Renault Scenic TCe 160 - Essai détaillé - Retour gagnant pour l'essence du renouveau
Ses points forts
Moteur très souple
Moteur sobre et performant
Performances intéressantes |
Ses points faibles
Pédalier peu ergonomique
Air conditionné limité en puissance
Comportement trop familial |
Historique et présentation
C'est l'un des grands succès de Renault. Le Scenic a été lancé en 1996, 12 ans après l'Espace, et comme pour son grand frère, le succès a été immédiat. Seulement en plus grand. Les automobilistes ont tout de suite adhéré à l'idée du monospace compact, et Renault en est aujourd'hui à la quatrième génération. Pour plus de succès, le Scenic s'est dédoublé, il existe en version courte (avec 5 places) et longue (avec 7 places). C'est le court que nous avons essayé. Notre motivation était de découvrir le nouveau moteur turbo-essence de Renault. Une mécanique promise à un immense avenir, puisque dans différentes versions, on la retrouvera sur quasiment toutes les Renault, de la Clio à la Talisman, ainsi que sur les Mercedes à traction avant. Notre essai est celui de la meilleure version de ce moteur, le
TCe 160. Pour 160 ch.
La technologie
On l'écrira carrément, ce nouveau moteur est un petit moteur. 1330 cm3 et c'est tout. N'empêche qu'il sort 160 ch à 5500 tr/mn et 270 Nm de couple à 1800 tr/mn. C'est cette seconde valeur qui impressionne le plus, avec plus de 200 Nm/L. Il n'y a qu'une toute petite poignée de moteurs capable de l'atteindre. Mais on verra que les motoristes n'ont pas fait les choses à moitié. Ils sont partis d'une feuille blanche, et ils retenu tous les derniers raffinements de la technologie. Injection directe haute pression (250 bars), distribution entièrement variable à l'admission comme à l'échappement, et même un revêtement
Bore spray coating sur les cylindres pour réduire les frictions, et améliorer la conductivité thermique. Comme sur une Nissan GT-R, rien que cela !
La transmission de notre voiture d'essai est une mécanique à 6 rapports, mais une boite automatique EDC à double embrayage est également disponible, et d'après Renault, elle garantit de meilleures accélérations (pour des consommations quasi identiques). On signalera aussi que le Scenic est un monospace, comme tout le monde le sait, mais ce qu'on sait moins, est que cela change tout pour ce qui est de l'accessibilité mécanique. Il est même assez... Délirant, le mot n'est pas trop fort, d'ouvrir le capot étroit du Scenic est de voir que la base du parebrise est en avant du bloc moteur ! Ce moteur étant un développement important pour l'alliance Renault-Nissan, et parce qu'il a été conçu en partenariat avec Mercedes, il répond à des critères très élevés. On sera donc confiant, et peu de mécaniciens devraient se plaindre de la très mauvaise accessibilité mécanique.
Intérieur et équipement
Notre Scenic était très bien équipé, cela était imposé en fait. Le moteur TCe 160 étant le plus puissant disponible, on ne peut l'obtenir qu'avec les finitions supérieures. On ne s'en plaindra pas vraiment, mais nous aurons par contre une critique sérieuse à faire sur le pédalier. L'accélérateur n'est pas fixé au plancher, il est suspendu. Et si on s'asseoit dans la position attendue dans un monospace, c'est à dire avec le siège relevé, pour bien profiter de l'excellente garde au toit, on se retrouve avec la cheville du pied droit dans un angle peu confortable, parce que la pédale est suspendue trop en hauteur. Heureusement qu'il y a un régulateur de vitesse. Autre grief, parce que notre essai s'est déroulé une semaine particulièrement chaude, il nous fallu demander le maximum à la climatisation, et celle-ci n'a pas répondu à toutes nos attentes. Les changements climatiques vont sans doute exiger de nous que nous soyons plus résistants à la chaleur, mais il faudra aussi doter les véhicules de climatiseurs plus puissants, comme c'est déjà le cas sur les autos destinées au marché américain.
Côté habitabilité, le Scenic est une voiture haute, et toutes les places bénéficient d'une excellente garde au toit. Mais il est heureux qu'il existe une version longue, le
Grand Scenic, parce que l'espace pour ls jambes des passagers arrières n'est que moyen. On sera par contre satisfait du volume du coffre, qui est d'autant plus facilement exploitable que les dossiers des sièges arrières (2/3 ; 1/3) se replient facilement, et bien à plat pour peu que les passagers des places avants ne soient pas de trop grande taille. Bon point aussi pour la belle apparence du tissu des sièges, mais il est dommage qu'en dépit de la finition supérieure de notre modèle d'essai, Renault ait fait l'impasse sur la poignée de maintien au plafond pour le conducteur. Nous avons aussi noté qu'en sixième, le levier de vitesses masque la commande régulateur/limiteur de vitesse, et regretté qu'il n'y ait pas un bouton sur la console centrale pour afficher le GPS en un seul geste.
