Essence ou diesel, il est temps de faire la paix

En 2015, l'histoire se répète, la part du diesel dans les immatriculations de voitures neuves est une nouvelle fois en hausse. Aux Etats-Unis, au Japon (où il y a une prime du gouvernement pour acquérir une voiture diesel), en Inde, et en Corée du Sud. La France ne faisant jamais comme tout le monde, le diesel y est en baisse (part de marché de 58,2 % au premier semestre au lieu de 65,2 % en 2014), mais ce n'est pas dû à une baisse des qualités du moteur diesel. Comme sa progression des 3 dernières décennies, cette baisse soudaine est politique. Le premier ministre l'a dit sans prendre de gants : le choix du diesel était une erreur. Des paroles bien maladroites si on considère que sur les 40 dernières années, le choix d'une voiture diesel par un nombre croissant d'automobilistes français a évité l'émission de millions de tonnes de CO2. Chaque année.

Si ensuite on cherche qui a fait l'erreur, le doute n'est pas permis. Ce sont les politiques et non pas les constructeurs automobiles. Après les guerres du pétrole de 1973 et de 1979, tout ce qui permettait de réduire la consommation a été encouragé. Et sous la préseidence de François Mitterand, quand les constructeurs français ont fait le pari de développer le diesel en grand, ils se sont inquiétés du différentiel de taxe avec l'essence. Le gazole, traditionnellement le carburant des véhicules professionnels, allait-il rester moins taxé que l'essence, carburant des voitures particulières ? Le gouvernement leur a répondu qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter. Mais il y a plus grave.

Il s'agit encore d'une erreur politique, mais son origine n'est pas française, elle vient de Bruxelles. Quand on a commencé à se soucier de la pollution toxique contenue dans les gaz d'échappement, c'est le législateur européen qui a été mandaté pour établir une norme antipollution. Et il a fait là une erreur monumentale, puisqu'il n'a pas écrit une norme, unique, applicable à tous les véhicules, mais 2. Il y a une fiscalité différente pour l'essence et le gazole, on aurait alors aussi des normes pollution distinctes pour chaque carburant. La loi, c'est la loi, et la loi autorisait le plus légalement du monde, les voitures diesel à rejeter plus d'oxydes d'azote et de particules que les voitures essence.

Alors quand des gens aujourd'hui se plaignent de la pollution des vieux diesels, qu'ils sachent que les constructeurs sont innocents. Tous les responsables sont politiques... Heureusement, cette hérésie est en voie de disparition, puisque la dernière norme antipollution, Euro 6, a considérablement réduit les écarts entre les 2 carburants. On attend pour la prochaine décennie une norme antipollution unique, comme on attend une fiscalité unique. On rappellera à ce sujet que MoteurNature appelle à cela depuis 10 ans (nous avions commencé en demandant la suppression des avantages accordés au GPL).

Que le législateur ne fasse plus aucune distinction entre les différents carburants fossiles. Ce n'est malheureusement pas ce qu'il fait, puisque le gouvernement français a récemment encore accru les différences entre essence et gazole. Pour les futures classes de véhicules qui règlementeront à l'avenir les droits à circuler, les voitures Euro 6 essence ou diesel n'ont pas les mêmes droits. Alors que sur une voiture haut de gamme, par exemple une Mercedes classe S 6 cylindres, un conducteur moyen (comme le sont assurément les membres du gouvernement) n'est plus capable de faire la différence entre moteur essence et le diesel. On est toujours dans une logique de partialité, du diviser pour mieux règner.

Les automobilistes sont heureusement plus intelligents, et c'est comme cela que s'explique la hausse de diesel à l'étranger, et sa baisse en France. Au départ, il y a la physique, qui nous dit que de par son allumage par compression, un moteur diesel possède nécessairement un bloc plus gros et plus lourd, qu'un essence. Le diesel sera donc mieux adapté aux grosses voitures, et pas du tout aux motos. C'est ce qui explique son succès en Corée du Sud, où pour la première fois cette année, plus d'une voiture sur 2 (importée comme d'origine locale) a un moteur diesel. Dans ce pays de forte croissance économique, les gens ont des autos de plus en plus grosses, de plus en plus luxueuses et puissantes. Ce n'est pas la situation de l'hexagone, où les voitures de segment A (Citroën C1 ; Volkswagen up! ; toutes à moteur essence) et B (Peugeot 208 ; Renault Clio) prennent une part toujours croissante, et où la question du prix d'achat est cruciale. Plus précisément, la voiture la plus vendue en juillet 2015 en France était la Renault Clio, alors que c'était le gros Hyundai Santa Fe (ci-dessus) en Corée du Sud.

On pourra alors tout aussi bien se réjouir que s'attrister de l'évolution du marché français, mais le plus important selon nous est de faire la paix entre partisans de l'essence et du diesel. Ce débat est dépassé. Il doit céder la place à d'autres plus essentiels : consommation de carburants fossiles/consommation d'énergies renouvelables, ou voitures qui polluent/voitures zéro émission.




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