêche les grands voyages, la seule alternative au diesel est le
full-hybride. Dommage alors qu'il n'y ait que 2 constructeurs dans le monde à en construire.
Toyota, avec la Prius en fer de lance, et
Ford, avec sa
Mondeo. Toutes les autres hybrides du marché (disponibles en Europe) sont nettement inférieures. Il suffit de voir l'exemple de Honda. Ses hybrides n'étaient pas au niveau, peu de gens en achetaient, il a arrêté de les vendre. On souhaite ardemment que d'autres constructeurs proposent des hybrides avec la même efficacité (donc la même coûteuse architecture sophistiquée), que les hybrides Toyota ou Ford.
A plus long terme, considérant la règle du progrès qui dit qu'une nouvelle technologie ne peut supplanter celle qui domine une époque que si elle lui est supérieure, on ne voit que
la pile à combustible alimentée par de l'hydrogène, pour tenir la promesse d'une grande autonomie, avec un plein en seulement quelques minutes. Et en attendant ce futur qui fait rêver, la baisse de la part du marché du diesel va se poursuivre, mais parce que tout le monde n'a pas un grand souci de l'environnement, que personne n'attende un retournement brutal du marché. Surtout si l'économie s'en mêle, avec un pétrole qui remonterait, ou des taux d'intérêts en hausse qui renchériraient les investissements des constructeurs auto dans les nouvelles technologies.
Laurent J. Masson
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