Performances et tenue de route
Le moteur enfin, le moteur d'abord. Les premières secondes sont rassurantes. Avec la mode du downsizing, on croise de plus en plus de tout petits moteurs, et notamment des 3 cylindres. Souvent ils grondent, et parfois même, ils vibrent. Rien de cela ici, ce 4 cylindres a de bonnes manières. Il est même remarquablement docile. C'était notre premier essai depuis l'instauration de la limitation de vitesse à 80 km/h, et avec la boite à 6 rapports, nous n'étions pas très optimistes. Mais nous fûmes surpris en bien ! Pas un à-coup, pas un hoquet, le Scenic roule tranquille à 80 km/h en sixième avec son moteur juste en dessous de la barre des 2000 tr/mn. Etonnant ! Bon, bien sûr, dans ces conditions, les reprises sont nulles. Il faut rétrograder un ou deux rapports pour relancer dignement la machine. Mais il faut vraiment souligner la formidable civilité de ce petit moteur. C'est une grande réussite, et c'est peut-être le meilleur de tous les moteurs Renault.
Car la souplesse n'est pas sa seule qualité. Si on appuie fort, cela avance mieux que nous l'attendions d'un monospace compact Renault. Aucun Scenic n'avait jamais été amusant à conduire, et celui-ci ne l'est pas encore. Les changements d'appui rapides ne mettent pas le conducteur en confiance. Les liaisons au sol mériteraient d'être améliorées, mais tel quel, au feu rouge ou pour doubler, ce Scenic offre un allant qui réjouit, et qui témoigne d'un réel progrès. On oublie souvent de considérer cela comme une qualité, parce qu'on attend généralement d'un nouveau modèle qu'il soit simplement plus sobre, ou mieux équipé que l'ancien, mais un surcroît de puissance constitue aussi une amélioration. Et susbtantielle ! Notre seul regret d'ailleurs, est que ce moteur ne soit pas standard, et que tous les clients du Scenic ne puissent en profiter. Ils le devraient ! On pense enfin que renault pourrait réfléchir à une version
GT (mais pas
RS) de son Scenic. Avec ce moteur TCe 160, il ne faudrait que des trains roulants plus affûtés pour en faire un monospace réellement attachant.
Consommation, efficacité énergétique
C'était la plus grande question. Parce que si un moteur essence est souvent agréable, il est aussi souvent gourmand. Et on se méfie tout particulièrement de ces nouveaux petits moteurs downsizés. Oui, ils savent consommer peu lors des mesures officielles, mais ils s'en éloignent vite dans la vie réelle... Avec la limitation de vitesse à 80 km/h, nous eûmes l'occasion de mesurer la consommation mini-minimale. Après une vingtaine de km, à l'ordinateur de bord, nous avons lu 4,7 l/100 km. Ce n'était guère scientifique, ni même professionnel, mais s'astreindre à rouler à 80 km/h n'est vraiment pas drôle, et on parie que personne ne le fera. Désormais pour tout parcours de plus de 100 km en France, il n'y a plus que l'autoroute. Et tant pis si cela demande un détour qui fait rouler plus...
Nous effectuâmes aussi un test de consommation en conduite sportive. En profitant de la vigueur inattendue de ce Scenic, en accélérant fort, et en ne passant pas trop vite les rapports supérieurs, nous avons mesuré 8,7 l/100 km, ce qui nous semble absolument excellent. Nous aurions pensé consommer plus de 10 l/100 km dans ces conditions. Enfin, en conduite urbaine normale, on peut tabler sur une moyenne de 6,5 l/100 km, ce qui est très bon au vu de l'habitabilité et de la puissance disponible. On se rapprochera un peu plus des 7 l/100 km sur l'autoroute, à 130 km/h stabilisés, ce qui reste dans le très raisonnable. Le bilan consommation est donc flatteur.
Conclusion
Plus que le Scenic, notre objectif était de tester un moteur. Notre conclusion est d'abord que le Scenic ne nous a pas trop convaincu. Oui, il est sympathique avec ses grandes roues de 20 pouces, mais un break Megane, moins cher et avec quasiment le même volume de coffre, est à nos yeux un meilleur choix. Ce moteur TCe 160 nous a par contre pleinement satisfait. Souple, puissant, sobre, il coche toutes les bonnes cases, et on peut féliciter les motoristes de Renault. Car ce moteur permet de repositionner l'essence face au diesel. Cela compte sur un monospace, où même compact, c'était traditionnellement le diesel qui s'imposait. On ne peut nier que le diesel consomme moins, mais l'écart est ici bien réduit, et pour son agrément supérieur, avec ce TCe 160,
l'essence est dans le coup.
Laurent J. Masson
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